Madame Bovary m’épuise

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On le sait, Gustave Flaubert était un travailleur acharné. Il polissait et repolissait ses phrases que cent fois il remettait sur le métier, biffant, raturant, changeant les mots, les verbes et le style. Il lisait ses textes à voix haute et considérait qu’une phrase était à éliminer si elle ne sonnait pas parfaitement. Au contraire de sa correspondance dont l’abondance et la prolixité montre une extraordinaire aisance, ses manuscrits prouvent à l’évidence que l’écriture ne lui était pas facile, ou du moins que la recherche de la perfection exigeait de lui un travail colossal.
Flaubert commença l’écriture de Madame Bovary en 1851 et l’acheva en 1856. Ses lettres à Louise Colet pendant cette période permettent de suivre la construction de l’œuvre. Le roman compte 35 chapitres. En janvier 1853, alors que son manuscrit n’en est qu’au chapitre 4, il écrit à Louise Colet et lui fait part de ses difficultés. Ses paragraphes, lui dit-il, sont bien « tournés », mais ils ne « dévalent » pas les uns sur les autres. Après deux ans de travail, il va falloir tout reprendre, peut-être même changer de style
.

« Mon sacré nom de Dieu de roman me donne des sueurs froides. En cinq mois, depuis la fin d’août, sais-tu combien j’en ai écrit ? Soixante-cinq pages dont trente-six depuis Mantes. J’ai relu tout cela avant-hier et j’étais effrayé du peu que ça est et du temps que ça m’a coûté, je ne compte pas le mal. Chaque paragraphe est bon en soi et il y a des pages j’en suis sûr parfaites mais précisément à cause de cela, ça ne marche pas.  C’est une série de paragraphes tournés, arrêtés et qui ne dévalent pas les uns sur les autres. Il va falloir les dévisser, lâcher les joints comme on fait aux mâts de navires quand on veut que les voiles prennent plus de vent. Je m’épuise à réaliser un idéal peut-être absurde en soi. Mon sujet, peut-être, ne comporte pas ce style. »

Gustave Flaubert
Lettre à Louise Colet – 29 janvier 1853

10 réflexions sur « Madame Bovary m’épuise »

  1. Il y a des gens inquiétant dans le présentiel, et la distance par les techniques n’as rien de parfaitement rassurant et savoir dire ne vous inquiétez pas nous allons tous mourir n’est pas très motivant. Des espions du web pourrait bien nous éblouir et nous égarer plus encore. Alors ne devrions nous pas nous accorder une pose après chaque phrase voire parfois des mots pour voir les intentions des interlocuteurs à savoir s’ils désirent badiner ou poursuivre une réflexion diligente en espérant qu’il ait un esprit clair et devenue confuse après avoir lue l’article? De la sorte oon passerait tous le test enfin si test il y a.

  2. HELP !!!
    Il est 7h59 et je n’ai pas reçu mon journal !!!
    Serait-ce une conséquence du dernier tremblement de terre dans les Charentes ?

  3. N’empêche que l’incompréhension de nos échanges démontrent soit l’ambiguïté des commentaires, de leur signification et de leur destinataire réel, soit les capacités limitées d’un médecin par rapport à celles d’un ingénieur. Pour éviter toute nouvelle confusion, je précise que c’est de l’humour, et pas fameux en plus. J’avais imaginé que tu croyais que mon premier commentaire, « On fait ce qu’on peut » concernait tes travaux littéraires et que tu réagissais comme d’habitude avec ta violence proverbiale (idem).

  4. J’avoue, et pas humblement, qu’une fois de plus je n’y comprends plus rien.

    Comment cela ?
    Voilà Lariegeoise qui incite les lecteurs du JdC à écrire des commentaires sur Amazon (« mais sacré nom de Dieu », à vos claviers…».).
    Voila Lorenzo qui, dans sa manière lapidaire, lui répond « On fait ce qu’on peut, Madame. »
    Et me voilà, moi, déçu par le laconisme de Lorenzo, alors que ses Corneilles nous prouvent régulièrement qu’il sait être prolixe, qui, à la manière de Cyrano, lui suggère une suite de commentaires.
    Et revoilà Lorenzo qui se plaint d’avoir été mal compris, pour la raison que j’aurais pris en mauvaise part une critique qui en réalité ne m’était pas adressée et qui implore l’avis du Sphinx du Québec.

    Maintenant, laissez-moi réfléchir.
    En quoi « On fait ce qu’on peut, Madame. » peut-il être considéré comme une critique à mon égard ?
    Et d’ailleurs, y a-t-il dans toute l’œuvre de Lorenzo, commentaires compris, une seule phrase qui puisse être prise pour une critique de mon travail ? (Il ferait beau voir !) De la blague, du calembour, de l’ironie à l’égard de mon comportement allégué, oui, certainement, mais de critique de ce que j’écris ? Non, je n’en vois pas.
    En l’occurrence, je n’ai surement pas « pris pour moi » cet aphorisme résigné « On fait ce qu’on peut, Madame. » Comment l’aurais-je pu ?

    Si l’on veut vraiment savoir ce que pense le Sphinx du Québec de cette question, à supposer qu’il lise secrètement le JdC, ce que je ne crois pas, il devrait suffire de la lui poser sur son blog dont voici l’adresse :
    https://ravoltblog.wordpress.com/
    Mais, si je peux donner un conseil, j’éviterais de le faire car le spécialiste de la communication convoqué ne fera probablement qu’ajouter de la confusion à la confusion, déborder le vase avec sa goutte d’eau et mettre le feu au lac en criant au loup.

  5. Voilà bien le danger des modes de communication contemporains à la fois commodes, rapides mais pervers. Mon commentaire ne concernait pas du tout l’œuvre de notre rédacteur en chef et pourtant ce dernier l’a pris pour lui. Et c’est là où le spécialiste de la communication nous aurait été très utile parce qu’avec les sms, les mails et autres moyens modernes de communication, les pensées émises sont parfois complètement perverties. Qu’en pense René-Jean ?

  6. Je m’appelle en réalité Lorenzozo, je suis un fan de l’Ardiséchoise, je n’ai rien compris au commentaire de Philippe Ohjuste mais je suis tout-fait d’accord avec celui du dénommé Gustave dont la réflexion suivante m’interpelle vachement : « chaque paragraphe est bon en soi et il y a des pages j’en suis sûr parfaites mais précisément à cause de cela, ça ne marche pas ».
    Merci à notre rédacteur en chef de développer pour notre formation

  7. @Lorenzaccio
    Tout d’abord, ce n’est pas Larchidéchoise, mais Lariegeoise.
    Ensuite :
    « On fait ce qu’on peut Madame… »
    Ah non ! C’est un peu court, jeune homme
    On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…
    En variant le ton, – par exemple, tenez :
    Critique : les dialogues ne sont même pas finis : on ne sait pas ce qui se dit derrière les trois petits points
    Admiratif : 430 pages et seulement 12 fautes d’orthographe !
    Moqueur : Le Rosebud, le Chabanais, la Rue Delambre, la Marquise de la Muette, ce n’est pas un roman, c’est un pèlerinage…
    Militaire : douze balles dans la peau que je lui aurai collées, moi, au Stiller !
    Connaisseur : j’ai très bien connu le Chabanais ; dans l’entrée, le carrelage n’était pas noir et blanc mais rose et vert.
    Nostalgique : Ah! La terrasse du Capoulade à l’heure de la sortie des amphis de la fac de droit !
    Précis : le Café Le Cujas ne faisait pas l’angle Bd St-Michel/ Rue Cujas. Il était un peu plus haut dans la rue Cujas. Donc, pas de Bd St-Michel : pas de terrasse, pas de terrasse : pas de photo, pas de photo : pas d’histoire, pas d’histoire : pas de roman, pas de roman : pas d’avis sur Amazon, pas d’avis sur Amazon : ouf !

  8. @ Larchidéchoise : On fait ce qu’on peut, Madame.

  9. Subtile déduction et joli commentaire, Lariégeoise, et remerciements sincères ! Juste une correction : mon histoire n’est pas celle de Ben Stiller, acteur américain, mais de Dashiell Stiller, vétéran, photographe et écrivain américain. Son prénom n’est pas inspiré par celui de l’écrivain Hammett, mais par celui d’un petit garçon américain que je connais.

  10. Et oui c’est bien ce que je pressentais, Ph corrige les épreuves du CUJAS, renommé histoire de BEN STILLER.
    Mettez à jour votre abonnement Amazon ( moi en particulier), gardez un temps de lecture assez conséquent ( vous pourrez lire des passages aux p’tits loups au lieu de toujours les ogres , les animaux qui parlent , les dinosaures cornus- (adaptez à leur age-)
    Surtout partez marcher , courir , enfin préparez vous à une page d’écriture fine , intelligente , subtile, non flagorneuse, sincère , exhaustive: « mais sacré nom de Dieu », à vos claviers….

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