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Haiku de mon cru

Si vous savez déjà ce que c’est qu’un haiku, je vous suggère d’aller lire autre chose. Sinon, voici :

Le haïku est une forme japonaise de poésie permettant de noter les émotions, le moment qui passe et qui émerveille ou qui étonne. C’est une forme très concise, dix-sept syllabes en trois vers (5 – 7 – 5). Les vers sont libres et le nombre de syllabes n’est pas toujours respecté. Voici quelques exemples de haikus français ou traduits du japonais :

Cri d’oie sauvage
Blanches dans les rochers
Les vagues de la nuit.

Commencement de l’hiver –
Le soleil léger du matin
Naît de l’arrosoir.

Rien ne dit
Dans le chant de la cigale
Qu’elle est près de sa fin.

Avec sa petite faucille
Comment pourra-t-elle
Faucher tout le champ ?

Et voici maintenant quelques haïkus de mon cru :

Boubous enfermés
Dans un triangle de barbelés
Prison africaine

Odeur de poussière
Panneau sur le pare-brise
Mille deux cents dollars

Quand la porte s’ouvre
On entend Errol Gardner
Dehors, c’est la nuit

Feu qui tord le papier
Bois qui gémit et craque
Fumée qui roule

La madeleine fond
Dans ma tasse en porcelaine
Grand-mère apparait

L’automobile roule
Les feuilles la poursuivent
C’est un jour de chasse

(C’est chiant, non ?)

Les grands classiques

Voici un poème en vers libres.
Ils sont libres parce que je les ai libérés de la prison dans laquelle ils vieillissaient au plus profond de ma mémoire sans avoir vu le jour depuis mon baccalauréat.

Patchwork

Je suis venu calme orphelin
Vers les hommes des grandes villes
Rappelle-toi, Barbara,
Il pleuvait sans cesse sur Brest.
Un soir, t’en souvient-il ? Nous voguions en silence ;
Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée.
Du palais d’un jeune Lapin
Dame Belette un beau matin
S’empara ; c’est une rusée.
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie !
Avec le temps,
Avec le temps, va, tout s’en va
Poète prends ton luth:
Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure.
Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière.
Passe encore de bâtir, mais planter à cet âge !
Ca demande des mois d’turbin,
C’est une vie de galérien,
Jugeant la vie amère
Et voulant se donner quelque distraction,
Il servit à son père une décoction
Je me les sers moi-même, avec assez de verve
Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.
Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres
Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux
Si tu reviens jamais danser chez Temporel
Un jour ou l’autre
Oui je viens dans son temple adorer l’Eternel
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Tout suffocant
Et blême quand
Sonne l’heure,
Je suis chevau-léger de la maison du Roi !
Plus vague et plus soluble dans l’air
Le temps ne fait rien à l’affaire,
Quand on est con, on est con.
Mais quand j’sors avec Hildegarde,
C’est toujours moi qu’on r’garde.
La fille de Minos et de Pasiphaé
Quand je pense à Fernande
C’est Vénus toute entière à sa proie attachée !
En chemise, madame Phèdre
Fait des mines de sapajou.
Comme je descendais des fleuves impassibles
C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit
J’étais seul l’autre soir au Théâtre Français
A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux
Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.
Ce sont les cadets de Gascogne
De Carbon de Castel-Jaloux ;
On dirait le Sud,
Le temps dure longtemps
Frères humains qui après nous vivez
Vivez si m’en croyez, n’attendez à demain.
Vivre entre ses parents le reste de son âge.
J’ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
Et je t’emmerde en attendant.
Bon appétit, messieurs !
Adieu, veau, vache, cochon, couvée !

Vous avez surement reconnus les auteurs de ces classiques. S’il vous en manque un ou deux, lisez la suite… Continuer la lecture de Les grands classiques