Archives de catégorie : Textes

A LA RECHERCHE DU PEINTRE INCONNU


par Lorenzo dell’Acqua

Mes expéditions dans les musées se déroulaient toujours de la même manière ; au début, je ne voyais aucune proie intéressante et puis, tout à coup, surgissait de nulle part une silhouette à la tenue chamarrée ou à la coiffure étrange dont j’anticipais l’analogie avec un prochain tableau. Ensuite, ce n’était plus qu’une succession de rencontres merveilleuses qui s’offraient à mes yeux et que seul l’épuisement des batteries de mon appareil photographique, et non le mien, parvenait à interrompre.

Mon enthousiasme avait été tempéré par quelques déceptions comme cette jeune femme dont les boucles blondes allaient se fondre avec celles de la Dentellière de Vermeer. Hélas, elle traversa la salle sans même s’arrêter devant la célèbre peinture. Cette expérience me servit de leçon et je perdis l’habitude de pleurer la photo idéale que je n’avais pas réussi à faire. Le plus souvent, au contraire, je revenais le filet lourd de mes pêches miraculeuses.

Il arrivait parfois que la perspective d’une nouvelle correspondance m’entraînât à l’autre bout de la salle avant d’avoir eu le temps de noter l’auteur de la peinture photographiée, information pourtant indispensable si je parvenais un jour à trouver un éditeur. J’avais alors une solution de rechange en agrandissant le cliché où figurait son nom sur un petit rectangle blanc situé au-dessous du tableau. Quand il était masqué ou flou, il me restait encore la possibilité de retourner au musée pour le retrouver.

Cette négligence comportait un risque : Continuer la lecture de A LA RECHERCHE DU PEINTRE INCONNU

La Kubik

Chronique des années 50

7 -La Kubik

Citroën appelait ça un fourgon, mais nous l’appelions « la camionnette ». Elle était toute grise. On aurait dit qu’elle était faite de plaques de tôle ondulée soudées pour former une sorte de cube sur quatre roues. Sous son nez court et plat, on trouvait le moteur. Une grande glace presque verticale à l’avant pour le pare-brise, des glaces coulissantes pour les deux portières et une toute petite lucarne dans le panneau arrière constituaient les seules surfaces vitrées. Pour moi, l’attraction principale de cette voiture, c’était la porte latérale coulissante. Ménagée sur le flanc droit du fourgon, elle s’ouvrait et se fermait avec fracas et permettait, même aux grandes personnes, d’y entrer debout, comme dans un autocar !

On l’appelait aussi « la Kubik ».

Dans la Kubik, à l’avant, il y avait deux sièges à lanières de caoutchouc, séparés l’un de l’autre par un capot qui, chose extraordinaire, donnait depuis l’intérieur accès au moteur. Le reste du fourgon était totalement vide.

kubikJ’aimais beaucoup cette voiture. Quand elle était arrêtée, je pouvais presque courir à l’intérieur. Quand elle roulait, on pouvait se tenir debout, mais il fallait bien s’accrocher pour ne pas tomber. Quand j’avais droit au siège du passager, je dominais la route et je regardais de haut les autres automobilistes. J’aimais aussi le bruit que faisait cette  voiture. Il était infernal. À celui du moteur, que laissait Continuer la lecture de La Kubik

L’énigme de la Joconde enfin résolue !

L’INTERVIEW DU PROFESSEUR LORENZO DELL’ACQUA

 le JdC : Merci tout d’abord, Professeur Lorenzo, d’avoir choisi d’annoncer votre formidable découverte dans notre journal. Vous avez en effet résolu l’énigme de la célébrité de la Joconde qui hante tous les esprits depuis cinq siècles. Alors, Professeur, nous sommes impatients ! Racontez-nous cette prodigieuse aventure.

Professeur Lorenzo : Merci à vous de m’accueillir dans vos lignes car je sais que les places y sont chères. Cette découverte ne s’est pas faite toute seule. Mon équipe et moi-même avons arpenté trois fois par semaine pendant plus de dix ans la Grande Galerie du Louvre. Au départ, notre objectif était de découvrir quelle était la nature des propos échangés entre les personnages des tableaux et les spectateurs. C’est par hasard que nous avons fait cette formidable découverte. Comme vous le savez, la réputation de le Joconde semble usurpée à certains experts. En effet, cette œuvre ne peut rivaliser en qualité avec celles d’autres peintres antérieurs, comme Giotto et Piero de la Francesca, ou plus proches de nous comme Marcel Gotlib, l’auteur de Continuer la lecture de L’énigme de la Joconde enfin résolue !

Que faut-il penser d’ Histoire de Dashiell Stiller ?

Des écrivains vous répondent…

26ème jour du mois de Junon,
An 705 de la fondation de Rome,
La Regia, Forum, Roma antica

César a lu avec intérêt cette Histoire de Dashiell Stiller. Certes, il n’a pu tirer aucun enseignement utile de la déplorable tactique mise en œuvre par les armées unies pour investir le nid d’aigle du tyran germain. Mais, depuis sa jeunesse, César apprécie les romans d’anticipation car il les considère comme des oracles des Dieux, augures dont il a toujours su tirer parti à son avantage. S’il avait un commentaire à faire sur cette nouvelle guerre des Gaules, il écrirait que César, bien que disposant de mille fois moins de moyens que les armées unies, il leur avait quand régulièrement foutu une sacrée pâtée, aux Germains.

J.C., écrivain, militaire en retraite, consul

*

Histoire de Dashiell Stiller
Paris 1935. Dashiell, jeune touriste Américain, prend une photographie de la terrasse d’un café du Boulevard St-Michel, le Cujas. Treize années plus tard, il est de retour à Paris pour rencontrer les huit personnages qui se trouvaient sur la photo. Il les fait parler sur leur vie, sur la façon dont ils ont vécu cette période troublée de la guerre, l’Occupation, la Résistance, la Collaboration, les Camps, la Libération… Mais pourquoi fait-il cela ? Pour écrire un roman ? Pour retrouver quelqu’un ? Pour expier un crime ? Pour retrouver sa propre histoire, l’histoire de Dashiell Stiller ?

En vente sur Amazon.fr…. Cliquer sur l’image pour parvenir au site de vente 

 

Mais foutez donc un peu la paix aux enfants !

Extrait d’une série déjà publiée sous le titre « Conversation sur le sable »

Voix Off dont on aperçoit l’ombre dans l’angle inférieur droit de la photo :
—    Alors les enfants, on fait un château de sable ?

Enfant au deuxième plan :
—    Parce que ce trou, là, ça ressemble à un château, peut-être ? Connard !

Voix Off dont on aperçoit l’ombre dans l’angle inférieur droit de la photo :
—    Bon, ben, un canal alors ? Continuer la lecture de Mais foutez donc un peu la paix aux enfants !

LA PHOTO EST-ELLE UN ART ?

LA PHOTO EST-ELLE UN ART ?
par Lorenzo dell’Acqua

Dans ma série de personnages photographiés au musée, la première correspondance qui saute aux yeux est la similitude entre la tenue vestimentaire du spectateur et le dessin ou les couleurs de la peinture.

Cette analogie pose le même problème, fondamental à mes yeux de photographe, que le Baiser de Doisneau : la photographie est-elle un art ? J’ai répondu que non et je persiste à le penser malgré des avis contraires (heureusement). Tout art nait de rien : une page blanche, une toile vierge, une portée vide, un bloc de pierre informe, un projet architectural qui n’existe que dans la tête de son auteur, etc. La photo, elle, ne crée rien : elle ne fait que reproduire ou copier, même si elle l’améliore, une réalité existante. Elle peut la rendre plus belle et lui donner une signification mais elle ne l’a jamais inventée.

Autrement dit, pour que la photo soit un art, il faudrait Continuer la lecture de LA PHOTO EST-ELLE UN ART ?

Faut-il conduire en état d’ivresse ?

Cet article essentiel a été publié ici même il y a plus de 7 ans. Ne serait-ce que pour la sécurité des lecteurs du Journal des Coutheillas, il est temps de le publier à nouveau.

« Dans le cadre de la lutte contre les idées reçues, voici la traduction partielle d’un article paru récemment aux USA.

Résumé :
Chaque mile parcouru à pied en état d’ivresse est huit fois plus dangereux que le même mile parcouru au volant dans le même état. 

Imaginez que vous soyez à une soirée chez un ami. Il habite à un mile (1,609 km) de chez vous. Vous avez passé une très bonne soirée, probablement parce que vous avez bu quatre verres de vin. Maintenant, la réception se termine et les amis s’en vont. Tout en finissant votre dernier verre, vous extrayez vos clés de voiture de votre poche et brusquement, vous réalisez que c’est une mauvaise idée : vous n’êtes pas en état de conduire pour rentrer chez vous.

Pendant des décennies, nous avons été informés des risques qu’il y a à conduire sous l’empire de l’alcool. Aux Etats Unis, plus de trente pour cent Continuer la lecture de Faut-il conduire en état d’ivresse ?

Une conception de la campagne

Cet article est une rediffusion du Post it n°20, paru une première fois le 14/02/2018, sous le simple titre « La Campagne ». Il en dit beaucoup plus qu’il n’y parait.  

Aujourd’hui, quelques jours après la Toussaint, le Jardin du Luxembourg est à son meilleur. Le soleil est radieux, l’air est purifié par un petit vent irrégulier et les nuages laissent une large place au ciel bleu. Il y a une dizaine de minutes, je me suis assis face au Sud. Les pieds bien posés sur la petite rampe métallique qui court au ras du sol le long de la pelouse en demi-lune, à peine renversé dans mon fauteuil de métal, les avant-bras appuyés sur les accoudoirs, j’ai ouvert le livre que l’on vient de m’offrir : « Les leçons du Vertige ». De temps en temps, je lève les yeux du bouquin et je vois le parterre de fleurs, l’herbe tondue, et plus loin les arbres et, au-dessus de leurs cimes vertes et jaunes, les nuages qui passent sans se presser du haut de la tour Montparnasse au dôme de l’Observatoire. Pas d’autre bruit que celui des conversations tranquilles des promeneurs qui passent derrière moi, des pieds des enfants qui raclent le sol et des ailes des pigeons qui m’effleurent. Le soleil me chauffe amicalement le visage.

Un couple s’est approché. Il s’est dirigé vers les deux fauteuils qui sont demeurés libres à ma droite. L’homme a la cinquantaine. Il est habillé d’un pantalon de flanelle grise, d’une Continuer la lecture de Une conception de la campagne