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Monsieur Vialatte écrit sur l’homme.

L’homme date des temps les plus anciens.
Les manuscrits du Moyen Age mentionnent déjà son existence. Sur des images à fond doré. Ils le représentent chassant le loup, le canard, ou même la sarcelle, en culotte rouge et en petit chapeau vert décoré d’une plume de poulet. Ou alors entouré de licornes. Et aussi mangé par des lions. Ou pliant le genou devant une dame. Ou attaquant des châteaux forts sur des lacs suisses, avec une petite culotte bouffante, des manches gigots, des piques très compliquées, des pertuisanes dont le fer a l’air d’une lettre arabe, des canons, des boulets en pierre, sur des radeaux que les assiégés repoussent du pied en brandissant des couteaux de cuisine.

Enfonçons joyeusement… Critique aisée (9)

Enfonçons joyeusement les portes ouvertes
Débarrassons les écrits des constructions originales, recherchées, nouvelles ou étranges. N’y ménageons plus de surprise de forme ni de réforme de style. Bannissons l’allusion, la litote et le deuxième degré. Chassons pour toujours l’hyperbole, l’anamnèse et l’aphorisme.
Enfonçons joyeusement les portes ouvertes. Ouvrons largement nos fenêtres aux lieux communs. Accueillons chaleureusement les clichés, les banalités, les conventions et autres évidences.
Alors, nous atteindrons enfin la tranquillité dans la lecture, le confort dans le roman et le bonheur dans l’autobiographie. Alors, nous pourrons nous rouler sans fin dans le plaisir du best-seller unique, éternellement recommencé et démocratiquement élu au scrutin uninominal majoritaire à un tour des marchands de livres.

Note de l’Auteur.
Ce petit texte à été écrit en hommage au conseil que donnait Alexandre Vialatte:  « … (Il faut) supprimer d’un texte tout ce que tout le monde connait déjà par le journal ou le cinéma, ce que tout le monde sait avant de le lire, le composer par conséquent de trous. Ce qui reste, c’est de la dentelle. »