Archives de catégorie : Thème imposé

Les nouvelles aventures de William Shakespeare (9)

Avertissement : les faits relatés ci-dessous sont terribles ! Ils ont été découverts avant-hier grâce à la restauration de la main-courante du commissariat du 1er arrondissement de Paris (quartier Louvre) qui avait été endommagée, irrémédiablement croyait-on, lors de la crue catastrophique de la Seine en 1910. A cette heure, seuls les milieux bien informés sont au courant, mais ça, c’est pas vous. Le Quai d’Orsay tergiverse à rendre publique la nouvelle, le Président est rentré précipitamment de vacances, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen lui reprochent de ne pas avoir déjà fermé le tunnel sous la Manche tandis que François Hollande danse d’un pied sur l’autre en pesant le pour et le contre et que l’ambassade du Royaume Uni bredouille un lamentable démenti. C’est terrible ! Alors, veuillez considérer tout cela comme strictement confidentiel. Voici :

William Shakespeare était en retard. Il avait raté le bateau du matin pour Calais et avait dû attendre jusqu’au soir pour prendre place dans le suivant. Arrivé au Royaume de France, il avait eu beaucoup de mal à franchir la douane, les soldats du Roi le prenant pour un espion espagnol. La médiocre qualité de son français et cette manière si particulière qu’il avait de s’exprimer, presque uniquement en pentamètres iambiques, avaient rendu confuses ses explications. Il avait beau jurer qu’il était l’envoyé de la Reine Elisabeth 1ère d’Angleterre auprès d’Henri IV, les gardes-chiourme du port ne voulaient rien savoir.

—Mais listen, you morons, disait Shakespeare, je souis l’envouayé de Elisabeth, the Queen, mon Queen, vous savez, le Virgin Queen ! Comment vous dites déjà ? Ah oui, le Reine Vierge…

A ces mots, les gardes-frontière s’étaient esclaffés grassement et avaient fini par laisser passer William avec de grandes claques dans le dos.

Le reste du voyage jusqu’à Paris se passa sans encombre, ce qui n’empêcha pas le visiteur d’être très en retard quand il se présenta aux guichets du Louvre. Mais Shakespeare avait appris sa leçon : aux gardes royaux qui lui barraient le passage, il déclara tout net :

­—Je dois voir le Roi tout de souite, je souis retard. Je souis l’envouayé de Reine Vierge !

Les gardes le laissèrent passer en riant encore plus fort que leurs collègues du Nord. L’esprit parisien sans doute.

C’est accompagné par une garde royale bruyante et rigolarde qu’il parvint jusque devant Henri IV.

—Que se passe-t-il ? demanda le Roi au lieutenant. Continuer la lecture de Les nouvelles aventures de William Shakespeare (9)

L’Univers, ses lois ses principes et autres âneries (4)

Le principe de Peter

Tout le monde connait ou a entendu parler du principe d’Archimède. Semblable à l’éléphant de Vialatte, il est irréfutable.

Mais d’abord, qu’est-ce qu’un principe ?

—Eh bien, cela peut être une proposition fondamentale, une hypothèse de base sur laquelle reposera toute une organisation, scientifique, sociétale ou philosophique, ou bien une règle définissant une manière d’agir, ou bien un élément constitutif de quelque chose, ou encore…

—Faudrait s’entendre alors ! C’est quoi, finalement ?

—Pour Archimède, c’était la règle scientifique selon laquelle quand on plonge un corps dans l’eau, il reçoit une poussée verticale dirigée de bas en haut égale au poids du volume d’eau déplacé. Peu compréhensible et sans application pratique, on le voit bien. Pour Pierre Desproges, Continuer la lecture de L’Univers, ses lois ses principes et autres âneries (4)

L’Univers, ses lois, ses principes et autres âneries (3)

temps de lecture : deux minutes 

Je sais, je sais : cet article a déjà été publié le 14 octobre dernier. C’était une erreur. Comme quoi, le Journal des Coutheillas est soumis, comme le reste de l’Univers, à la Loi de Murphy.

Désolé, mais pour cette troisième leçon, il n’y aura aucune autre création littéraire que l’accumulation de formulations diverses de cette loi universelle, plus pesante que la loi  de la gravitation, plus puissante que la loi du plus fort, plus couteuse que la loi du marché, plus dangereuse que la loi de la jungle et plus hasardeuse que la loi des grands nombres, je veux parler de la loi de Murphy, loi selon laquelle toute entreprise humaine est vouée au mieux au ratage, au pire à la catastrophe.  

Je dois dire qu’après avoir examiné toutes ces formulations, c’est la dixième et dernière que je préfère.

La loi de Murphy (et quelques dérivées)
Edward A.Murphy ­—1918-1990— ingénieur en aérospatiale américain

Première formulation
S’il existe au moins deux façons de faire quelque chose et qu’au moins l’une de ces façons peut entraîner une catastrophe, il se trouvera forcément quelqu’un quelque part pour emprunter cette voie.

Deuxième formulation
Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera nécessairement mal.

Troisième formulation
Le pire est toujours certain.

Quatrième formulation
S’il y a la moindre possibilité pour que ça rate, ça ratera ; s’il n’y en a aucune, ça ratera quand même. (1)

Cinquième formulation
Une tartine beurrée tombe toujours sur le côté beurré (2)

Sixième formulation
La perversité de l’univers tend vers un maximum (3)

Septième formulation
A la fin, tout tourne mal ; si ça semble s’arranger, c’est que ce n’est pas encore la fin.

Huitième formulation
D’abord les ennuis s’additionnent, ensuite ils se multiplient. (4)

Neuvième formulation
L’erreur est humaine, mais pour provoquer une vraie catastrophe, il faut un ordinateur. (5)

Dixième formulation
Murphy était un optimiste (6)

Et maintenant, essayez de passer une bonne journée !

Notes

  • 1—Loi de Finagle
  • 2—Loi de la tartine beurrée
  • 3—Corollaire de O’Tool
  • 4—Loi de Deniau
  • 5—Loi de Turnaucka
  • 6—Commentaire de O’Tool

Post it n°19 – Procrastination

Ranger, arranger, mettre à jour, rectifier, modifier, classer, relire un texte inachevé, ajouter une idée, retrancher un mot, le remettre, passer à autre chose, répondre longuement à un commentaire, piocher un aphorisme dans une rare lecture, wikipédier un point de détail, googeliser une orthographe, une date, un lieu, une anecdote, commencer un livre, l’abandonner, envisager d’allumer la télévision, de ranger le garage, faire une sauvegarde, remplir, emplir le temps, ouvrir un nouveau document, fixer longtemps le point d’insertion qui clignote, et puis écrire ces lignes, pas un journal, non, pas même un compte rendu, à peine une liste, attendre, attendre et puis relire, corriger, hésiter, raccourcir, rabattre l’écran, se lever, aller jusqu’à la fenêtre, se dire qu’il faudrait tondre ou alors dormir un peu, revenir, relever l’écran, relire, se rasseoir…
Et le téléphone sonne. Enfin.

 

ET DEMAIN, UN TABLEAU, LE CENT QUATRE-VINGT-DEUXIEME…

Ah ! Les belles boutiques – 16

Le Rostand
6 Place Edmond Rostand Paris 6ème

 

Le Rostand n’a pas toujours été comme vous le voyez là. Je crois me souvenir qu’il y a une dizaine d’années peut-être, malgré sa vue sur le Luxembourg par-dessus la rue de Médicis et au travers des grilles du jardin, c’était un encore un café très ordinaire, avec ses tables en formica et son décor banal des années cinquante. Je ne sais sous quelle merveilleuse inspiration, la direction de cet établissement, nouvelle ou ancienne, a décidé de refaire entièrement la décoration des lieux et d’en changer l’atmosphère. En se rappelant du dramaturge qui lui avait donné son nom (sacré Edmond, 1868-1918), le décorateur est remonté un peu dans le temps en choisissant pour thème, c’est du moins comme ça que je le vois, une époque heureuse (pas pour tout le monde diront les grincheux soucieux d’exactitude historique sociale), le milieu du XIX siècle, le second empire et le début de la III ème République. Je sais, tu sais, nous savons, ils savent que cette période a connu des guerres, des émeutes, des injustices, mais aujourd’hui, tous les gens qui ont fait ou qui ont subi ce demi-siècle sont morts. Alors qu’est-ce que ça change de ne se souvenir pour un instant — pour un instant seulement, car j’en ai une aussi, de conscience sociale — que des bons côtés de cette période, Pasteur, Offenbach, Haussmann, Paris, Proust, Rostand… Quand je vois Le Rostand d’aujourd’hui, avec ses chaises en rotin, ses palmiers en pots, ses mosaïques au sol, ses boiseries et ses garçons en tenue traditionnelle, je vois Nice, je vois une ville d’eau, je vois presque des crinolines, des fiacres.
Autrefois, Les Deux Magots s’intitulaient « Le rendez-vous de l’élite intellectuelle« . (Ce genre de déclaration me rappelle toujours la formule de Fernand Raynaud : « Mon beau-frère n’est pas un imbécile. La preuve, c’est qu’il le dit lui-même ! »)
Aujourd’hui, Le Rostand déclare qu’il est un « café littéraire« . A en juger par le nombre de personnes, dont moi, qui tapotent sur un clavier en buvant leur café, c’est peut-être vrai. La proximité des bureaux de plusieurs éditeurs rend tout à fait vraisemblable cette éventualité. C’est d’ailleurs là que j’y ai rencontré le mien, dans les circonstances que j’ai décrite dans un texte justement intitulé « Le Rostand« , que vous pourrez relire en cliquant ICI  
Bref, Le Rostand, c’est la plus belle terrasse de Paris.

La série « Ah ! les belles boutiques »
L’objectif : rendre hommage aux commerçants qui réussissent à conserver l’aspect traditionnel de leur façade de magasin, et les encourager à persévérer.
Le contenu : une photo de la devanture d’un magasin, avec si possible l’adresse et, très éventuellement, un commentaire sur la boutique, ou son histoire, ou son contenu, ou sur l’idée que s’en fait le JdC.

ET DEMAIN, HHH, LA FIN

LE VENT SANS LES VOILES

Avertissement
Ce « Vent sans les voiles » est ma deuxième (et restera probablement ma seconde) expérience théâtrale. La première fut cette tragédie néo-grecque dont le titre n’est pas resté dans toutes les mémoires : « Homéotéleute et Polyptote ». Sans doute bien trop ambitieux et bien trop en avance sur son époque, mon Homéotéleute n’a pas été accepté par un public cramponné à ses habitudes culturelles qui le ramènent inexorablement aux vaudevilles, comédies de boulevard, duos comiques  et autres âneries non subventionnées. 
Il veut du théâtre de boulevard, le Public ? Eh bien, je vais lui en donner, moi, du théâtre de boulevard. Voici donc « Le vent sans les voiles« , comédie en cours d’écriture pour un nombre variable de comédiens en un nombre indéterminé d’actes, de coups de théâtre et de scènes de ménage.

Je déclare formellement ici que je ne me sens tenu par aucune contrainte relative à la logique, la vraisemblance, le respect des bonnes mœurs et de la syntaxe. Je tiens également à préciser que je ne garantis pas que cette œuvre aura une fin, ou même qu’elle ira au-delà de la première scène du premier acte.

Vous êtes prévenu : vous qui entrez ici, quittez tout esprit critique et éteignez vos smartphones. Merci d’avance.
Henri Ratinet

 LE VENT SANS LES VOILES

Comédie en gestation et quelques actes

par Henri Ratinet

Liste (provisoire) des personnages

-Henri, auteur dramatique

Acte I – Scène I

Un salon néo-bourgeois-bohème. Côté cour, une porte style western donne sur la cuisine. Au centre, une porte à deux battants ouvre sur une entrée et sans doute sur le reste de l’appartement. Côté jardin, une grande fenêtre. Au beau milieu de la scène, contre la rampe, faisant face aux coulisses, un bureau des années 50. Sur le bureau, un MacBook ouvert dont l’écran est allumé. Le reste du mobilier, canapé, table haute, table basse, fauteuil, chaise, bibliothèque, télévision sera de styles divers. Aux murs, un grand plan du métro de New-York dessiné au rouge à lèvres, et quelques autres œuvres contemporaines. Quand le rideau s’ouvre, c’est le petit matin. La scène est vide. A travers la porte fermée, on entend un homme qui parle fort. Il est en colère :

HENRI

—Eh bien pars, si tu veux, pars, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Fiche le camp, retourne chez ta mère, tu lui donneras bien le bonjour de ma part à la Madone de Villetaneuse ! Ou mieux, va chez ton  Continuer la lecture de LE VENT SANS LES VOILES

Nostalgie n°17 – Dinky Toys

Dinky toys
Cette marque était spécialisée dans la production de maquettes d’automobiles au 1/42 ème, fabriquée d’abord en plomb puis en zamac (alliage Zn/Al/Mg ; il n’est jamais trop tard pour apprendre quelque chose)
J’en avais une raisonnable collection, d’une cinquantaine d’exemplaires. J’étais très exigeant sur la marque Dinky Toys, ne supportant pas les Solido, les JRD et encore moins les Norev. J’en avais de toutes sortes, des voitures, des camionnettes, des camions spécialisés. Après le passage de mes enfants, et surtout celui de cambrioleurs, il ne me reste que six modèles, dont un inestimable camion des British Railways pour le transport des chevaux.
La marque a disparu en 1970.
La photographie représente un semi-remorque aux couleurs de Kodak. Le tracteur est de marque Panhard.

Kodak
L’ex-géant de la photographie, créé en 1881 par George Eastman, a déposé son bilan en janvier 2012.

Panhard
Etabli en 1891, ce construteur automobile a été racheté par Citroën en 1965. La marque Panhard a disparu en 1967.

Dinky… Kodak…Panhard…
On a des raisons d’être nostalgique, non ?

ET DEMAIN, LE VENT SANS LES VOILES, UNE COMEDIE INACHEVEE

L’Univers, ses lois, ses principes et autres âneries (2)

Le chat de Schrödinger

Vous vous souvenez certainement du chat de la Mère Michel, ce charmant chat manquant retrouvé par un fabriquant de nouilles sur le grand air du Traderidera.
Vous vous souvenez sans doute des chats de Siné, mais si, mais si, ces chats nés si lassants et se nourrissant exclusivement et approximativement de calembours.
Vous vous souvenez peut-être du chat du Cheshire, celui d’Alice et de Lewis, cher chat lent, affable et rhétorique, excentrique et philosophe au sourire si persistant.

Mais vous rappelez-vous le chat de Schrödinger (1)(2) ? Vraiment ? Pas du tout ? Tiens, c’est étonnant ! Pourtant, c’est un chat intéressant. Jugez-en, car voici, immédiatement, ce qu’on sait de lui :

  • Il vit dans une boîte, fermée.
  • Est-elle en carton ondulé,
  • En fer ou en bois de rose ?
  • On ne sait pas.
  • Mais il faut qu’elle soit bien close,
  • N’est-ce pas,
  • Sans ouverture aucune,
  • Et que dedans il y ait un chat,
  • Ou tout ça serait pour des prunes.
  • Dans la boite, il y a un système
  • Déclenché par le seul hasard
  • Pour tuer le chat sans chrysanthèmes.
  • Ce Schrödinger, quel barbare !
  • A un instant donné ou non,
  • On peut se poser la question :
  • Le chat est-il vivant ou mort?
  • Mais on ne le sait pas encore.
  • Donc il est à la fois mort et vivant.
  • Simultanément ? Simultanément !
  • Pourtant ce chat n’est pas zombie.
  • Pas plus qu’il n’a neuf vies.
  • C’est peut-être un chat domestique,
  • Mais c’est avant tout
  • Un chat quantique.
  • Le chat quantique, voyez-vous,
  • A ceci de commun avec l’atome courant
  • Qu’il peut être à la fois, et c’est assez marrant,
  • Dans deux états très différents
  • En même temps.
  • Et quantique, le fameux chat sera
  • Tant que la boite on n’ouvrira.
  • Et demeurera le mystère
  • De l’animal de Schrödinger
  • Mais quand la boite on ouvrira
  • La lumière fera la lumière
  • Dans la boite, rien d’extraordinaire
  • A cela,
  • Mais aussi sur le sort du chat
  • Et enfin Schrödinger saura
  • Si son chat est vif ou défunt.
  • Mais en attendant, bernique !
  • Et sur le sort du chat quantique
  • On ne saura rien, rien de rien. (3)(4)

Notes

  • 1—Erwin Schrödinger —1887-1961— physicien, philosophe et théoricien scientifique autrichien
  • 2—Le chat de Schrödinger est une expérience de pensée destinée à mettre en évidence le problème de la mesure.
  • 3—Si vous voulez vraiment connaitre la version scientifique de cette belle histoire, vous pouvez toujours Googeliser sur Schrödinger, son chat, l’Ecole de Copenhague, la superposition ou la décohérence quantique, mais si je n’étais que vous, comme disait mon professeur de mathématiques, je m’en tiendrai à ma version, plus vague et plus soluble dans l’air, sans rien en elle qui pèse ou qui pose.
  • 4—Certains gourous mal intentionnés ont profité de la célébrité de ce paradoxe et de sa difficulté d’appréhension pour en déduire des tas de billevesées sur la superposition de réalités, l’existence d’univers parallèles, et tout un tas d’autres trucs propres à troubler les âmes simples… dont vous ne faites pas partie, bien évidemment, car vous, vous savez que ce qui est valable mathématiquement pour la mécanique quantique est une absurdité dans le monde physique réel, y compris dans celui du chat.

L’Univers, ses lois, ses principes et autres âneries (1)

Après sa fameuse série de 10 leçons de mythologie pour débutants, poursuivant son œuvre d’éducation des masses laborieuses, le Journal des Coutheillas se lance dans une nouvelle aventure pédagogique. Elle consiste à rappeler, au besoin apprendre et éventuellement faire comprendre à des gens qui n’en ont vraiment rien à faire les grands principes qui régissent leur existence. Cette série, qui s’intitule « L’Univers, ses lois, ses principes et autres âneries » commence aujourd’hui avec un exposé simple et pratique du Principe de Watt et de ses avantages. Elle se poursuivra avec le « Chat de Schrödinger », la « Loi de Murphy », le « Principe de Peter » et tout un tas d’autres trucs tout aussi rasoirs qu’inutiles.
Et maintenant, silence s’il vous plait.

Le principe de Watt

J’adore ce principe, je m’appuie dessus chaque fois que c’est possible et je le cite dès que l’occasion se présente. Et quand se présente-t-elle, cette occasion ? Eh bien, mais assez souvent, voyez-vous. Sachez par exemple que quand, chassé par le froid du boulevard, vous entrez au café-tabac Le Balto et que vos lunettes se couvrent de buée, c’est en vertu de ce principe. Quand, après une séance prolongée de rhétorique appliquée avec une adepte de l’école épicurienne dans votre voiture, vous relevez enfin la tête pour constater que vous ne voyez plus les étoiles au travers du parebrise, c’est la faute à Monsieur Watt. Et quand vous faites Continuer la lecture de L’Univers, ses lois, ses principes et autres âneries (1)

Post it n° 17 – 1er septembre

Le vent s’est levé. Force 4 sans doute. Il fait presque froid, un froid humide. C’est le vent du Sud-Ouest. Peut-être va-t-il pleuvoir bientôt ? Une serviette oubliée claque sur le fil.

Sous le grand séquoia, la vieille balançoire oscille. Les vélos sont rangés, la table de ping-pong repliée, à l’abri avec les chaises longues et le dinghy dégonflé. Devant la porte, les valises sont dressées sur leurs roulettes et les sacs appuyés contre le mur. Assis sur la coque d’un youyou retourné, il observe le manège des fourmis entre les aiguilles de pin.

Du pied, chaussé de cuir pour la première fois depuis longtemps, il creuse dans le sable humide de la dernière pluie une ligne en travers de leur parcours. Gigantesque fossé. Inquiètes, perplexes, observatrices, les fourmis se sont arrêtées un instant ; elles ont reculé, puis avancé à nouveau jusqu’au contrefort de la faille. Trois ou quatre d’entre elles ont longé cette digue sans en trouver l’extrémité. Alors, par saccades, elles ont traversé la faille et toutes ont repris leur parcours.

Dans la maison, l’explosion d’une porte a été suivie d’une protestation excédée : « …courants d’air, bon sang ! ».
Le claquement d’un moteur diesel progresse derrière le mur de pierres sèches.
Une voix : « Les enfants, le taxi est là ! »