Archives de catégorie : Thème imposé

Retour sur Andromaque

temps de lecture : 5 minutes

Ô toi, lecteur fidèle ! Et toi, commentateur assidu ! Et peut-être aussi toi, badaud épisodique ! Reconnais donc que c’est grâce à moi que tu as connu la vérité sur les circonstances de la mort de César ; que c’est bien par mon truchement que tu as entendu le récit de Quintus Tertius, ce militaire en retraite qui malencontreusement voulu changer de coiffeur en ce jour maudit des Ides de Mars 44 ; que c’est bien son récit qui t’a révélé comment et pourquoi Marc-Antoine, ami et garde du corps du grand Jules, avait abandonné son poste, permettant ainsi à une bande de politiciens bedonnants et craintifs de trucider sévèrement le plus grand homme que Rome ait connu avant qu’Octave n’entre en scène dans le costume d’Auguste.

Tu te rappelles donc que Quintus Tertius, après avoir acheté Disiset, une jeune et jolie esclave fraichement arrivée de Cyrénaïque, pour remplacer son coiffeur barbare et récemment défunt du typhus, avait changé son nom en Andromaque, plus convenable selon lui pour une coiffeuse. La jeune artiste capillaire avait attiré l’œil toujours en alerte de Marc-Antoine qui Continuer la lecture de Retour sur Andromaque

Pour faire un œuf à la coque

2 minutes

Recette n°18

Pour faire un œuf à la coque :

1—Tout d’abord, acheter une résidence secondaire à la campagne. La choisir avec soin, pas trop chère, mais pas trop loin non plus. La toiture devra être en bon état, mais le nombre de pièces est indifférent. La surface du terrain ne devra pas être inférieure à cinq cents mètres carrés.

2—Si nécessaire, défricher le terrain. Abattre quelques arbres pour avoir du soleil, c’est important, mais en laisser quelques-uns pour avoir de l’ombre, c’est primordial. Au besoin, planter.

3—Labourer, sarcler, emmotter, semer du gazon, rouler, arroser à bon escient mais avec parcimonie.

4—Ajouter quelques fleurs et quelques Continuer la lecture de Pour faire un œuf à la coque

L’humour et l’esprit

Qu’est-ce que l’Humour ?

L’humour, c’est la politesse du désespoir.
Qui a dit ça ? Oscar Wilde ? Chris Marker ? Victor Hugo ? On ne sait pas vraiment, mais peu importe. Cette définition me plait bien. Elle n’est pas très lointaine de celle de l’humour juif : « rire pour ne pas pleurer ».
Attention ! Très important ! L’humour ne doit en aucun cas être confondu avec la raillerie des cours de récréation, l’ironie de France-Inter, les sarcasmes de Charline Vanhoenacker, les contrepèteries de mon cousin, les calembours de votre beau-frère, les histoires de Toto, les gracieusetés de Bigard, les lourdeurs de Laurent Baffie…
L’humour se moque de lui-même, comme Pierre Desproges dans son histoire des piles pour transistor, comme Marc Jolivet dans Continuer la lecture de L’humour et l’esprit

Divers mots d’hiver

Le petit Robert et ses parents sont heureux de vous faire part de l’entrée des  nouveaux mots suivants dans l’édition d’hiver de leur dictionnaire :

Acramesticanteux : décollé sur les bords

Biretin : se dit d’un agriculteur atteint de pédantisme 

Blavut : rejeton de présence

Carpoune : biscuit croate à base de prane séché

Erclansture : 1) réverbère flamand ou 2) poisson pyromane

Honcre : ergastule ordinaire, mais usée Continuer la lecture de Divers mots d’hiver

Je reste ouvert

Récemment, rebondissant sur son texte « Un café ? Non merci ! » publié ici il y a un eu plus d’un an, Lorenzo a souhaité que « j’apporte un peu de contradiction à mon enthousiasme pour les cafés »

Étrange demande  que celle qui m’est faite de m’apporter à moi-même ma propre contradiction. Bien sûr, il m’arrive, à moi comme à d’autres, de dire tout et son contraire et même n’importe quoi, mais moi, quand je le fais, c’est involontaire et je préfère l’expliquer par mon manque de mémoire que par ma versatilité ou ma schizophrénie.

Dans le cas présent, celui des cafés, il m’est difficile de contredire aujourd’hui ce Continuer la lecture de Je reste ouvert

« Je me souviens » ou « Faut jamais rien raconter à personne »

Il est très possible que parmi les nombreuses résolutions que vous avez prises hier soir dans la confusion mentale et les vapeurs de l’alcool figure celle d’écrire. 
Ne vous inquiétez pas, c’est normal. La plupart du temps, si ça ne se dissipe pas avec les brumes matinales, ça passe en fin de journée. Ou le lendemain.
Si cela devait persister, ne vous inquiétez pas davantage, car il n’est jamais trop tard — regardez moi — ni trop tôt — regardez Sagan — pour commencer à le faire. Mais ne croyez surtout pas cette sentence imbécile à la Paolo Coelho selon laquelle  tout homme est capable d’écrire un roman : celui de sa vie ! Le moindre péquin est capable de chanter sous sa douche, mais mettez le seulement sur une scène ! 

Ecrire n’est pas facile en général, surtout quand on est équipé d’un peu de sens critique, car, la plupart du temps, il vous conseillera de passer votre production au broyeur. Mais le plus souvent, c’est une méthode qui manque au débutant et la lecture de ce qui suit pourrait lui faire gagner un peu de temps. Celle que je préconise est celle du « Je me souviens« , éprouvée dès 1970 par Joe Brainard dans son recueil « I remember« , puis par Georges Perec en 1978 avec son « Je me souviens ».  Voici ce que j’en disais il y a quatre ans : Continuer la lecture de « Je me souviens » ou « Faut jamais rien raconter à personne »

Écrire comme Modiano

       Il l’avait photographié depuis le bus qui l’emmenait ce jour-là le long de la Seine. Mais où précisément, il ne s’en souvenait pas. Au Louvre peut-être. La photo de cet homme aux cheveux blancs, à l’âge incertain – plus de soixante, sûrement, mais combien au juste ? – qu’il ne connaissait pas mais qu’il mourait d’envie de connaître lui fit oublier sa station de destination ; il resta debout à côté du chauffeur auquel il venait de demander si les embouteillages allaient perdurer. Sa réponse avait été négative et il s’aperçut qu’une fois encore il s’était adressé à lui sans même lui avoir dit bonjour, comme une question comminatoire ou un ordre adressé à Continuer la lecture de Écrire comme Modiano

Sémantique

Vous avez peut-être déjà lu cette lettre que j’adressai il y a cinq ans passés à un cher confrère. Vous n’y aviez probablement rien compris, tant le fond en est complexe et le style ardu. Ne vous mettez pas martel en tête, ce n’est pas totalement de votre faute, mais quand même, si vous aviez travaillé un peu plus à l’école, on n’en serait pas là.
Aujourd’hui, une seconde chance vous est donnée d’appréhender enfin les raisons de mon désaccord persistant avec ce confrère honorable (because Brutus is an honorable man).

Mon cher ami,

J’ai lu chacune des quatorze pages de votre dernière lettre avec la plus grande attention et, faut-il le dire, avec le plus grand plaisir. Votre façon d’aborder les problèmes que pose la situation actuelle des rapports entre le signifiant et le signifié et leur éloignement constamment croissant comme deux simples galaxies après le Big Bang, est à la fois classique et novatrice, sobre et brillante, simple et Continuer la lecture de Sémantique

Offres d’emploi

Ces offres d’emploi ont déjà été publiées en fin 2014. Les postes n’ayant toujours pas été fournis, nous les publions à nouveau la liste après l’avoir mise à jour.

Le Ministère de l’Administration des Ministères et de la Procrastination de la Réforme de l’Administration recherche plus ou moins activement à pourvoir les postes suivants:

Revendeur de trous
Vérifieur de certifications
Certifieur de vérifications
Videur intersidéral
Remplisseur de boîtes de nuit
Entraineur de chaises de jardin
Calculateur de π Continuer la lecture de Offres d’emploi