Archives par mot-clé : Lorenzo dell’Acqua

Les corneilles du septième ciel (46, 47, 48 et49)

Chapitre 46

L’arrêt du Conseil d’Etat annulant les résultats du référendum fut à l’origine d’une situation inédite comme n’en avait encore jamais connue le JdC. En effet, son fondateur en 1912, monsieur Emile Zola, avait imposé que l’Assemblée des lecteurs ait 51 % des voix au Conseil de Gestion du journal. Cette mesure considérée comme démagogique par la plupart de ses directeurs successifs, allait remettre en cause son existence même. Le rejet par le Conseil d’Etat Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (46, 47, 48 et49)

Les corneilles du septième ciel (45, 45bis et 45ter)

Chapitre 45

Mais pourquoi interrompre déjà le vol des Corneilles ? Cette supplique de son éditeur n’attrista pas Lorenzo, elle l’anéantit. Avant même que Lariégeoise ait évoqué avec une intuition remarquable la similitude entre les Corneilles et Ulysse, Lorenzo pensait déjà que cette histoire pourtant imposée ne pouvait en aucun cas s’arrêter de sitôt. D’abord, l’expérience le passionnait et la vie de ses personnages ne faisait que commencer ; certains avaient à peine dépassé la trentaine alors qu’aujourd’hui, grâce aux progrès de la médecine, on pouvait envisager de les faire durer jusqu’à quatre-vingts, voire quatre-vingt-dix ans. Et puis, sur un plan pratique, il s’agissait du meilleur anti-dépresseur possible.  Quand son éditeur lui demanda avec une grande délicatesse de mettre un terme à ses Corneilles, Lorenzo Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (45, 45bis et 45ter)

Les corneilles du septième ciel (44)

Chapitre 44

Une fois cette parenthèse refermée, l’auteur se retrouva dans la situation du début du chapitre précédent à laquelle il avait tout fait pour tenter d’échapper. Le boomerang lui revenait à la figure et il n’avait aucune idée sur la manière de s’en sortir avec élégance et crédibilité. La crédibilité, c’était son truc à lui, comme la fluidité était celui de Ph. De toute façon, il ne pouvait pas revenir en arrière. Philosophe, il se dit pour se rassurer qu’il ne devait pas être le premier auteur à se retrouver dans une telle impasse.

Rappelons la situation : Sophie C. est convaincue que les désirs de notoriété de son époux justifient un avis médical ce que Lorenzo dell’Acqua, un ami de confiance désintéressé, ne se prive pas de lui confirmer. Ce dernier, rancunier Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (44)

Les corneilles du septième ciel (43)

Chapitre 43

Malheureusement pour sa charmante épouse, Ph. était un perfectionniste que ses succès récents ne parvenaient pas à satisfaire. Le Prix Goncourt, la publication de ses œuvres dans la Pléiade, l’Académie Française, tout cela était bien beau mais ne lui suffisait pas. Ce qu’il voulait, lui, ce n’était ni plus ni moins que le Prix Nobel de Littérature. Lorenzo en fut informé par Sophie que cette nouvelle lubie de son désormais illustre mari inquiétait à juste titre.

Troublé lui aussi par son comportement, Lorenzo pensa que l’avis du docteur Philippe, une vieille connaissance de son amie Françoise, serait utile et discret. Ce dernier se dit fort intéressé par Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (43)

Les corneilles du septième ciel (42)

Chapitre 42

La publication de l’œuvre considérable de Ph. dans l’illustre collection de la Pléiade n’a surpris personne. Ce succès attendu et mérité, il l’aura connu de son vivant, prouesse unique partagée avec dix-huit autres célébrités. Nous n’énumérerons pas aujourd’hui la liste de ses écrits aussi éclectique que variée. Seule la présence de son roman de jeunesse, A La Recherche du Tampon Perdu, nous a semblé discutable. Certes, il le rédigea pour occuper son temps pendant un séjour au Grand Hôtel de la Santé dans le XIV ème arrondissement (voir supra) mais la trivialité et la misogynie de ce récit pornographique en ont choqué plus d’un. Reconnaissons néanmoins que ce texte écrit à la manière de son célèbre ainé possède une qualité supplémentaire : la concision. L’original ne comporte pas moins de 15 000 pages, soit 4 volumes dans la Pléiade et 7 tomes dans la collection Quattro de Gallimard, alors que le roman de Ph. dit à peu près la même chose en seulement 32 pages. Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (42)

Les corneilles du septième ciel (41)

Chapitre 41

L’inspecteur Bruno Body découvrit en feuilletant le Monde Littéraire où son ami écrivain avait puisé son inspiration. C’était dans un article de Michel Houellebecq évoquant une région de France imaginaire qui, pour des raisons économiques et climatiques, était tombée dans un isolement extrême avec pour conséquence la régression de ses habitants à l’état de bipèdes analphabètes. Cette région fictive correspondait, mot à mot, à celle où son personnage principal avait passé les vacances de son enfance. L’article de Houellebecq était un pamphlet contre les hommes politiques de droite et de gauche dont le titre, Les Partis Cultes et les Menteurs, annonçait bien la teneur. Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (41)

Les corneilles du septième ciel (40)

Chapitre 40

Bruno Body fut déçu par cette réunion de travail à la terrasse du Cyrano dont il attendait tant. Ni lui, ni Fabienne Pascaud n’en tirèrent de conclusion et encore moins la preuve de détournements coupables de l’écrivain. Plus le temps passa plus ils acquirent la conviction que ce dernier les avait menés en bateau. Ils en eurent la certitude quand, interrogé par Bernard Pivot lors d’une émission télévisée dont il était un habitué, Ph. présenta son prochain ouvrage dont la sortie en librairie était imminente. A l’évidence, il ne s’agissait pas d’un roman historique d’autant que Les bas d’Hélène n’étaient pas ceux dHélène de Troie. Difficile de deviner au résumé qu’il en fit devant les caméras s’il pouvait s’agir d’un plagia dont ils n’entrevoyaient d’ailleurs pas l’origine. Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (40)

Les corneilles du septième ciel (39)

Chapitre 39

Bien que leur ressemblance physique dépassât l’entendement, il n’y avait rien de commun entre Lariégeoise et Fabienne Pascaud. Le subterfuge organisé par Bruno était un véritable chef d’œuvre de machiavélisme, un mécanisme d’horlogerie, une bombe à retardement. Profitant avec opportunisme des troubles visuels liés à l’âge avancé de Ph., il organisa au soleil couchant un apéritif dinatoire à la terrasse Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (39)

Les corneilles du septième ciel (38)

Chapitre 38

L’inspecteur B. Body avait perdu de vue depuis longtemps son camarade devenu une icône de l’intelligentsia littéraire germanopratine. Ils ne s’étaient revus que de loin en loin aux fêtes de bienfaisance de leur Ecole où ils avaient échangé quelques souvenirs mémorables de leurs chasses en forêt de la Palmyre. Bien sûr, au moment de la disparition de Lorenzo, il ignorait comme ses collègues l’horrible chantage que ce dernier exerçait sur lui. C’est grâce aux confidences bienveillantes de Louis-Charles qu’il fut mis sur la voie en apprenant les zones d’ombres du passé de l’écrivain. A l’époque de ses débuts en littérature, Ph. montrait tout ce qu’il écrivait à son ami Louis-Charles qui, bien que n’étant pas un littéraire, fut à plusieurs reprises surpris par certaines similitudes entre ses romans et d’autres œuvres comme par exemple entre sa Bicyclette Rose et Autant en emporte le Vent. A son avis, il y avait une forte probabilité que Blind Dinner soit aussi un plagia. Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (38)

Les corneilles du septième ciel (37)

Chapitre 37

Quand Philippe Premier apprit le mariage de Françoise, il en fut abattu, pour ne pas dire déprimé. S’envolait la belle jeune fille, intelligente et drôle, qu’il était convaincu ne jamais retrouver. Pour un célibataire ayant dépassé la quarantaine, les chances de rencontrer la compagne idéale s’amenuisaient de jour en jour. Il savait sa situation quasiment désespérée même si, chaque matin, il côtoyait de jeunes internes parfois belles, parfois intelligentes, parfois drôles, mais rarement les trois à la fois. Là n’était pas la principale difficulté qui se présentait à lui, la plus importante étant en réalité leur âge : elles avaient moins de trente ans. A cet âge-là, elles devaient le prendre pour un vieux de la génération de leurs parents, ce qui n’était pas faux, et, à ses yeux, elles n’étaient que des gamines immatures. Question de génération, se disait-il avec inquiétude. Restaient bien quelques célibataires de son âge qu’il rencontrait grâce aux efforts louables de tous ses amis, mais c’était des ragotons glaciales pour lesquelles il ne ressentait ni élan amoureux, ni encore moins physique. A ces difficultés bien réelles venait s’ajouter une angoisse nouvelle due à ses états d’âme. Depuis toujours il tenait à avoir des enfants et d’ailleurs ils les adoraient. Mais plus il avançait en  âge, plus la responsabilité de leur éducation et de leur entrée dans le combat de la vie moderne lui faisait peur. Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (37)