Faut-il dissoudre le peuple ?

 Voici ce que j’écrivais le 16 novembre 2016. Pour le lire avec profit, il faut d’abord se rappeler que :
— Le Royaume Uni avait voté pour le Brexit le 23/06/2016
— Donald Trump avait été élu Président des États-Unis le 8/11/2016
— Et qu’une élection présidentielle se profilait en France pour le 7/05/2017 avec de fortes probabilités pour que Mlle Le Pen participe au second tour, ou pire.

Êtes-vous de l’avis qu’à ce texte, à part les dates, il n’est pas nécessaire de changer quoi que ce soit ?

 

 Faut-il dissoudre le peuple ?

Pour l’extrême droite comme pour l’extrême gauche et, quelques fois, même pour la gauche non extrême, l’élection de Donald Trump, c’est le sursaut attendu des indignés, des oubliés et des déçus de toutes sortes contre le système, c’est la victoire du peuple contre les élites et des tas d’autres choses tout aussi lyriques et enthousiasmantes.

Bon. Si on veut.

Mais si la victoire du peuple contre les élites, c’est mp la désignation comme président des États Unis d’un homme, qui, vu à travers la campagne qu’il a menée, peut être qualifié de raciste déclaré, de xénophobe affirmé, de sexiste assumé, d’impulsif incontrôlable, d’ignorant crasse, de menteur invétéré, d’affairiste autoproclamé et de brute incarnée (et nous n’avons pas fini de le découvrir), ne serait-il pas temps, comme disait Berthold Brecht, de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ?

J’imagine déjà vos réactions à vous autres, âmes sensibles, devant cette question interdite : est-ce la faute du peuple si Trump a été élu, si l’Angleterre a largué les amarres et part à la dérive, si Mademoiselle Le Pen a toutes chances d’être au second tour des élections présidentielles françaises et des chances réelles d’être élue ?

Les Américains sont-ils devenus furieux (totally mad), les Anglais légèrement dérangés (rather deranged) et les Français totalement stupides (completely nuts) ?

Ne répondez pas tout de suite. Dites-vous d’abord ceci :

Pour ce qui est des USA :

The Donald a été élu avec moins de voix que Mme Clinton
– Les électeurs du Donald représentent seulement un électeur sur quatre (plus exactement 25,5% de l’électorat)
-Il y a donc 3 électeurs sur quatre qui n’ont pas voté pour le Clown

(Il n’est pas question ici de contester l’élection d’Achille Zavatta, jusqu’à preuve du contraire régulièrement élu. Mais quand même ! Quelle drôle de loi électorale ! Élaborée dans leur sagesse par ceux que les Américains appellent les Pères Fondateurs pour éviter ce qui vient justement de se produire, il serait peut-être temps de la réviser. Mais faisons confiance au Donald pour le faire le jour où ça l’arrangera.)

Pour ce qui est de la Grande-Bretagne :
-Le Brexit a été voté par les vieux contre les jeunes, par les campagnes contre les villes et par les non-comprenants contre les diplômés.
-Le lendemain du vote, un des promoteurs importants du Brexit reconnaissait qu’il s’était trompé dans ses calculs.
-Le même jour, une partie des électeurs du Brexit (suffisante pour faire basculer le résultat) avouait qu’ils regrettaient leur vote.

Il ne s’agit donc pas (pas encore) de qualifier les Anglais d’abrutis définitifs, ni de désespérer (déjà) de l’Amérique. Il s’agit de serrer les fesses pendant les quatre prochaines années et de ne pas se tromper (j’allais dire Trumper, mais c’est vraiment trop facile) en avril prochain.

Ce serait vraiment trop bête que, sachant tout ce que nous savons aujourd’hui, intelligents comme nous sommes, nous butions sur le même caillou que les Anglais pour tomber dans le même trou que les Américains.

Alors ?  À votre avis, y a-t-il quelque chose à changer ? 

4 réflexions sur « Faut-il dissoudre le peuple ? »

  1. Ibrahim Raisi a disparu dans un accident d’hélicoptère. C’est ainsi qu’Allah est grand!! Depuis , nous le vulgum pecus, découvrons qui était réellement ce dirigeant. Il mit en œuvre un moyen radical pour dissoudre le peuple: l’exécution pure et simple des contestataires, l’élimination des catalyseurs quoi. Cette méthode sera-t-elle vouée au succès à la fin des fins? Ce n’est pas sûr. D’où la question posée: un peuple est-il soluble dans son intégralité? Certains dirigeants en rêvent, notamment tous des copains sans scrupules de Raisi: Erdogan, Putine, Xi, etc. Le cas du clown Trump est différent. Cela me rappelle une parole sage d’Abraham Lincoln, à peu près de mémoire: on peut satisfaire une minorité du peuple longtemps, on peut satisfaire une majorité quelques temps, mais on ne peut pas satisfaire tout le monde tout le temps. Ouais! La solubilité du peuple n’est jamais garantie, elle peut produire un magma à la consistance, la couleur, l’odeur improbables, soit une cristallisation incassable. Faut voir en ces temps incertains. La grande inconnue du moment est celle du peuple américain. On saura bientôt.

  2. Faut-il dissoudre le peuple, c’est à dire le populus ayant le pouvoir de voter selon les romains? Pourquoi pas, mais 1/ le peuple est-il soluble? et 2/ soluble dans quoi? La réponse est qu’il se dissout tout seul en submersion consentante dans les réseaux sociaux agissant en catalyseurs, soit que ces derniers soient le fait de la liberté d’expression dans les démocraties occidentales, soit le fait du pouvoir autocratique ailleurs.

  3. D’abord parler de Caillou , avec ce qui se passe en Nouvelle Caledonie , est assez savoureux: mais hélas symptomatique de l’évolution de ce que tu appelles le peuple: as tu regarder l’Eurovision ? As tu compris que les minorités bondissantes sont celles que les réseaux sociaux valorisent : influenceur est devenu le maître mot du monde : une petite vidéo et hop tik tok te récompense d’une flopée de like : le tout à l’ego , selon mon cher Murray s’est emballé , et rien n’arrêtera l’exhibitionnisme contemporain : la raison est occultée par un désir de récompense immédiat.
    Donc changer le peuple ne sert à rien … les populistes ont de beaux jours devant eux…

  4. Tout pour que rien ne change! Le peuple américain continuera à pouvoir élire des Trumps, le peuple russe des Putines, le peuple iranien des ayatollahs, etc, etc. Chaque peuple soit disant démocratique pour cause électorale a son opium qui le fait subsister. En France c’est le pouvoir contestataire, voter pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour, alternativement. Le fonctionnement de la démocratie donne le tournis.

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