Archives par mot-clé : Couleur Café

Amère victoire (Couleur café n°18)

Couleur café n°18
Café Le Hibou, Carrefour de l’Odéon

Amère victoire ou l’Esprit d’escalier 

Il fait vraiment très chaud en cette fin d’après-midi de juin. La table que je choisis à la terrasse du Hibou est à l’ombre, juste derrière une autre, occupée par un couple.

Elle : parisienne, rive gauche, juste avant la cinquantaine ; brune, élégante, cheveux tirés en arrière, grosses lunettes de soleil remontées jusque derrière le front.

Lui : asiatique, trente-cinq ans peut-être mais, avec ces gens-là, on ne peut jamais savoir ; sa chemise, dessinée à la main, est un camaïeu de rouge sur brun ; chaque jambe de son jean noir est décorée d’un large galon jaune vif qui part de la hanche pour descendre jusqu’à la chaussure ; ses tennis, énormes, peintes à la main elles aussi ont l’air de sortir d’un tableau de Miro ; ses lunettes DG sont posées sur son crâne.

Lui, je le vois assez bien dans la mode, créateur par exemple. Elle, elle serait dans Continuer la lecture de Amère victoire (Couleur café n°18)

ADOPTEZ UN INCIPIT ! (Couleur café n° 20)

Couleur café n° 20
Café La Palette 43 rue de Seine

Longtemps, je me suis couché de bonne heure.

De mémoire, je viens de taper ces quelques mots sur mon clavier et j’ai déjà l’impression d’entreprendre l’écriture de la Recherche du temps perdu. Formidable pouvoir d’évocation d’un incipit, surtout quand il s’agit du plus connu de la littérature occidentale.

Longtemps, je me suis couché de bonne heure.

Bon, et après ? Qu’est-ce que j’ai bien pu faire après ça ? Qu’est-ce que je vais bien pouvoir écrire après ça ?

J’aligne des mots, dont les premiers ne sont pas les miens, un peu comme j’amorcerais la pompe du jardin avec Continuer la lecture de ADOPTEZ UN INCIPIT ! (Couleur café n° 20)

Profondeur de champ (Couleur café n°19)

Couleur café n°19
Le Pavillon de la Fontaine.
Jardin du Luxembourg

C’est la première fois que je viens ici. Pourtant, je suis passé mille fois devant ce petit pavillon proche du Sénat et de la fontaine Médicis qui lui a valu son nom. De style second empire, peint en un vert foncé élégant, ses panneaux vitrés étroits encadrés de fins montants en bois lui donnent l’aspect fragile d’une grande serre ou d’une petite caserne pour gardiens de square. Abritée sous les grands marronniers, sa terrasse est dans l’ombre, parsemée de tâches de lumière tremblante. Une soixantaine de tables métalliques vert d’eau y sont posées sur le gravier. Quelques touristes y achèvent leur brunch et quelques parisiens viennent y prendre un café. Je viens y chercher un sujet.

Le temps est beau. Un vent du Nord -Est a dégagé le ciel mais il a rafraichi la température. De temps en temps, Continuer la lecture de Profondeur de champ (Couleur café n°19)

Mon père avait raison (Couleur Café n°17)

Couleur café n°17

La Closerie des Lilas
Boulevard du Montparnasse

Mon père n’aimait pas. Sans doute, un jour, y avait-il été mal reçu, et depuis , à chaque occasion, il clamait que c’était un mauvais restaurant et qu’il n’y remettrait jamais les pieds. C’est à peu près le seul genre de rancune qu’il pouvait avoir. Hérédité, mimétisme ou respect filial, je ne sais pas, toujours est-il que j’avais épousé sa querelle et que je n’y étais jamais allé avant l’âge de cinquante ans, moi qui avait connu si tôt toutes les brasseries du quartier et des environs.

Bien que ma femme n’aime pas non plus – je n’ai jamais vraiment compris pourquoi – je fais preuve d’indépendance en y allant régulièrement depuis quelques années, seul, rarement, avec ma mère, pendant un temps, ou avec un ami ou un de mes enfants, le plus souvent.

La Closerie est un très vieil établissement, un peu à l’écart du groupe des grandes brasseries du carrefour Raspail-Montparnasse. Mais elle a connu aussi son lot de célébrités. 
Verlaine, Breton, Picasso, Scott-Fitzgerald, Miller…Hemingway raconte dans « Paris est une fête » qu’il y passait des heures devant un seul verre de vin rouge à écrire ses articles. Je ne citerai pas les célébrités qui fréquentent ce lieu aujourd’hui, ça leur ferait bien trop plaisir.

Contrairement à ses concurrents du quartier, la Closerie est restée à peu près préservée du tourisme de masse qui a envahi complètement la Coupole et, à moindre degré, le Dôme et le Sélect.

Je n’y suis allé que très rarement le soir. Il y avait un bon pianiste, juste derrière la porte tambour. Il était gros et chevelu. Mais on me dit qu’il est mort récemment.

La Closerie se divise en trois parties principales, disons quatre avec les toilettes.

Quand vous avez passé la porte à tambour, sur votre droite vous trouverez la partie restaurant. C’est la moins intéressante. Construite en terrasse fermée sur l’avenue de l’Observatoire, la décoration a été refaite entièrement il y a quelques années. On se croirait dans le bon restaurant d’une petite ville de province. Espace trop lumineux, tables trop espacées, sièges et tables modernes sans charme ni audace. Je n’y ai jamais mis les pieds. Il paraît que c’est assez bon et assez cher. Si vous y allez un jour, racontez moi.

Avant de passer au plus bel endroit du restaurant, si vous le voulez bien, nous irons d’abord aux toilettes. Avant le déjeuner, c’est l’usage. Descendez un escalier un peu raide et passez devant la petite table couverte d’une nappe blanche sur laquelle un euro incitateur attend dans une soucoupe que quelque congénère de bonne volonté vienne le rejoindre. Ensuite, pour les hommes, c’est à gauche, et pour les dames, en face. Pour les dames, je ne sais pas, mais pour les hommes, c’est petit mais superbe. De splendides mosaïques très colorées recouvrent les murs. C’est comme ça que j’imagine, en un peu plus grand, les termes de Rome du temps de l’empereur Caracalla.

Quand vous remonterez des toilettes, qui méritaient un détour, convenez-en, vous aurez juste en face de vous le bar. Ah, le bar ! Avec ses tables et son comptoir en bois sombre et luisant, avec ses étagères de verre pleines de bouteilles colorées et vivement éclairées, avec son atmosphère tellement calme et feutrée que les fantômes de l’entre-deux guerres doivent s’y sentir à leur aise. Et puis, jusqu’à  l’automne dernier, à gauche, il y avait la brasserie, ma brasserie. Installée à l’intérieur d’une terrasse soigneusement fermée au boulevard du Montparnasse, ma brasserie était sombre, cosy, abritée du monde extérieur humide, bruyant et venté par un épais vélum qui étouffait les sons. Les hauts vitrages à rideaux et les bacs de buis disposés sur le trottoir étaient tels qu’il n’était pas question de regarder dehors. On était tout à son repas et à sa conversation. La salle était longue et familiale. On y était installé sur des tables étroites, presque collées les unes aux autres. On était au chaud, on était bien. Jusqu’à cet automne. Pendant le mois d’août de l’année dernière, pendant que personne ne regardait, « ils » ont démoli et reconstruit la terrasse de la brasserie. Je ne sais quel iconoclaste photophile, quel comptable irrespectueux, quel logisticien frénétique ou quel décorateur scandinave a conçu ce nouvel aménagement. Voilà que ma terrasse couverte est maintenant deux fois plus grande, trois fois plus lumineuse, mille fois plus banale. Un laid parquet moderne a remplacé la sombre moquette usée. Les tables sont tellement espacées les unes des autres qu’on a presque froid. La vision des autobus que permettent maintenant les baies vitrées crée une sorte de sensation d’urgence anxiogène. Mais on parvient au comble l’inconfort avec ces vitrages du toit de la terrasse qui permettent aux pigeons et aux habitants du 171 boulevard du Montparnasse, si l’envie leur prend de se pencher à leur fenêtre, d’observer ce qu’il y a dans votre assiette. J’ai eu l’impression qu’un locataire haineux allait cracher dans mon plat. Pourvu qu’en plus il n’aille pas se défenestrer.

C’est vraiment dommage que l’on continue à transformer Paris sans me demander mon avis.

Mais le haddock est toujours bon.10-Closerie des Lilas

Ritorno al passato (Couleur café n°16)

Couleur café n° 16
Ritorno al passato
Café Ritorno al Passato
Piazza della Rotonda

Depuis des décennies, je viens sur cette place. Au soleil, à l’ombre, le matin , le soir, je l’aime. Elle rassemble toutes les couleurs de Rome. Le noir des pavés, le gris foncé du Panthéon, le bleu ciel du ciel, le bleu délavé de la façade de chez Di Rienzo, l’ocre de l’Albergo Abruzzi, le bistre, le jaune, toutes les teintes possibles de marron, la perfection de la patine. Mais aussi le rouge terne des capes des centurions qui font le tapin pour une photo, le rouge vif de la veste des serveurs du café Ritorno al passato, le noir chic de la veste des serveurs d’en face. Mais encore, les couleurs des anoraks, des laines polaires et des survêtements de la moitié des touristes de la terre, bleu roi, jaune serin, vert pomme, rose fuscia, orange travaux publics. L’élégante banane ne se porte presque plus, remplacée par le pratique sac à dos mou du citadin prévoyant et du touriste pragmatique.

Tout ça, je l’ai vu ici mille fois. Mais ce qui est nouveau, le bidule indispensable Continuer la lecture de Ritorno al passato (Couleur café n°16)

Conversation Sélecte

Couleur café 15
Le Sélect,Boulevard du Montparnasse

Le Sélect est un bel endroit mais il a peu d’histoire. Sur ce plan, il ne peut pas lutter avec La Coupole (mais la Coupole n’est plus la Coupole) ou Le Dôme (sans charme, mais gastronomique). Le Sélect est un tout petit peu mieux placé que La Palette qui, certes, a eu l’honneur de l’une de mes rubriques (« Les hommes de la Palette« ) mais qui aujourd’hui a disparu. La Closerie des Lilas demeure à l’écart de ce concours, tant sur le plan historique que géographique.

Le Sélect se trouve à l’angle du Boulevard du Montparnasse et de la rue Vavin. Contrairement à ses voisins, il n’a jamais vraiment cherché par le passé à être un restaurant ou même une simple brasserie. Non, jusqu’à il y a peu, c’était essentiellement un café, bien placé, agréable, avec sa terrasse ensoleillée et sa salle sombre et profonde. On pouvait, si on y tenait vraiment, y prendre une salade ou une omelette, mais on y commandait surtout des cafés ou des bières.

Ces dernières années, les choses ont un peu changé Continuer la lecture de Conversation Sélecte

Au Café de Flore (Couleur café n°11)

Au Café de Flore  (Boulevard Saint Germain, Paris)
Couleur café n°11
C’est la fin du mois de mars. Il fait beau et frais. Il est un peu plus de neuf heures et demie et je n’ai rien de spécial à faire dans les deux heures qui viennent. C’est le moment de me rendre dans un bistrot pour tenter de compléter ma série des « Couleur café ». Je prends un Vélib et, sans donner un seul coup de pédale ni rencontrer un seul feu rouge, je descends la rue Soufflot puis la rue de Médicis. La pente de la rue Garancière m’expédie dans un virage risqué jusqu’à l’entrée de la place Saint Sulpice. La beauté du paysage qui défile, l’inclinaison que je prends dans les courbes, le bruit du vent dans mes oreilles, le froid sur mes joues, tout ça me fait penser aux  premières descentes à ski des matins de Tignes et c’est presque Continuer la lecture de Au Café de Flore (Couleur café n°11)

Le stockfisch et la méduse

Couleur café 9

Le Soufflot, rue Soufflot

 Cet après-midi, je me suis installé tranquillement avec ma canne anglaise et mon iPad à la terrasse du café Soufflot. Il faisait doux et j’avais soigneusement choisi une table à l’extérieur, avec banquette en vannerie perpendiculaire au trottoir. De cette manière, je faisais face au bas de la rue, avec en horizon la cime des arbres du Luxembourg. J’ai commandé mon demi pression à un garçon pour une fois aimable, qui m’a servi dans les deux minutes une bière très comme il faut.

J’ai sorti mon iPad, je l’ai ouvert et je l’ai connecté à Internet par le biais du réseau wifi du bistrot. Ça a marché tout de suite.

Tout allait donc bien, très bien même. J’étais en paix avec le quartier pour ne pas dire avec l’Univers, dans des dispositions d’esprit parfaites pour travailler mon texte sur cette gentille petite scène dont j’avais été le témoin il y a quelques mois dans un autre bistrot, celui du haut de la rue Gay-Lussac, et à laquelle j’avais donné comme titre provisoire: « Le bon, la brute et les enfants ».

J’ai entrepris de relire l’ébauche que j’avais écrite le jour même de la scène.

Et puis, c’est arrivé. J’ai commencé à percevoir la voix d’une cliente installée à une rangée de tables vides de moi. Au bout d’un instant, je n’entendais plus que ça : sa voix, et surtout son rire.

Bâtie comme une méduse, elle me fait face, vautrée sur sa chaise en rotin, la totalité du bras droit posée sur le dossier de la chaise voisine. Elle porte d’horribles petites lunettes à monture rose, qu’elle a relevées jusqu’au milieu du crâne sur ses cheveux châtain. Elle doit avoir trois douzaines d’hivers. Son compagnon de table me tourne le dos. C’est un maigre barbu à peu près du même âge. Ses épaules sont étroites. Il s’agite beaucoup, lève les bras, se retourne souvent, ce qui me permet de constater son absence quasi-totale de menton (d’où la barbe). Son nez prolonge la ligne de son front. Pourtant, il ne fait pas grec antique du tout. Je note un début de calvitie. Il est équipé de lunettes de soleil d’écaille et d’une grosse serviette en cuir rouge à soufflets avec une longue bandoulière qui doit lui permettre de la porter au côté. Sa voix ne me gêne pas, sans doute un peu étouffée par sa barbe, sauf quand il l’élève pour mieux marquer un effet.

Car, il la drague, c’est évident. Pourquoi le stockfisch veut-il sauter le mollusque, je ne saisis pas, mais il n’est pas difficile de comprendre sa technique: il la fait rire. Et il y arrive très bien. Elle rit pratiquement sans arrêt, toujours de la même manière: de cinq à sept han successifs, han-han-han-han-han-han, dont la note, mais pas la puissance, descend du premier au dernier han tandis que son visage rougit. Il s’écoule rarement plus de dix secondes entre deux rafales de han. Le stockfisch doit être inépuisablement drôle, car la scène, qui avait commencé avant que j’arrive, aura bien duré une heure en ma présence. Je ne peux pas juger de la qualité de son humour ou de son esprit car je ne saisis pas ce qu’il dit (la barbe, toujours la barbe). Une autre possibilité serait qu’il ne soit que moyennement drôle, mais que la méduse ait très envie de le prendre dans ses filaments.

C’est insupportable, je les déteste. Du coup, la seule chose que je peux écrire, c’est cette horrible diatribe, ce cri de haine.

Je me lis et me relis, et je me dis que je vais l’adoucir, que je vais trouver une pirouette qui mettra en évidence mon humanité, ma bienveillance. Mais c’est l’inverse qui se produit. J’empire mon texte à chaque relecture, j’y insère des détails que je n’avais pas notés en première écriture. Je suis méchant, je sais. J’ai beau me dire que ces gens-là sont en train de passer du bon temps (avant d’en passer du meilleur), qu’ils en ont bien le droit, qu’ils disent  peut-être des choses intelligentes, que leur vulgarité fausse mon jugement….Mais au moment où j’écris ce début de contrition, je n’y crois même pas.

Je n’en peux plus, je vais laisser ma bière inachevée et m’en aller. Mais, à leur table, quelques mouvements d’un type nouveau me font comprendre qu’ils vont partir. Ils vont partir, ils partent, ils sont debout, ils fouillent chacun dans leur porte-monnaie pour y trouver leur juste quote-part de la dépense, ils discutent de l’opportunité de laisser un pourboire et de combien. Elle rit encore -han-han-han-han. Je vais exploser. Non, ils s’en vont, il faut tenir. En remontant la rue Soufflot, ils passent à côté de moi : han-han-han-han-han.

Ils sont partis.

La terrasse du café retrouve son calme. Un couple d’américain assis à côté de moi a voulu tenter l’andouillette. Deux jeunes filles face à face contemplent contemplent des feuillets couverts de stabylotages. Les étudiants de la Fac de Droit descendent la rue Soufflot en discutant tandis que les lycéens de Louis le Grand …

Je n’ai plus de sujet.

Le stockfisch et la méduse me manquent déjà.

J’aurais voulu être un dandy

Couleur Café (2): Le Comptoir du Panthéon
25 juillet 2012
La rue Soufflot penche vers la droite. Le soleil est parfaitement dans son axe. Entre deux feux verts, la rue est calme devant le Comptoir du Panthéon. Sa terrasse, à l’ombre de son dais marron, est encore fraiche. Peu de monde. A ma droite un homme jeune manipule son iPad. Il écrit de temps en temps. A ma gauche, un jeune couple basané, venu des Indes ou du Pakistan, est en train de faire le bilan de sa découverte de Paris. Comme des tables vides nous séparent, personne ne gêne personne.
J’ai fini mon croissant, pas encore mon double café. J’ai lu trois pages du Côté de Guermantes, ce qui a épuisé mon stock de concentration disponible. Comme j’ai pris la précaution d’emporter un stylo et un bloc, je me mets à écrire.

Voilà ce que j’aurais aimé faire de ma vie : écrire à la terrasse d’un café. Mener une vie de dandy. Etre  Barbey d’Aurevilly et me préoccuper de ma prochaine canne ou de ma prochaine coupe de cheveux. Être  Frédéric Moreau, et hésiter toujours, ne s’engager jamais, trouver le peuple sublime et ne jamais s’y mêler. Pourtant, ces deux personnages, l’un réel et l’autre romanesque, me déplaisent tant par leur égoïsme évident, leur futilité apparente et leur incroyable sentiment de supériorité. Mais, dans une sorte de mise en abyme, je sais que je ne pense cela que parce que je ne suis pas un dandy, parce que je suis à l’extérieur de ces personnages, alors que si j’étais l’un d’eux, aveuglé par les défauts que je leur prête, je ne verrais rien de ces mauvais aspects du dandysme et coulerais de bien beaux jours.
Être un dandy. Une petite rente. Pas trop petite quand même, assez pour habiter le Quartier Latin et n’avoir pas d’autre occupation que manger un peu, boire un peu, écrire un peu, voir des amis un peu.
Nostalgie, regrets, apitoiement sur soi, signes d’âge.

Tout va bien.

La rue Soufflot penche à droite vers la Tour Eiffel. Le 89 monte vers le Panthéon. Quelques jeunes touristes, en short et sac à dos, bouteille de plastique à la main, redescendent de la Montagne vers le Luxembourg ou le MacDo. Quelques touristes moins jeunes, en short, Birkenstocks aux pieds et sueur au front, gravissent le trottoir, face au soleil, vers le monument.
Peu d’autochtones, pas d’étudiants. Quelques belles filles pourtant. Quelles belles filles ! Quelle belle ville ! Quelle belle vie !

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