Archives mensuelles : août 2016

L’histoire ? On s’en fout !

Au temps où l’invention d’un sujet nouveau était considéré comme une tricherie, La Fontaine s’est efforcé d’imiter Esope et Phèdre, Molière a cru traduire Plaute, Racine fit le disciple modeste d’Euripide : ce sont trois génies purement français, d’une originalité rayonnante qu’ils n’avaient certainement pas recherchée. Ce n’est ni le sujet ni la matière d’une oeuvre qui font sa nouveauté : c’est la démarche de l’esprit de l’auteur, sa vision du monde, le son de sa voix, l’invention et la maîtrise de sa propre langue.

Marcel Pagnol – Cinématurgie de Paris – 1980

Je vous l’ai dit cent fois : l’histoire, on s’en fout ! C’est le style qui est important.

Le cercle de famille

J’ai épousé une veuve qui avait une fille que mon père épousa. Mon père devenait ainsi mon gendre et ma belle-fille devenait ma belle-mère (puisqu’elle est la femme de mon père).

Ma femme et moi avons eu un fils, donc frère de la femme de mon père, par conséquent mon oncle (puisqu’il est le beau-frère de mon père).

Mon fils est donc mon oncle.

La femme de mon père a eu à Pâques un garçon qui est à la fois mon frère et mon petit-fils puisqu’il est le fils de la fille de ma femme. Je suis ainsi le frère de mon petit-fils et, comme le mari de la mère d’une personne est le père de celle-ci, il s’avère que je suis le père de ma femme et le frère de mon fils.

Je suis donc mon propre grand-père.

Tout étant mis au clair, j’ai demandé pour Noël un train électrique et une assurance-vie.

Rapporté par Paul Delcampe
inspiré par les travaux de Sarah Wojakowski, généalogiste

NDLR- Pour une parfaite compréhension de ce cercle de famille et pour en parachever la quadrature, ajoutons que son père est maire et que son frère est masseur.

 

Cours de mythologie 1ère année-Leçon 2

La fin des haricots

En ce temps-là, c’était l’Age d’Or. Les dieux et les humains vivaient chacun de leur coté en bonne intelligence. Le travail n’existait pas, les femmes non plus, la nature était généreuse, les animaux étaient amicaux et même soumis à l’homme. Bref, on s’ennuyait ferme. Prométhée aimait bien les humains, mais il aimait encore plus faire des blagues à Zeus. Il décida donc de voler le feu du ciel et d’en faire cadeau aux hommes.

On a dit ici comment Zeus punit Prométhée puis comment, malgré son serment, il mit fin à sa punition.

Mais, pendant ce temps, les hommes, maintenant équipés de ce qui était autrefois l’apanage de Zeus, ne se prenaient plus pour la moitié d’un confetti. Ils faisaient des trucs et des machins de plus en plus compliqués et se jugeaient les égaux des habitants du Mont Olympe.

Il fallait donc les punir et, là-dessus, tous les dieux étaient d’accord.

Ils créèrent donc la première femme et l’appelèrent Pandora. Ils l’équipèrent d’abord de tous les attraits de la beauté physique. Ensuite, ils façonnèrent son caractère : ils la firent insatiable, insatisfaite, menteuse, jalouse et curieuse. Ceci fait, ils l’envoyèrent chez les humains.

Les hommes tombèrent tous amoureux de Pandora et, pour satisfaire les exigences infinies de cette splendide créature, ils durent se mettre à travailler.

Ce fut la fin de l’Age d’Or, la fin des haricots…

Sans parler de la petite boîte…

Contrôle des connaissances :
(Le temps de réponse est limité à moins de temps qu’il n’en faut pour le dire)
1- Pourquoi l’Age était-il d’Or ?
A) parce que les femmes n’existaient pas 
B) parce que le travail n’existait pas
C) parce que les moustiques n’existaient pas
 
2- Comment s’appelait la première femme ?
A) Germaine
B) Pandora
C) D2-R2
 
3-Qu’est-ce que la boite de Pandore ?
A) un célèbre night-club
B) un sacré truc
C) un foutu machin 

 

L’Angleterre est matérialiste

Morceau choisi

Quoi qu’elle fasse ou dise, l’Angleterre est matérialiste, à son insu peut-être. Elle a des prétentions religieuses et morales, d’où la spiritualité divine, d’où l’âme catholique est absente, et dont la grâce fécondante ne sera remplacée par aucune hypocrisie, quelque bien jouée qu’elle soit. Elle possède au plus haut degré cette science de l’existence qui bonifie les moindres parcelles de la matérialité, qui fait que votre pantoufle est la plus exquise pantoufle du monde, qui donne à votre linge une saveur indicible, qui double de cèdre et parfume les commodes ; qui verse à l’heure dite un thé suave, savamment déplié, qui bannit la poussière, cloue des tapis depuis la première marche jusque dans les derniers replis de la maison, brosse les murs des caves, polit le marteau de la porte, assouplit les ressorts du carrosse, qui fait de la matière une pulpe nourrissante et cotonneuse, brillante et propre au sein de laquelle l’âme expire sous la jouissance, qui produit l’affreuse monotonie du bien-être, donne une vie sans opposition dénuée de spontanéité et qui pour tout dire vous machinise.

Balzac- Le Lys dans la Vallée