Quand je descendis du train à la gare de Martel-sur-Seine, je me demandais encore pourquoi il m’avait invité.
Je l’avais rencontré au début de la semaine dans le TGV. Il s’était assis sur le siège qui me faisait face. Il avait tout de suite engagé la conversation et pendant la première demi-heure du trajet, nous avions tenu la discussion habituelle, celle que tiennent deux inconnus réunis par le hasard et destinés à se séparer un peu plus tard et pour toujours sur le quai d’une gare. Et puis, il m’avait proposé d’aller prendre un whisky au bar. Et à partir de ce moment, il n’avait plus parlé que de lui, de ses affaires, de sa femme Françoise, de ses enfants, de sa voiture, son chien, ses chasses, sa propriété en Seine-et-Marne. Alors que le train ralentissait pour entrer dans Paris, il m’avait dit:
-Vous êtes célibataire, vous m’avez avoué tout à l’heure que vous aimiez la campagne et que le week-end vous n’avez rien de particulier à faire. Venez donc chez moi, enfin chez nous, à Martel samedi prochain. Vous verrez, c’est très agréable. Le train du samedi est très pratique, il arrive là-bas à onze heures quinze.
Le bonhomme était plutôt sympathique, et il m’avait parlé de chevaux de selle. J’adore le cheval et, faute de moyens, je n’ai pas souvent Continuer la lecture de Samedi à la campagne