Archives par mot-clé : Géraud

AVENTURE EN AFRIQUE (21)

temps de lecture : 3 minutes 

Un jour, en fin de soirée, Mamoudou était en avance pour venir nous chercher. Il était tout excité et me dit : « patron les Peuls viennent de me dire qu’à Kaoiara il y avait un charo ce soir et que nous pouvions y aller ». Je demandais ce qu’était un charo : « tu verras » ! Je demandais aux autres, ils ne connaissaient pas. Après l’aventure des zébus, je commençais tout de même à me méfier avec les Peuls mais « Bon, allé !, ce n’est pas trop loin, allons-y ».

Nous nous garons à l’extérieur du village. Nous sommes les seuls avec un véhicule. Nous nous rendons à pied sur la place principale du village. Là beaucoup de monde.

Je suis le seul “nassara”. Je me faufile pour être au premier rang suivi de mes gars. Au sol une limite Continuer la lecture de AVENTURE EN AFRIQUE (21)

AVENTURE EN AFRIQUE (20)

temps de lecture : 5 minutes 

Le lendemain soir après cette aventure, remis de nos émotions, nous nous sommes arrêtés à un puits où des animaux s’abreuvaient. Pas un cri, pas un beuglement. À chacun des deux puits, deux hommes remontaient de l’eau, avec un saut en cuir, qu’ils déversaient dans une grande outre de cuir dans laquelle venaient boire trois vaches et un veau. Au bout de quelques dizaines de secondes, au même moment, les bestiaux relevaient la tête et venait se placer un peu plus loin auprès de ceux qui avaient déjà bus. Et ils étaient remplacés par trois autres. Nous n’avions entendu aucun ordre, aucun sifflement Continuer la lecture de AVENTURE EN AFRIQUE (20)

AVENTURE EN AFRIQUE (19)

temps de lecture : 4 minutes

Le soir après le chantier, j’avais pris l’habitude de prendre une douche. Mon pantalon était alors surveillé et protégé par Issoufou, compte tenu de sa valeur puisqu’il contenait la fortune de toute l’équipée! Ensuite, pendant qu’il me préparait une soupe à la tomate, que je prenais brulante, j’effectuais les calculs sur les travaux de la journée pour vérifier qu’il n’y avait pas d’erreur ou anomalie.

Dès la première semaine de séjour, les uns après les autres mes gars tombaient malades (dysenterie). J’ai tout de suite supposé que cela pouvait venir de la qualité de l’eau. Je leur interdisais de boire l’eau du puits du village et leur imposait de consommer uniquement celle du mien. Ils vivaient tous à la capitale, buvaient de l’eau dite potable et avaient perdu Continuer la lecture de AVENTURE EN AFRIQUE (19)

AVENTURE EN AFRIQUE (18)

7 minutes

Morceaux d’aventures

L’Ader Doutchi Maggia

Un matin, début mars, une des « fatys » était venue me trouver à mon bureau, pour me dire que le directeur Amadou Cissé désirait me voir. Elle me précéda jusqu’à la porte de son bureau et vérifia par le petit trou, avant de frapper. Le chef démarra tout de suite l’entretien, m’expliquant qu’il y avait une dizaine d’années le Génie Rural avait effectué des travaux dans l’Ader Doutchi Maggia. Il me situa la région, dépendant de la préfecture de Tahoua, à l’ouest d’une ligne Malbaza-Tahoua. Il y avait été réalisé quatre retenus collinaires, dans les années 1960-1970, plus ou moins importantes, pour le compte de l’U.N.C.C. (Union Nigérienne de Crédit et de Coopération), sur les sites de Kaouara-Nord, Galimé-Mouléla, Toinfafi et Guidanmagagi. Elles étaient destinées à stocker Continuer la lecture de AVENTURE EN AFRIQUE (18)

AVENTURE EN AFRIQUE (17)

 5 minutes

Le parc du W

Le parc du W se trouve à environ 150 km au sud-est de Niamey. Ce complexe naturel transfrontalier de 10 000 km² ( 100 km X 100 km) se trouve à cheval sur le Niger, le Bénin, le Burkina-Faso. Crée en 1954, il a été reconnu « Réserve de biosphère » en 2002 par l’UNESCO. Il doit son nom à la forme en W que dessinent une série de méandres du fleuve Niger en ces lieux. Il est réputé pour ses grands mammifères : éléphants, hippopotames, lions, servals, antilopes, girafes, buffles, phacochères,… Nous nous y sommes rendus, Continuer la lecture de AVENTURE EN AFRIQUE (17)

AVENTURE EN AFRIQUE (16)

Kéita le chauffeur du porte char

Le Génie Rural possédait un peu de matériel lourd : pelles mécaniques, bulldozers, compacteurs, niveleuses, etc. Il était nécessaire de les transporter d’un chantier à l’autre, mais compte tenu de leur grande taille et leur petit nombre, cela était loin d’être quotidien. Keita était le chauffeur du porte char et faisait les transferts de ce gros matériel épisodiquement déplacé. Keita était donc souvent inactif mais faisait acte de présence et trainait dans la cour du Génie Rural. C’était un colosse Djerma, sympathique, parlant français. Je l’autorisais à venir se mettre au frais dans le bureau de la section qui était climatisée.

Un matin, Keita est arrivé dans mes locaux la mine défaite. Il n’avait pas dormi de la nuit. Je l’interrogeais et il me fit voir sa main droite entourée d’un gros pansement de chiffons : « une pièce du porte char a éclaté et m’a arraché un bout de doigt ». Je lui dis : «  je t’amène à l’hôpital », « non patron, il faut que tu soignes, tu as une petite pharmacie et il y a Madame pharmacie ». Je me suis laissé convaincre et il a défait doucement son bandage de fortune. Il manquait un bout de chair à son majeur, on apercevait l’os et l’odeur qui Continuer la lecture de AVENTURE EN AFRIQUE (16)

AVENTURE EN AFRIQUE (15)

Les girafes

Une de nos premières sorties en janvier, a été d’aller observer les girafes en totale liberté. Je les avais repérées aux environs de Boubon. Les girafes avaient migré de la zone sahélienne vers le sud à cause de la sécheresse persistante. C’est ce qui expliquait leur présence aux environs de Boubon. Après avoir laissé nos voitures en bordure de la piste, nous nous sommes enfoncés à pied dans la brousse. Après environ une demi-heure de marche nous avons trouvé notre première girafe. Et peu à peu nous nous sommes rapprochés. Nous admirions la grâce Continuer la lecture de AVENTURE EN AFRIQUE (15)

AVENTURE EN AFRIQUE (14)

Boubon

Notre première sortie avec Chantal, en immersion dans la brousse, a été notre visite à Boubon chez Illiassou Ibrahima. Le village de Boubon est situé entre la RN1 et le fleuve Niger à une quarantaine de kilomètres en amont de Niamey, en pays Djerma. Nous avions stationné notre 2CV en bordure du village et sommes entrés à pied dans les ruelles à la recherche de la case d’Illiassou. Il était rare que des Blancs s’arrêtent à Boubon. Les enfants semblaient inquiets en nous apercevant. Peu de personnes parlaient le français à Boubon. Après quelques investigations, nous avons trouvé Illiassou à qui nous nous sommes présentés. Continuer la lecture de AVENTURE EN AFRIQUE (14)

AVENTURE EN AFRIQUE (13)

Chantier de Lossa (suite)

Un matin nous avons chargé la pirogue comme à l’habitude avec notre matériel et deux bornes de 80 kg. Au milieu du fleuve, une jointure entre deux planches, étanchées avec de la fibre végétale,  commença à fuir. Malgré nos efforts pour écoper sans relâche, la situation s’aggravait et nous n’arrivions plus à évacuer toute l’eau. Arrivés à grand mal sur la berge de l’ile, nous eûmes juste le temps d’évacuer l’embarcation avec une partie du matériel… et la pirogue sombra avec une borne dans 1,5m d’eau. Le piroguier faisait grise mine. Nous avons travaillé toute la journée en bordure du fleuve. Nous nous interrogions sur notre retour. De plus, il y avait une faune importante et de temps en temps nous dérangions un caïman qui se glissait dans le lit de la rivière, ce qui n’avait rien de rassurant. À la fin de la journée pas de pirogue en vue. Il nous fallait donc envisager à traverser  par nos propres moyens. Nous avons repéré un gué, par lequel Continuer la lecture de AVENTURE EN AFRIQUE (13)

AVENTURE EN AFRIQUE (12)

Chantier de Lossa

Lossa est l’un des grands chantiers sur lequel nous sommes intervenus. Lossa est une île importante située entre deux bras du fleuve Niger à une vingtaine de kilomètres en amont nord-ouest de Niamey. La RN n°1, route qui rejoint le Mali, nous permettait de nous y rendre. Les travaux topographiques de la première tranche supervisés par Michel Granges n’ont posé aucun problème : le fond de plan et le projet était très rigoureux. J’ai écrit sur le « récapitulatif des travaux » : « Implantation de 19 stations de pompage. Chaque station de pompage a été matérialisée par une borne placée à 5 m en retrait, par rapport à la dalle supportant la pompe et dans l’axe de la conduite principale. Ces bornes étant ensuite nivelées. Cette implantation s’est basée sur les bornes existantes posées lors du relevé topographique mais l’état de certaines (fer à béton entouré d’un peu de ciment) se trouvant quelquefois à plusieurs mètres de leur position initiale, quand elle n’avait pas disparu, n’ont pas facilité la tâche des géomètres » !.

Je poursuis la lecture de mon mémoire : « de gros problèmes de déplacement, de transport de matériel, tout se faisant avec des pirogues souvent en piteux état, ont ralenti la marche des travaux mais laisseront de pittoresques souvenirs. Il serait donc souhaitable de doter la section d’une petite embarcation à moteur car l’implantation en 1974 des 20 000 mètres-linéaires de conduite se fera avec les mêmes moyens et demandera plusieurs mois de travail sur place ». C’est cette partie que je vais développer… les trajets et les interventions à Lossa avaient bien souvent leur lot de surprises.

L’une des première fois où, avec la section topo nous nous sommes rendus à Lossa, au environ de Boubon j’ai aperçu dans la brousse, non loin de la route, des girafes habituellement si difficiles à voir dans leur tenue de camouflage malgré leur taille. C’était un belle première rencontre.

L’accès à l’île de Lossa se faisait à partir du village de Sona où il existait un gué d’une longueur d’environ 200 m. Un matin, comme à l’habitude, nous présentons la Land Rover chargée au droit du fleuve, les roues avant au raz de l’eau. La profondeur n’était en général que de quelques dizaines de centimètres. Mais ce jour-là le niveau semblait plus haut. Mamoudou me dit « on n’y va patron, enlève tes chaussures ». J’obéis à l’ordre dubitatif. Mamoudou enclencha la première lente et je sentais le véhicule descendre doucement dans le fleuve. Dans le plancher il y avait de petits trous par lesquels l’eau commençait à gicler. L’eau trouble montait dans l’habitacle, je ne voyais plus mes chevilles : « il faut bien laisser la voiture se remplir pour ne pas être emporté par le courant » rajoute-t-il. Mamoudou ne voyait plus ses pédales, j’avais le pantalon trempé jusqu’au slip. Nous avons continué à rouler jusqu’à remonter sains et saufs sur la berge opposée. Cela a été pour moi une expérience assez impressionnante ! Et je dois bien avouer que ce jour pendant mon travail j’ai guetté toute la journée le niveau du fleuve, pensant au retour !

La semaine suivante, nous nous sommes retrouvés au même endroit face au fleuve. Il me semblait que l’eau avait encore monté. Je demandais à Abdou Kondo qui est à l’arrière de la voiture et savait nager : «  mets-toi à l’eau en face de la voiture et avance dans le fleuve, nous allons voir si ça passe ! ». Au bout d’une trentaine de mètres Abdou Kondo en avait jusqu’aux épaules. Alors qu’ici la pluie ne s’était que peu présentée, il avait dû bien pleuvoir sur la Guinée ou le Mali ce qui avait gorgé le cours d’eau. Il n’est pas question de traverser en voiture. La solution était : la pirogue. Nous avons trouvé non sans mal un piroguier et sa pirogue. Après avoir négocié le tarif, nous avons chargé l’embarcation pour atteindre la rive opposée. Nous avions préposé également le piroguier pour assurer le retour du soir.

En prévision des interventions suivantes, j’avais confié la réservation de pirogues au Génie Rural. Le nécessaire a été fait par voie de réquisition. À chaque intervention nous avons donc un piroguier et sa pirogue qui nous attendaient au lever du jour. La première fois, la pirogue se trouvait à proximité du lieu où des femmes et des jeunes filles faisaient leur toilette matinale entièrement nue. À notre approche elles s’étaient éloignées. Au fur et à mesure de nos interventions elles s’étaient habituées à notre présence. Nous faisions partie du paysage. Elles ne s’éloignaient plus et se trouvent régulièrement à proximité de l’embarcation. Ces femmes nues, ruisselantes, ayant de l’eau jusqu’à mi mollet, brillaient, éclairées par les rayons du soleil levant : c’était un grand spectacle. Je me suis risqué à sortir mon appareil photo. À peine saisi en main, elles faisaient disparaître leur corps et il n’y avait plus que leurs visages rayonnants qui sortaient de l’eau. Leçon de pudeur et aussi confiance. J’avais le droit de graver ces images dans ma mémoire mais pas la possibilité de les partager plus tard avec d’autres.

Au bout de quelques temps, nous nous étions “apprivoisés” et il leur arrivait de nous aider par exemple à rééquilibrer la position d’une borne dans notre embarcation. Parfois aussi, lorsque nous nous installions dans la pirogue avec le matériel, elles nous poussaient pour la mise à l’eau. Au fils des interventions, le jeu s’était invité. Parfois, une véritable bataille navale commençait, tout d’abord par des éclaboussures, nous étions presque sans défense. Puis cela s’amplifiait dans de grands éclats de rires. Nous arrivions alors à leur échapper, avec peine, mais entièrement mouillés et obligés d’écoper l’eau dans le fond de la pirogue. Un grand moment de partage et d’humour. Cela éclaire sur le caractère hospitalier et bon vivant de ces nigériennes. Le souvenir de ces baigneuses noires du petit matin a été magnifié dans ma mémoire au fil du temps.

A SUIVRE 

Bientôt publié

Aujourd’hui, 16:47 Dernière heure : Kiev, Lille, Marseille…
Demain, 07:47 Fragile des bronches – Critique aisée 226
28 Fév, 16:47 Rendez-vous à cinq heures à bord du Goncourt
1 Mar, 07:47 Esprit d’escalier n°33
1 Mar, 16:47 Rendez-vous à cinq heures : I got a woman