Les corneilles du septième ciel (35)

Chapitre 35

       Le procès débuta au début de l’année suivante. Lorenzo était toujours hospitalisé et son délire persistait malgré les efforts de Philippe I à qui il avait été confié par le service de neurologie du CHU de Poitiers. Françoise se réjouissait de ne plus être confrontée tous les matins à son ami photographe qui ne la reconnaissait plus. Malgré la situation dramatique, elle se réjouissait de voir réunis ses trois soupirants que rien ne prédisposait à se retrouver à la barre d’un procès fort médiatisé : l’écrivain du cinquième arrondissement que des organisations woke scandalisées par son crime ne désespéraient pas de voir déchu de son Prix Goncourt, le photographe Lorenzo qu’elle appelait en secret le bavard et son psychanalyste intéressé qui l’avait débarrassée de son attirance pour les femmes. Myriam, la petite cousine de ce dernier, faisait aussi partie de la réunion de famille pour avoir recueilli le photographe blessé après son agression. Ne manquait au rendez-vous que son amie Annick dont la lune de miel avec son archéologue dans les jardins de Babylone n’en finissait pas.

Malgré les convictions de l’inspecteur Bruno Body, le suspect ne pouvait pas être qualifié d’assassin puisqu’il n’y avait pas eu mort d’hommes. Grâce à ses relations mondaines qui hantaient les couloirs du pouvoir, ce dernier bénéficia du meilleur avocat parisien, celui-là même qui avait obtenu la relax d’un Président de la République père de famille nombreuse soupçonné d’avoir trompé et sa femme et sa maîtresse avec une actrice à la mode. Plus regrettable encore, Lorenzo, toujours ininterrogeable, ne pouvait apporter le moindre indice accablant pour son agresseur. Enfin, les experts ne purent démontrer que les lacérations couvrant son corps étaient dues à des coups de fouet et non aux griffes d’un ragondin enragé.

L’écrivain Ph. feignit de ne pas comprendre pourquoi il se retrouvait sur le banc des accusés lui qui s’était précipité au secours de son ami Lorenzo dès qu’il avait appris sa disparition dans le Marais Poitevin. Comme personne en dehors de lui et de la victime n’était au courant du chantage, on ne trouva aucune raison  valable à un conflit grave entre eux. Leurs différents au sujet des films de Claude Sautet et de Woody Allen dont faisait régulièrement état un célèbre journal littéraire en ligne semblèrent insuffisants aux yeux du jury pour justifier une telle agression. La seule qui aurait pu l’identifier, Françoise, bien que catholique non pratiquante, n’osa pas jurer sur l’honneur avoir reconnu celui qu’elle se garda bien de présenter comme un de ses soupirants car elle doutait de la fiabilité de son souvenir. Les experts confirmèrent que la distinction, de nuit, à la lampe torche, entre le visage de l’écrivain et celui d’un ragondin n’était pas évidente.

Au grand désespoir de la famille et des proches de Lorenzo, Ph. bénéficia d’un non-lieu. Dans les medias, sa cause avait été soutenue par tout le peuple de gauche qui défendait non pas l’écrivain mais un représentant de l’intelligentsia de la (rive) gauche. Furent dépêchées au procès les plus brillantes plumes du Nouvel Observateur, de Libération et même de Télérama avec lequel Ph. n’entretenait pourtant pas des relations d’une grande amabilité. Informé de ces soutiens inattendus et faisant preuve d’une mauvaise foi évidente, Ph. se dit même très honoré de ces marques de sympathie. Il se promit de les oublier dès le procès terminé.

L’inspecteur Bruno Body considéra que ce verdict était inique et jura de faire la lumière sur ce drame évité de peu. Compte tenu de l’état dans lequel se trouvait Lorenzo, on n’entendit plus parler de l’odieux chantage à l’origine de ce fait divers.

FIN DE LA TROISIEME EPOQUE

Chers amis,

Les Corneilles du Septième Ciel vont être prochainement éditées sur Amazon. Contrairement aux objectifs de certains auteurs à succès du cinquième arrondissement, les miens sont purement financiers. Pour des raisons propres à ce site d’édition, il est important que vous y fassiez des commentaires sur mon roman. Afin de vous faciliter la tâche, vous trouverez en pièce jointe le commentaire-type que je vous demande de bien vouloir recopier sans y changer un seul mot. Il est vivement conseillé d’acheter une cinquantaine d’exemplaires d’un coup pour en offrir à vos amis comme à vos ennemis.

Merci d’avance à tous mes fidèles lecteurs.

Lorenzo dell’Acqua

Dans son dernier roman digne des Trois Mousquetaires, les personnages de Lorenzo dell’Acqua sont animés d’une fougue irrésistible non dépourvue des profondes réflexions chères à Roland Barthes. Mais comment de telles aventures rocambolesques peuvent-elles naître de l’imagination d’un ancien hépatogastroentérologue ? Dans ce récit qui nous tient sans cesse en haleine, Philippe I, II, III, Françoise et les autres traversent au triple galop et avec humour la vie des choses. Soulignons aussi la richesse et la précision de ses descriptions tant psychologiques qu’animalières. Que de richesses et de connaissances offertes à votre lecture de ces huit cents pages ! Oui, vraiment, nous vous conseillons vivement de vous précipiter acheter un exemplaire des Corneilles avant que le tirage limité à cent mille exemplaires ne soit épuisé.

Une réflexion sur « Les corneilles du septième ciel (35) »

  1. AVIS MEDICAL CONFIDENTIEL
    Le docteur Philippe, psychiatre au CHU de Poitiers, connait bien Lorenzo dell’Acqua avec lequel il a fait ses études de médecine. Dans un entretien exclusif à paraitre, il a expliqué au journaliste du JdC que son écriture compulsive était due à une névrose obsessionnelle doublée d’une tendance paranoïaque dont l’écrivain Ph. était la victime. Cet avis spécialisé impartial explique pourquoi Lorenzo veut être qualifié à la place du qualifié aux futurs Jeux Olympiques.

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