Bonjour, Philippines ! ( Extrait)

Ratinet est arrivé hier soir à Manille et ce matin, il s’est fait dévalisé en douceur par de faux policiers dans une fausse voiture de police, à moins que ce ne soient par de vrais policiers dans une vraie voiture  de police car avec ces gens là, on ne sait jamais. De toute façon, pour les flics, vrais ou faux, avec Ratinet, c’était l’enfance de l’art. 

(…)
La seule chose à faire, c’est du moins ce que je lui conseille, est de demander à la réception où se trouve le poste de police. Mais la réception nous conseille d’aller voir d’abord le détective de l’hôtel, à qui j’explique ce qui vient de se passer.

C’est un homme très gros et très soigné. Il porte un costume noir et un nœud papillon bordeaux sur une chemise blanche. Son bureau, à toute proximité des cuisines, est minuscule, sans fenêtre et décoré de petits papiers annotés et collés au ruban adhésif sur tout ce qui permet d’y coller quelque chose. Bien entendu, il y règne une température quasi australe. Il s’exprime avec une recherche qui va jusqu’à l’affectation. Très aimablement, mais avec une pointe de lassitude, il nous confirme que le Président Marcos a effectivement créé une nouvelle police, la Philippine Constabulary Metropolitan Command, dénommée Metrocom, que cette force dispose de voitures neuves et puissantes, qu’elles sont de couleur blanche rayée horizontalement de deux bandes bleues, qu’elles portent peint sur chaque flanc un gros écusson au nom de Metrocom-Manila et que les policiers à bord sont en uniforme bleu marine de type militaire. Il est donc conduit à conclure que Mr Wateeney a été victime de l’une de ces escroqueries contre lesquelles le présumé faux policier le mettait justement en garde. Il se réjouit, même si la victime n’est pas cliente de l’hôtel Hilton, que les choses se soient si bien terminées, il veut dire, sans effusion de sang ou autre violence regrettable. Puisqu’aucun papier d’identité n’a été dérobé, il n’engage pas ses visiteurs à se rendre au poste de police pour y effectuer une déclaration ou y déposer une plainte, tout ceci ne pouvant résulter qu’en une perte considérable de temps. Il est prêt néanmoins à leur en indiquer le chemin. Cependant, et pour tenir compte de l’éventualité toujours envisageable où l’honorable étranger aurait eu affaire à de vrais policiers en civil, il lui déconseille encore plus fortement d’entreprendre de telles démarches.

— Au revoir, gentlemen, et bienvenue aux Philippines !

Ratinet et moi sortons du bureau du détective. Lui est assommé par la prise de conscience de la perte définitive de son argent, et moi, forcément moins concerné, suis épaté par la qualité de la froide rhétorique du privé.

Au cours de mes années-voyages, j’ai appris, entièrement par expérience personnelle, que dans un pays étranger, quel qu’il soit, il y a un moment où il faut accepter de payer le péage. J’entends par là qu’il faut payer au moins une fois sa dime aux filous, aux escrocs, aux serveurs indélicats ou aux flics corrompus. Il faut payer le péage, payer pour apprendre et vivre ensuite en paix avec le pays.

A ce prix-là, je pouvais considérer que Ratinet avait payé pour nous deux.

Du coup, je l’ai invité à déjeuner.
(…)

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Une réflexion sur « Bonjour, Philippines ! ( Extrait) »

  1. Votez Ratinet bong sang, ou Lubherlu, à votre guise, mais votez saperlipopette!

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