par Lorenzo dell’Acqua
Mes expéditions dans les musées se déroulaient toujours de la même manière ; au début, je ne voyais aucune proie intéressante et puis, tout à coup, surgissait de nulle part une silhouette à la tenue chamarrée ou à la coiffure étrange dont j’anticipais l’analogie avec un prochain tableau. Ensuite, ce n’était plus qu’une succession de rencontres merveilleuses qui s’offraient à mes yeux et que seul l’épuisement des batteries de mon appareil photographique, et non le mien, parvenait à interrompre.
Mon enthousiasme avait été tempéré par quelques déceptions comme cette jeune femme dont les boucles blondes allaient se fondre avec celles de la Dentellière de Vermeer. Hélas, elle traversa la salle sans même s’arrêter devant la célèbre peinture. Cette expérience me servit de leçon et je perdis l’habitude de pleurer la photo idéale que je n’avais pas réussi à faire. Le plus souvent, au contraire, je revenais le filet lourd de mes pêches miraculeuses.
Il arrivait parfois que la perspective d’une nouvelle correspondance m’entraînât à l’autre bout de la salle avant d’avoir eu le temps de noter l’auteur de la peinture photographiée, information pourtant indispensable si je parvenais un jour à trouver un éditeur. J’avais alors une solution de rechange en agrandissant le cliché où figurait son nom sur un petit rectangle blanc situé au-dessous du tableau. Quand il était masqué ou flou, il me restait encore la possibilité de retourner au musée pour le retrouver.
Cette négligence comportait un risque : Continuer la lecture de A LA RECHERCHE DU PEINTRE INCONNU
J’aimais beaucoup cette voiture. Quand elle était arrêtée, je pouvais presque courir à l’intérieur. Quand elle roulait, on pouvait se tenir debout, mais il fallait bien s’accrocher pour ne pas tomber. Quand j’avais droit au siège du passager, je dominais la route et je regardais de haut les autres automobilistes. J’aimais aussi le bruit que faisait cette voiture. Il était infernal. À celui du moteur, que laissait 




Aujourd’hui, quelques jours après la Toussaint, le Jardin du Luxembourg est à son meilleur. Le soleil est radieux, l’air est purifié par un petit vent irrégulier et les nuages laissent une large place au ciel bleu. Il y a une dizaine de minutes, je me suis assis face au Sud. Les pieds bien posés sur la petite rampe métallique qui court au ras du sol le long de la pelouse en demi-lune, à peine renversé dans mon fauteuil de métal, les avant-bras appuyés sur les accoudoirs, j’ai ouvert le livre que l’on vient de m’offrir : « Les leçons du Vertige ». De temps en temps, je lève les yeux du bouquin et je vois le parterre de fleurs, l’herbe tondue, et plus loin les arbres et, au-dessus de leurs cimes vertes et jaunes, les nuages qui passent sans se presser du haut de la tour Montparnasse au dôme de l’Observatoire. Pas d’autre bruit que celui des conversations tranquilles des promeneurs qui passent derrière moi, des pieds des enfants qui raclent le sol et des ailes des pigeons qui m’effleurent. Le soleil me chauffe amicalement le visage.