Archives de catégorie : Fiction

Sacrée soirée ! (27)

27

C’est vrai que nous étions beaucoup invités à la chasse chez Fernand. J’étais même étonné qu’Anne accepte d’y aller aussi souvent, elle qui, avant, détestait la campagne. Fernand, lui, il aurait bien voulu que je vienne chaque semaine, mais c’était parce que je lui donnais des conseils sur le gibier, sur la façon de placer les chasseurs ou de conduire les battues. Il m’arrivait même de lui donner des trucs pour améliorer son tir. Il était content ! Il me le disait : « Gérald, vous et votre épouse êtes vraiment indispensables à un bon weekend de chasse ». Il m’était aussi très reconnaissant d’avoir embauché son neveu, le petit Rajchman, pour me seconder au cabinet. C’est comme ça que nous étions devenus de vrais amis, Fernand et moi. Bien sûr, déjà à l’époque, je trouvais Renée un peu snob, mais quand même, j’aimais bien aller diner chez eux de temps en temps. Il y avait une sorte de complicité virile entre Fernand et moi, un peu comme si nous avions gardé les vaches ensemble. Et puis les deux femmes s’entendaient vraiment bien, ça faisait plaisir à voir. Bref, une vraie amitié entre couples comme Continuer la lecture de Sacrée soirée ! (27)

Sacrée soirée ! (26)

26

— Ta gueule, Gérald.

Elle a dit ça d’un ton tellement calme, tellement détaché que j’ai dû mal entendre… ou mal comprendre.

— Qu’est-ce que tu dis, ma chérie ?

—Je dis : « Ta gueule, Gérald », répond-elle encore plus calmement.

— Mais enfin, ma chérie, je ne peux pas laisser cet ivrogne nous insulter de cette manière. Il faut bien que…

— Ta gueule, Gérald ! D’abord, ce n’est pas nous qu’il a insulté, c’est toi et toi tout seul. C’est toi qu’il a traité d’imbécile, de vaniteux et de bouché à l’émeri, pas moi. Ensuite, moi, ça fait déjà des années que je le sais, que tu es un con. D’ailleurs, tout le monde le sait. Renée le sait, son mari Fernand le savait, ton meilleur ami Hubert, ta secrétaire et maintenant les invités de Renée. Tout le monde, je te dis ! Continuer la lecture de Sacrée soirée ! (26)

Sacrée soirée ! (25)

25

Le bruit s’est à peine éteint dans nos oreilles que voilà Charles qui reprend la parole :

— Alors ? Elle était pas chouette, mon idée ? On apprend des trucs intéressants, vous trouvez pas ?  D’abord que le toubib couche avec la veuve, ensuite qu’elle le paie pour ça. Après ça, c’est Coco Chanel qu’abandonne son lardon chez les Thénardier, et le Delon de Cachan qu’est viré de partout parce qu’il joue comme un trombone et qu’il emmerde tout le monde et pour finir, voilà-t-il pas que Madame la Maire vend de la drogue aux gamins de la ville ! Qu’est-ce qu’on rigole ! Vous trouvez pas ? Continuer la lecture de Sacrée soirée ! (25)

Sacrée soirée ! (24)

24

Gérard, encore une qui m’appelle Gérard ! C’est agaçant, à la fin ! Je m’apprête à répliquer énergiquement à la dame mais avec calme et humour selon la règle que je me suis fixée il y a deux ans quand je me suis aperçu que la colère avait tendance à me faire perdre le fil de mes idées.

— Chère madame, commencé-je…

— Pauvre type !

Longchamp ne semble plus du tout avoir besoin de mon tabouret. C’est lui qui, très impoliment, vient de m’interrompre dans ma protestation… et avec une nouvelle insulte, en plus ! Je m’apprête à lui clouer le bec :

— Mais enfin, cher ami, qu’est-ce que je vous…

— Ta gueule, connard ! C’est pas à toi que je parle !

— Ah ! Eh bien, j’aime mieux ça, parce que sans ça… Continuer la lecture de Sacrée soirée ! (24)

Sacrée soirée ! (23)

23

Le silence est retombé sur la cuisine. Tout à coup, sur le frigidaire, le Pizon Bros fait crack, scrouitch, twouiitt et revient à la raison. Ça doit être de la harpe, maintenant ! Le comble !

— Vous ne pouvez pas arrêter de tripoter ce machin, Longchamp ! Vous ne voyez pas que ça ne sert à rien. Vous faites chier tout le monde, à la fin.

Ça, c’est Kris qui passe ses nerfs sur l’autre vedette de la soirée. Mais Longchamp, debout sur son escabeau, se retourne vers la grosse :

— Eh ! Oh ! Bouboule ! En veilleuse, s’il vous plait ! dit-il en faisant un geste de la main carrément vulgaire. Je fais peut-être chier tout le monde, mais moi, je colle pas mes enfants à l’Assistance ! J’ai aussi un fils, moi, Madame ! Mais je ne le confie pas aux Thénardier, moi ! Je le mets dans la meilleure Continuer la lecture de Sacrée soirée ! (23)

Sacrée soirée ! (22)

22

Charles n’est pas du tout de cet avis. Il fait semblant de gémir :

— Ah ben, non, alors ! Si vous avez des trucs à dire, dites-les mon vieux, ne vous dégonflez pas. La nuit risque d’être encore longue.

Pour une fois, je suis complètement d’accord avec lui. Et puis, avec appétit, il ajoute :

— Alors, qu’est-ce qu’elle a comme cadavre dans son placard, la grosse pétasse ? On vous écoute !

J’espère qu’il va y aller franchement, le toubib, parce que cette soirée est en train de devenir le plus rigolo des blind-dinners de tous les temps. Et, je rêve, on dirait bien qu’il va s’y mettre. J’en profite pour lui piquer son siège. Ce n’est pas très confortable, un tabouret de traite mais, pour ce qui s’annonce, ce sera mieux qu’un coin de Continuer la lecture de Sacrée soirée ! (22)

Sacrée soirée ! (21)

21

Tout d’un coup, Kris se lève de sa chaise en frappant un grand coup sur la table du plat de la main, et quand un bon quintal frappe du plat de la main sur une table de ferme, je vous jure que ça fait du bruit.

— En voilà assez, Monsieur ! dit-elle d’une voix forte mais calme. Vous emmerdez tout le monde avec vos jeux stupides. Les histoires d’argent qui peuvent exister entre Renée et le docteur ne regardent personne. Alors, allez cuver votre vin dans une chambre et revenez nous voir quand vous serez décent !

Charles ne parait pas déstabilisé par l’intervention de Kris. Il se tourne vers elle et d’un ton faussement contrit, il lui dit :

— Oh ben, c’est  pas gentil de me parler comme ça, ma p’tite dame ! Moi, tout ce que je voulais c’est qu’on s’amuse un peu en attendant la fin du monde. Continuer la lecture de Sacrée soirée ! (21)

Sacrée soirée ! (20)

20

C’est qu’il a l’air content de lui, le roi de la photocopieuse.

— Alors, ça vous a plu, ma minute de vérité ? continue-t-il. Pas mal, hein ? Allez, zou, au suivant !

Charles se plante devant André et, en le pointant du doigt :

—Allez, à vous, André !

Mais André n’a pas l’air partant du tout.

— Écoutez, Charles, Tout le monde se fout que vous ayez plagié la bible ou l’annuaire du téléphone et personne n’a envie de jouer à votre truc. Alors, écoutons sagement la radio en attendant le message du Président.

— Vraiment, André, vous me décevez ! Un toubib, ça peut pas avoir Continuer la lecture de Sacrée soirée ! (20)

Sacrée soirée ! (19)

19

— Bon, pas de jeu de rôle. À quoi voulez-vous jouer alors ? lance Charles à la cantonade en se versant le reste de la bouteille de bordeaux.

— Charles, foutez-nous donc la paix avec vos jeux, dis-je en soupirant. C’est pas le Club Med ici. Vous voyez bien que personne n’a envie de jouer. Et puis, ce n’est vraiment pas le moment ! L’heure est peut-être grave…

— Mais vous disiez que tout ça n’était rien qu’une gesticulation du gouvernement, un truc pour nous faire peur ? Vous avez changé d’avis, Géraaaard ?

Il le fait exprès, le salaud. Et avec un sourire ironique, en plus !

— Nom de Dieu de nom de Dieu ! Est-ce que vous allez arrêter de Continuer la lecture de Sacrée soirée ! (19)

Sacrée soirée ! (18)

 18

— Et qu’est-ce que vous proposez, Charles ? Un jeu ? demande Renée prête à beaucoup de choses pour sauver sa soirée.

— Oui, un jeu… C’est une bonne idée, dit Longchamp. Pourquoi pas un jeu de rôle ?

— Pourquoi pas ? approuve Charles. Ou alors un jeu littéraire. Qu’est-ce que vous en pensez, Gérald ?

— Oh, moi, les jeux, vous savez…

— Ne vous occupez pas de lui, dit Anne. C’est un perpétuel rabat-joie. Kris ? Ça vous amuserait de jouer avec moi, je veux Continuer la lecture de Sacrée soirée ! (18)