Rendez-vous à cinq heures : fausses critiques

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Fausses critiques

Bravant le Covid et ses affluents je suis allé récemment au cinéma deux fois de suite. Choisissant mes salles et mes horaires, chapeauté, ganté, masqué, incognito, j’ai pu voir la, première fois Les Illusions perdues et, la deuxième, Licorice Pizza.
Étant plutôt occupé en ce moment à procrastiner la poursuite de la rédaction d’un nouveau roman qui pour l’instant n’est écrit la moitié, je n’ai pas le temps aujourd’hui d’écrire de véritable « Critique Aisée » sur ces deux films.
Je n’en dirai donc que quelques mots, destinés, comme toute critique qui se respecte, non pas à l’analyse de ces œuvres mais à vous faire savoir ce que j’en ai pensé, car c’est bien ça que vous êtes venu chercher ici , n’est-ce pas ?

Les Illusions perdues
Xavier Giannoli – 2021
Allons-y franchement : Ce film, d’un grand classicisme, est une vraie réussite. La reconstitution est parfaite de cette étrange époque de la Restauration ou les Libéraux, les Républicains et les Ultras s’opposent violemment par voie de presse, de billets et de pamphlets, de fausses nouvelles et de vraies diffamations, où les carrières de journaliste, de poète ou d’acteur se font et se défont à coup de pots de vins et de claque rémunérée.
Je n’en raconterai pas davantage sur l’intrigue, vous n’aviez qu’à lire Balzac quand on vous le demandait au lieu de vous plonger dans les exploits érotiques de Son Altesse Sérénissime Malko Linge.
Sachez seulement que les décors et les costumes sont à la hauteur des acteurs, de tous les acteurs, très bons,  y compris Gérard Depardieu (et ce n’est pas tous les jours). Le film est long, deux heures et demi, mais monté de façon linéaire, je veux dire sans flash-back (qu’est-ce que ça fait du bien, un film sans flash-back), sous-tendu par un excellent texte en voix off très présent (qu’on peut sans risque soupçonner de sortir tout droit de chez le bon faiseur, Balzac), on ne s’ennuie pas une minute, on est accroché au train d’enfer de Lucien de Rubempré.
La peinture du grand monde (les émigrés sont de retour) et du monde de la presse (les journalistes sont vénaux) est sévère. Elle est tellement sévère que les seules critiques négatives qu’a rencontrées ce film ont été émises par les modèles d’indépendance d’esprit que sont Libération, Les Inrocks et les Cahiers du Cinéma. Ils ont vu dans le film une attaque nauséabonde de leur métier (nauséabond est le  mot consacré pour définir tout parfum critique pouvant émaner de la droite du centre-gauche). Pour ce qui est de la critique virulente du Grand Monde, il s’en foutent, bien sûr, car le Grand Monde n’existe plus, lui.

Licorice Pizza
Paul Thomas Anderson – 2021
Film long lui aussi, deux heures et quart, et cela fini par se sentir.
Une gentille histoire, très originale, d’un gros garçon souriant et entreprenant qui, à quinze ans, a le coup de foudre pour une jeune femme de dix ans plus âgée qu’il vient à croiser dans une allée d’un collège de Californie vers 1970. Lui, quinze ans, en parait davantage, elle, vingt-cinq, peut en paraitre moins, mais quand même, entre quinze et vingt-cinq ans, ça fait une sacrée différence.
De façon assez charmante, le film tourne autour de leurs relations, dont je crois bien qu’elles demeurent platoniques tout au long du film, leurs ruptures, leurs réconciliations.
C’est charmant et parfois amusant, mais décousu et répétitif et on finit par s’ennuyer un peu. Le film connait un gros succès critique et populaire. Moi, je reste modéré et, à la Californie des années 70, je continuerai à préférer celle des années 60 avec American Graffiti. Et ce n’est pas qu’une question d’âge.

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