Archives de catégorie : Critiques

Les chemins de la philosophie – Critique aisée n°206

Critique aisée 206

 Les chemins de la philosophie
Adèle Van Reeth – France Culture

Après avoir été longtemps le faire-valoir admiratif de Raphaël Einthoven dans son émission quotidienne « Les nouveaux chemins de la philosophie » entre 2007 et 2011, Adèle Van Reeth l’a reprise à son compte depuis neuf ans en commençant par revenir au titre original par suppression de l’adjectif « nouveaux ». Et l’émission très chic et doctorale de Raphaël a changé de style, pour devenir plus conviviale et accessible (ça dépend des fois, fois étant pris ici dans les deux sens de ce terme féminin, in-distinguables quand il est au pluriel… ah ben, on est dans la philo, pas vrai ?).

Longtemps, je me suis réveillé de bonne heure. Parfois, à peine le podcast commencé, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je me rendors ». Mais plus souvent, je restais éveillé dans l’obscurité, la tête posée entre les deux joues moelleuses de mon oreiller, à écouter Adèle et son Continuer la lecture de Les chemins de la philosophie – Critique aisée n°206

Il faut toujours relire Conrad – Critique aisée n°18

Souvenirs personnels
Joseph Conrad

Je ne vais pas vous faire un cours sur Teodor Józef Konrad Korzeniowski (1857-1924), mieux connu sous le nom de Joseph Conrad. Il a beau être membre permanent de la secte de mes écrivains préférés, si vous ne l’avez pas lu, je ne saurais pas vous expliquer pourquoi vous devriez.
Si vous ne l’avez pas lu, et si jamais un jour vous vous décidez, puis-je me permettre de vous conseiller de commencer par deux nouvelles : Jeunesse, et Typhon ? Vous pourrez alors prendre les romans, en commençant par La Ligne d’Ombre, Au Cœur des Ténèbres,et Lord Jim ? Après cela, vous ferez bien ce que vous voudrez.. Et si vous ne deviez jamais lire qu’un seul de ses ouvrages, pour moi, ce devrait être La Ligne d’Ombre.

Si, grâce à mes judicieux conseils, vous venez d’entrer dans le club des amateurs de Conrad, ou si, plus probablement, vous en faisiez déjà partie,  alors, maintenant, vous pouvez lire ses « Souvenirs personnels ».
Ce petit bouquin, encore jamais édité en France (sauf je crois dans la Pléiade, collection faite pour beaucoup de choses, mais pas pour être lue) vient de sortir en édition de poche (6,10€ !)
On y trouve un écrivain qui, dans un désordre accueillant, y raconte des Continuer la lecture de Il faut toujours relire Conrad – Critique aisée n°18

¿ TAVUSSA ? (73) – Pourquoi Trump fera un second mandat.

¿ TAVUSSA ? (73) – Pourquoi Trump fera un second mandat.

Le 21/12/2016, 13 jours après l’élection et 2 jours après la confirmation par le Sénat de la victoire de Donald Trump, j’avais écrit le texte que je reproduis ci-dessous. J’étais attristé, scandalisé, ému par ce que je voyais se dessiner et, quand je terminai cet article par ces mots : J’ai peur, j’étais sincère. J’en appelais sans y croire à James Stewart, Gary Cooper et au 5ème de cavalerie.

De bonnes âmes ont tenu très vite à me rassurer : « mais non, mais non, disaient-ils, tu vas voir ! » et ils me parlaient de contre-pouvoirs, et ils disaient que les sénateurs du GOP ne pourraient décemment pas laisser faire « ça » et qu’au besoin, la Constitution et la Cour Suprême seraient là pour contenir les velléités du nouveau président.

Quatre années plus tard, nous sommes à la veille de la nouvelle élection présidentielle, et rien de ce que les optimistes avaient prédit (wishful thinking, sans doute) ne s’est réalisé. Les contre-pouvoirs se sont effondrés d’eux-mêmes, les quelques voix qui Continuer la lecture de ¿ TAVUSSA ? (73) – Pourquoi Trump fera un second mandat.

Walter Mitty, c’est moi !

J’ai une tendresse toute particulière pour cette nouvelle de James Thurber, « La vie secrète de Walter Mitty », et ceci pour deux raisons.
La première, c’est qu’elle incarne pour moi le modèle de la nouvelle humoristique, avec son humanisme et ses chutes à répétition. La seconde raison, c’est que Walter Mitty, c’est moi. 

Critique aisée 42-1 (déjà publiée le 24 novembre 2014)

« Madame Bovary, c’est moi!« 

Ce qu’avait voulu dire Flaubert en lançant cette petite phrase, on ne le sait pas vraiment. Voulait-il confirmer par là qu’il avait écrit tout ça tout seul : Madame Bovary, c’est moi qui l’ai écrit tout seul ! Moins prosaïque et plus littéraire: on pourrait penser qu’il voulait expliquer que la personnalité d’Emma, son attitude devant la vie, son insatisfaction, ses déceptions, étaient le résultat de ce que lui, écrivain, avait vécu. Moins littéraire et plus psychologique: certains affirment qu’avec cet aphorisme, Flaubert avait voulu révéler la femme qui était en lui. Moins psychologique et plus people: à partir de cette petite phrase, d’autres ont même été jusqu’à insinuer que Gustave était une femme.

« Madame Bovary, c’est moi !  » Qu’est-ce que Flaubert avait bien voulu dire par là ? Hé bien, rien du tout. Parce qu’aux dernières nouvelles, Continuer la lecture de Walter Mitty, c’est moi !

NOUVELLES DU FRONT (19) – 31/08/2020

LA BÊTISE AU FRONT DE TAUREAU

Nous avons, pour plaire à la brute,
Digne vassale des Démons,
Insulté ce que nous aimons
Et flatté ce qui nous rebute ;
Contristé, servile bourreau,
Le faible qu’à tort on méprise ;
Salué l’énorme bêtise,
La Bêtise au front de taureau.

 

Il y a pire que le masque
Lundi 31 août

Le masque, c’est vrai, c’est pénible. D’abord, ça fiche de la buée plein les lunettes. Ensuite, ça gène un peu la respiration. Et puis, ça fait que souvent, nous respirons un air tiède au lieu de l’air frais auquel nous aspirons tous. Et puis, parfois, ça nous fait réaliser qu’on n’a pas toujours une aussi bonne haleine qu’on le croyait. Et puis aussi, ça empêche de voir le sourire de la jolie boulangère qui vous rend la monnaie ou de l’aimable inconnu qui vous tient la porte. Il est possible également que ça gêne sacrément la reconnaissance faciale et que, quand on y pense, c’est peut-être bien pour ça que Continuer la lecture de NOUVELLES DU FRONT (19) – 31/08/2020

¿ TAVUSSA ? (71) – Élections U.S. : on n’est pas près de le connaitre, le nom du prochain Président

Les élections présidentielles américaines auront lieu le 3 novembre prochain, en même temps que celles des représentants à la chambre, de quelques gouverneurs et sénateurs, sans compter quelques shérifs et plusieurs bibliothécaires.
Ni vous ni moi ne portons beaucoup d’intérêt aux scrutins secondaires. Ce qui nous importe, c’est de savoir qui sera le prochain président des Etats Unis.

Je ne vais pas évidemment pas me prononcer sur le résultat de cette élection, essentielle pour tout le Monde (vous noterez le M majuscule). L’histoire récente, ici, là et ailleurs, nous a appris Continuer la lecture de ¿ TAVUSSA ? (71) – Élections U.S. : on n’est pas près de le connaitre, le nom du prochain Président

RENDEZ-VOUS À CINQ HEURES (49)

RENDEZ-VOUS À CINQ HEURES (49)

31/07/2020

Guy nous conseille de regarder ce film
Démesuré comme son acteur principal
À voir absolument

FITZCARRALDO

1982

Un chef d’œuvre cinématographique, de Werner Herzog.

Je ne vous apprendrai rien de l’épopée d’un entrepreneur givré (normal pour un fabricant de glace), Fitzcarraldo, rôle tenu par Klaus Kinsky (Dieu ait son âme, mais j’en doute), en Amazonie profonde, vers les années 1900 :
Passionné par le théâtre et le Bel Canto, Fitzcarraldo veut construire une réplique du Teatro Amazonas de Manaus, mais à Iquitos, capitale de l’Amazonie péruvienne, où il pourra ensuite faire venir son idole Caruso.
Pour cela, il faut des sous, beaucoup de sous, et ce n’est pas Continuer la lecture de RENDEZ-VOUS À CINQ HEURES (49)

¿ TAVUSSA ? (70) Contre les finisseurs de phrases

Ça ne vous énerve pas, vous, les gens qui finissent vos phrases avant que vous n’ayez pu le faire ?
Moi, oui.
On ne sait pas ce qui est le plus énervant : quand ils les terminent comme vous l’auriez fait vous-même ou quand, se trompant sur votre intention, ils vous font dire n’importe quoi.

Dans le premier cas, votre frustration est grande : « Suis-je donc si prévisible, vous dites-vous, si peu original que ce casse-pieds me vole la vedette ? »

Dans le second, c’est l’agacement qui prend le dessus : « Mais à quelle vitesse faut-il donc que je parle pour que cet importun, profitant Continuer la lecture de ¿ TAVUSSA ? (70) Contre les finisseurs de phrases

RENDEZ-VOUS À CINQ HEURES (18)

RENDEZ-VOUS À CINQ HEURES (18)

01/06/20

NDLR : Le JdC va très bientôt (en fait, demain) se trouver en manque de matière pour tenir son rendez-vous de 5 heures. Si vous avez des idées à revendre, des textes à soumettre, des colères à exprimer, des enthousiasmes à partager, c’est le moment de les envoyer. Bon, mais pour aujourd’hui, il y a encore ça : 

Les Critiques Aisées, c’est bien, mais c’est un peu long à faire. À lire aussi.
Alors, dès que j’aurai lu un truc intéressant, et si je n’ai pas le temps d’en faire une véritable critique, j’en ferai une note, pas un compte rendu, mais plutôt une impression de lecture.

Jeunesse
Joseph Conrad – 1902

Autour d’une table couverte de bouteilles et de verres, cinq hommes se racontent des histoires de mer. C’est le tour de Marlow qui fait le récit de son premier embarquement sur un voilier en tant que lieutenant.

Les faux départs de Londres pour Bangkok, les avaries, les tempêtes, le feu à bord, la découverte de l’Orient : soixante pages, une heure et demi de lecture. Quatre-vingt-dix minutes d’aventure en mer, d’enthousiasme juvénile et d’écriture claire.

On n’est vraiment loin des formules toutes faites et du délayage de John Grisham dont je parlais l’autre jour. Dans ces soixante pages, pas un cliché. La description du feu couvant à bord pendant des jours puis de son éruption sur le pont est aussi saisissante que celle de l’arrivée à bon port est émouvante.

Embarquez, lisez Jeunesse, lisez Conrad, tout Conrad.

 

Mon oncle d’Amérique – Critique aisée n°205

Critique aisée n°205

Mon oncle d’Amérique
Alain Resnais – 1980
Gérard Depardieu, Nicole Garcia, Roger Pierre

L’autre jour, sur Netflix et mon canapé, j’ai vu Mon oncle d’Amérique.

Mon oncle d’Amérique, c’est un film d’Alain Resnais de 1980. Très gros succès commercial à l’époque, célébré comme un chef d’œuvre encore aujourd’hui (par Les Inrocks, notamment), Dans les rôles principaux : Gérard Depardieu, Nicole Garcia, Roger Pierre, Pierre Arditti, Marie Dubois.

Mon oncle d’Amérique est un film didactique, choral, expérimental et ennuyeux.

Quand je suis allé sur Wikipédia pour chercher l’année de sortie, je l’ai vérifiée deux fois avant de l’accepter : 1980 ! Je lui aurais donné 15 ans de plus. Quand on dit de quelqu’un qu’on lui donnerait 15 ans de plus, cela veut dire qu’il vieillit mal. Mais ce n’est pas le cas de Mon oncle… : Mon oncle d’Amérique n’a pas mal vieilli, il était vieux au départ.

Sur un prétexte scientifique souligné par Continuer la lecture de Mon oncle d’Amérique – Critique aisée n°205