Archives mensuelles : janvier 2016

Les huit salopards (Critique aisée n°64)

Les huit salopards (Hateful eight)
2015-Quentin Tarantino
Samuel Jackson, Kurt Russell, Tim Roth et quelques autres.

Tarantino a encore frappé.
Deux heures et quarante-sept minutes, soit deux de plus que son film précédent, Django Unchained.
En son temps, j’en avais fait une critique peu indulgente. Mais maintenant, je me dis qu’au moins, il y avait une ou deux scènes avec Leonardo di Caprio et une blague ou deux rigolotes.

Ici, rien.

Un film ennuyeux, bavard, interminable, Continuer la lecture de Les huit salopards (Critique aisée n°64)

Pas des gens comme nous

Moi,  on m’a toujours dit, Bill, tu sais, les nègres, c’est pas des gens comme nous.

Et c’est vrai que c’est pas des gens comme nous. Il suffit de les regarder, on voit tout de suite que c’est pas des gens comme nous.

Bon, bien sûr, y a la couleur, mais ça, c’est pas le principal. Et puis, moi je dis  que leur couleur, ils y sont pas pour grand-chose. C’est comme leurs cheveux ou leur nez ou leur bouche, tout ça c’est pas vraiment de leur faute.

Je me rappelle le jour où j’ai dit ça un soir à la ferme. Y avait toute la famille en train de diner. C’était juste après la moisson. Je sais plus pourquoi, d’un coup, j’ai dit :

-Mais P’pa, les nègres, si y sont noirs, c’est pas de leur faute !

Dis-donc ! Le père, il a recraché sa soupe, il a renversé sa chaise en arrière et il s’est mis à me courir après à travers la grande pièce avec Continuer la lecture de Pas des gens comme nous

Aux croisés

A cette jeune femme qui traversait la rue Gay-Lussac et qui pleurait dans son iPhone blanc,
A cet enfant qui riait parce que les pavés du parvis de Saint Jacques du Haut Pas faisaient vibrer sa patinette,
A cette vieille dame, pliée, tordue, cassée, souriante, et qui jetait sa béquille et sa jambe en avant vers les jardins du Luxembourg,
A ce chien solitaire qui trottait, affairé, vers le marché Port Royal,
A cet artisan qui dormait dans sa camionnette en attendant 8 heures,
A cette jeune asiatique inquiète qui cherchait la rue d’U.L.M.
A ce grand noir qui rêvait au comptoir du Risalé,
Au petit noir dodu qui dessinait du doigt des verres sur le zinc du Floréal,
A cette femme-méduse qui gloussait à la terrasse du Soufflot,
A ces passagers du fourgon fonçant vers la Santé,
A ces deux-là, en contre-jour, à la terrasse du Flore,
Aux fantômes de chez Lipp,
A la dame du Sélect et à ses chevaux,
A la fille du Cours Mirabeau,
Aux garnements d’Abidjan,
A cet homme qui pleurait son chien mort,
Au marchand de piles de la rue Delambre,
Aux étudiants en droit qui descendent la rue Soufflot,
Aux touristes en birkenstock qui la remontent,
Au maître de Viktor,
Aux Belges de la cathédrale,
Aux radins du Rostand,
A la gueule de Houellebecq,
A ceux qui nous ont remplacés au Ferret,
A la serveuse de Lafayette Street qui ressemblait à Hélène de Troie,
Au perchiste du téléski des Merles,
A Boris, à Mikhaïl et à Spitz,
Au Romain à chemise grise, col Mao fermé et serviette de cuir noir,
Au pisteur et son chien qui souriaient en descendant la première Daille,

A ceux que j’ai croisés,
A ceux qui sont partis,
A ceux qui viendront,

A ceux-là aussi, je souhaite une bonne année.