Archives de catégorie : Fiction

HISTOIRE DE DASHIELL STILLER – extrait du chapitre 1

Voici un extrait d’HISTOIRE DE DASHIELL STILLER, 435 Pages, 12€ sur Amazon.fr

Extrait du chapitre 1 : Marcel Marteau

Marcel Marteau est ébéniste rue Monsieur le Prince. Sur la photo de Stiller, il est debout, au zinc, à demi caché par la vitrine repliée, à coté d’Antoinette Gazagnes, la patronne du Cujas. C’est lui que Dashiell rencontre en premier. Il lui raconte ses souvenirs du temps où il fréquentait le café du Boulevard Saint Michel.

(…)

Et vers les dix heures, j’avais toujours une petite faim, vous comprenez. Alors, j’allais au Cujas. Je prenais un petit verre d’aligoté et un œuf dur, quelquefois deux. Je discutais avec la patronne, Antoinette. C’était ouvert tous les jours, le Cujas. Alors j’y allais tous les jours, même le dimanche. Faut dire que le dimanche, je travaillais tout pareil. Trente ans comme ça : dix heures, un petit aligoté, un œuf dur, tous les matins. Sauf pendant la Grande Guerre, bien sûr. Je pouvais pas y aller, forcément. J’ai fait quatre ans dans l’aviation. Je réparais les avions. Tout était en bois à l’époque, vous savez, en bois et en toile, sauf le moteur, c’est sûr, alors les ébénistes, c’était recherché. Quatre ans dans l’aviation, pas volé une seule fois. Quatre ans de guerre, pas une seule égratignure. Ah si ! Je me suis Continuer la lecture de HISTOIRE DE DASHIELL STILLER – extrait du chapitre 1

Les corneilles du septième ciel (30)

Chapitre 30

A l’Hôtel du Ragondin Bienveillant où il dormit à Fontenay, Ph. s’était levé de bonne heure et avait quitté les lieux avant même l’ouverture de la salle à manger pour le petit déjeuner, fait aussi surprenant qu’inhabituel chez lui. Malgré la saison, il faisait donc encore nuit quand il s’installa au volant de sa voiture. Aux alentours de six heures du matin et de la capitale du Marais, il s’arrêta pour prendre de l’essence et le pompiste, qui n’était pourtant pas un ancien camarade d’Ecole, l’identifia formellement lors de l’enquête ultérieure. A Coulon, un complice l’attendait à l’embarcadère de la Pigouille avec lequel il monta sur une petite barque qui disparut dans un canal latéral. Le responsable affirma que Ph. portait enroulé autour de son poignet droit le même fouet que celui d’Indiana Jones. Pourquoi s’enfonça-t-il dans le marais avec cette arme redoutable ? La perspicacité de nos trois enquêteurs aboutit assez vite à la conviction qu’il s’apprêtait à commettre un vilain forfait. Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (30)

Les corneilles du septième ciel (29)

Chapitre 29

Ce sont trois vieilles connaissances du JdC, les inspecteurs Jim Nastyck, Bruno Body et Edgar Kiné, enfin débarrassé de son nom à rallonge, ceux-là même qui avaient résolu jadis le mystère de l’assassinat de six innocents à Saint Brévin les Pins, que le Procureur de la République commit pour enquêter sur la disparition suspecte de Lorenzo dell’ Acqua, le délicat commentateur et l’intermittent photographe du JdC. A coup sûr, ce magistrat ignorait que nos trois limiers de la PJ rodés aux crimes les plus crapuleux avaient fait leurs études avec l’écrivain goncourtisé Ph. C., le principal suspect du drame survenu dans le Marais Poitevin. Comme lui, ils avaient été les lauréats du prestigieux concours de l’Ecole des Pompes et Chaussettes. Dépêchés sur les lieux du drame, ils y avaient retrouvé Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (29)

La Tour Eiffel qui penche ! (5/5)

temps de lecture : 5 minutes

Résumé des chapitres précédents :
La tour Eiffel penche ! Que d’un côté, mais pas qu’un peu ! C’est un dénommé Ratinet, photographe, qui s’en est aperçu. N’écoutant que son devoir, il a voulu en informer la Direction de la Société d’Exploitation de la Tour Eiffel, mais celle-ci (la Direction, pas la Tour, la pauvre) n’a pas voulu fermer le monument aux touristes pour ne pas contrarier ses actionnaires. Mais elle a quand même fait deux choses : au photographe, elle a fait prendre un ascenseur privé très spécial (le pauvre homme n’en est pas revenu, de cet honneur) et à la Tour, elle a secrètement accolé une énorme structure de soutien. Mais la Presse s’est emparée de l’affaire, et quand la Presse s’empare de quelque chose, il est toujours délicat de prévoir ce qu’elle va en faire. Voici :

Le lendemain de l’évènement tragique, à la page 6 d’un grand journal du soir, on pouvait lire :

« Accident mortel à la Tour Eiffel
Hier en fin de matinée, un visiteur a fait une chute mortelle depuis le deuxième étage de la Tour Eiffel. La Société d’Exploitation de la Tour Eiffel se perd en conjectures sur les raisons qui ont poussé cette personne à ouvrir la porte pourtant verrouillée d’une cage d’ascenseur désaffectée depuis plus de vingt ans. Le corps de la victime de ce malheureux accident, monsieur Gérald Ritinet, 37 ans, typographe, a été transporté à Bouseville, Calvados, dont il était originaire.
»

*

5-Le poids des photos 

Sur la page d’en face, une grande photo de la Tour Eiffel illustrait l’article suivant :

« La nuit dernière, le voisinage de la Tour Eiffel a été dérangé une bonne partie de la nuit par les travaux de montage d’une gigantesque structure métallique. Ces travaux, qui n’avaient pas été annoncé, commencés vers 22h45, se sont achevés à 5h30 heures du matin, ce qui, de l’avis des spécialistes, représente une véritable performance pour un ouvrage de cette importance. La construction réalisée Continuer la lecture de La Tour Eiffel qui penche ! (5/5)

La Tour Eiffel qui penche ! (4/5)

temps de lecture : 5 minutes 

(…)
— Bon ! La tour penche ! Et alors ? s’énerva-t-il. Elle n’est pas la seule, que je sache ! Et Pise ! Vous avez pensé à Pise ? Elle ne penche pas, peut-être, la tour, à Pise ? Bien sûr qu’elle penche, la tour ! Et depuis des siècles, Monsieur ! Huit cents ans et des poussières qu’elle penche ! Et pas qu’un peu ! De presque 5 degrés, je me suis renseigné. Et est-ce qu’elle est tombée, la tour de Pise ? Non, Monsieur ! Pas une seule fois ! Alors, ne venez pas m’emmerder pour deux petits degrés ‘’environ’’! Et puis vous m’agacez, tiens !Jje vous retire mon invitation à déjeuner ! Zut à la fin ! »

4 La solution de Verdurin

Ladislas Verdurin avait eu le tort d’entourer le mot ‘’environ’’ de ce petit geste si ordinaire qui, pour matérialiser les guillemets qu’il avait mis dans son intonation, avait consisté à lever les deux mains à hauteur des épaules en dressant l’index et le majeur de chaque main de manière à former deux sortes de V, puis à plier ces quatre doigts à deux reprises.

C’est sans doute ce stupide petit geste qui fit passer Ratinet de la colère à la fureur. Se  levant brusquement de sa chaise de visiteur, il s’appuya des deux mains sur le bureau directorial et, se penchant brusquement en avant, il glapit à la face d’un Verdurin médusé :

« Non mais dites-donc, espèce de Président à la gomme, vous vous rendez-compte de ce que vous dites ? La Tour Eiffel ne tombera pas parce qu’elle penche moins que la Tour de Pise ! C’est totalement idiot ! Et puis, aujourd’hui c’est deux degrés, mais demain, combien ? Trois, douze, quarante-cinq ? Qu’est-ce que vous en savez ? A partir de combien de degrés vous allez faire évacuer les touristes ? A moins que vous n’attendiez qu’elle ne se redresse toute seule, la tour ? On ne sait jamais, après tout… un bon coup de vent, et hop, problème résolu !

Sous la violence de l’assaut, Verdurin était retombé dans son fauteuil.
«  Mais, monsieur, protestait-il, je ne peux pas fermer la Tour comme ça, pour un oui ,  pour un non ! J’ai des obligations, moi monsieur, des obligations envers les Continuer la lecture de La Tour Eiffel qui penche ! (4/5)

Les corneilles du septième ciel (28)

Chapitre XXVIII

Nous apprenons à l’instant la disparition aussi soudaine qu’imprévue de Lorenzo dell’Acqua dont le roman inachevé laissera bien des lecteurs et surtout des lectrices dans la plus profonde désolation. D’après ses proches, il aurait été meurtri par les critiques d’un éditeur connu qui considérait que son œuvre pourtant admirable de sincérité et d’honnêteté n’était qu’une banale autobiographie. Il ignorait que Lorenzo était en accord avec les penseurs les plus modernes de son temps pour qui la fiction était désormais dépassée bien que, selon lui, la frontière entre ces deux genres littéraires avait toujours été floue. « Ecrire, c’est parler de soi, et parler de soi, c’est obscène parce que si on parle de soi de manière transparente, on se déshabille, et si on parle de soi de manière trouble, on se travestit ».

D’après un de ses amis médecin, la disparition de Lorenzo ne pouvait pas être en rapport avec une éventuelle blessure narcissique incapable selon lui d’ébranler sa confiance exagérée en lui. Peu de temps avant son départ, il s’était confié au Rédacteur en Chef du JdC attablé comme tous les matins à la terrasse ensoleillée du Panthéon devant les colonnes de ce vaste édifice funéraire dédié aux héros de notre pays et en particulier à nos écrivains célèbres. Sa famille espérait le voir Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (28)

La Tour Eiffel qui penche (3/5)

temps de lecture : 5 minutes 

(…) Une rapide étude de notre ingénieur-conseil, avalisée par l’Architecte en chef des Bâtiments Nationaux et par le Ministre du Tourisme lui-même a confirmé la chose : la Tour Eiffel penche ! Vous voyez, nous sommes au courant. Mais c’était gentil à vous de vouloir nous en informer. »
Il avait dit ça aussi tranquillement que si Ratinet était venu lui apprendre que deux radiateurs de la boutique de souvenirs étaient en panne.

3. Le plan Verdurin

En son for intérieur, Verdurin était très satisfait de la clarté et de la concision de son exposé. Par contre, il avait horreur de déjeuner seul. C’est pourquoi, c’est d’un ton jovial qu’il ajouta en se frottant les mains : « Bon, allez ! Il est bientôt midi ! Je vous invite à déjeuner au restaurant du coin. C’est très sympathique, vous verrez. » Pour Verdurin, le restaurant du coin, c’était bien sûr le Jules Verne, dont la porte se trouvait effectivement au coin du couloir à gauche en sortant.

« Mais c’est épouvantable, s’écria Ratinet qui, tout à ses réflexions, n’avait pas entendu l’invitation du directeur.

— Mais pas du tout, je vous assure ! Continuer la lecture de La Tour Eiffel qui penche (3/5)

La Tour Eiffel qui penche (2/5)

temps de lecture : 5 minutes 

(…) En fait, elle ne penche que d’un côté, comme la Tour de Pise, et c’est vers la Seine, vers le Trocadéro, et pour tout dire, vers le nord. » Cette victoire de la logique pure sur l’obscurantisme était rassurante en soi, mais il n’en demeurait pas moins que la Tour Eiffel penchait. Et ce n’était pas normal. C’était même inquiétant. Mais que faire ? La question se posait avec acuité. Et l’acuité, le petit photographe de chez Yvon n’aimait pas beaucoup ça.

2. L’annonce faite à Verdurin

Fallait-il ne rien dire à personne, utiliser les outils les plus sophistiqués de Photoshop pour arriver à redresser la Tour Eiffel tout en gardant leur horizontalité aux pelouses du Champ de Mars, et, la série achevée, rentrer à Beuzeville en Auge vivre entre ses parents le reste de son âge en attendant que le Service de Contrôle de la Conformité des Bâtiments Nationaux à leur État Descriptif ne constate l’anomalie et ne prenne les dispositions nécessaires pour en informer les autorités compétentes ? À Gérard, arrière-petit-fils d’Aristote Ratinet, celui-là même qui, au début du siècle dernier, s’était couvert de gloire en menant l’équipe de Beuzeville en Auge jusqu’à la finale du concours national de manille parlée, une telle attitude parut inacceptable. Il y renonça.

Fallait-il rapporter la chose à son supérieur hiérarchique immédiat et se décharger ainsi de toute responsabilité dans le suivi de l’évènement ? Le fait que son supérieur hiérarchique immédiat était ce con de Cottard Continuer la lecture de La Tour Eiffel qui penche (2/5)

La Tour Eiffel qui penche (1/5)

temps de lecture : 4 minutes 30

1-La mission de Ratinet

Employé de la maison Yvon, premier éditeur européen de cartes postales, Gérard Ratinet, 47 ans, né à Beuzeville-en-Auge et y habitant toujours, photographe autodidacte et hypocondriaque, avait reçu mission d’Etienne Cottard, directeur artistique et neveu du beau-frère du petit-fils du fondateur de la maison d’édition, de réaliser une série originale de photographies des principaux monuments de Paris. Les cartes postales qui en seraient tirées devaient être mises à la vente à l’occasion des prochains Jeux Olympiques qui, par une heureuse coïncidence, devaient justement se tenir l’année suivante dans la capitale. Ratinet avait accepté cette nouvelle mission non avec enthousiasme, car le sujet imposé était quand même, comme on dit dans le jargon des photographes professionnels, un peu ‘’cliché‘’, mais avec soulagement. Ça le changerait de sa mission précédente, une interminable série consacrée aux calvaires bretons, dont il était rentré neurasthénique et enrhumé.

Ayant décidé de consacrer sa première journée parisienne à la Tour Eiffel, il la passa à tourner Continuer la lecture de La Tour Eiffel qui penche (1/5)

Les corneilles du septième ciel (27)

Chapitre XXVII

Comment la jolie Myriam, professeur de lettres à Poitiers, avait-elle bien pu croiser la route du célèbre écrivain Philippe C., une icône de Saint Germain des Prés et du Jardin du Luxembourg ? Tous nos lecteurs interloqués se posent la question.

Issue d’une famille fort cultivée, Myriam avait depuis toujours un goût prononcé pour la littérature. Elle le partageait avec Philippe, son cousin germain, qui s’obstinait à vouloir lui faire lire les œuvres complètes du Marquis de Sade. De tels conseils de la part d’un petit garçon de douze ans obligèrent ses parents à le confier à un spécialiste. C’est aussi ce que Myriam lui avait conseillé de faire en le formulant de façon un peu brutale et dépourvue de la moindre élégance : « Va donc te faire soigner, espèce d’obsédé sexuel ! ».  A sa décharge, Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (27)