Understatement and the english soul

Ce texte a été publié précédemment il y a neuf ans.

Dans un article précédent consacré à P.G. Wodehouse, j’avais évoqué le caractère intraduisible de ce mot si britannique d’understatement. Certains anglophones scolaires pourront vous dire que understatement pourrait très bien se traduire par litote ou par euphémisme. Hé bien, ce n’est pas mon avis et je le prouve.

Commençons par George Mikes, auteur anglais d’origine hongroise qui, vers la fin des années 40, a traité de l’impossibilité pour un non-anglais (un alien) à devenir anglais dans un petit opuscule à l’humour très britannique, »How to be an alien ». Voici l’une des raisons de cette impossibilité:  « The English have no soul ; they have the understatement instead. »
(Je vais me permettre ici une incidente pour souligner que le vocable d’alien que les Grands Bretons utilisent volontiers pour nous désigner, nous les étrangers, fait inévitablement penser, depuis une trentaine d’années, à un être verdâtre, gluant et agressif, mais par dessus tout mal élevé qui met en évidence le peu d’estime

dans laquelle nous sommes tenus par les autochtones d’au delà du Britrish channel.)
On peut poursuivre avec un exemple un peu plus ancien (1871), celui du journaliste Stanley qui, après une expédition de plus de 1000 kilomètres à la recherche du Dr. Linvingstone à travers la forêt africaine, l’apostrophe au moment où il le retrouve avec un très formel « Dr. Linvingstone, I presume? » comme il l’eut fait à l’angle de Haymarket et de Jermyn Street.

L’understatement a traversé très tôt l’Atlantique pour s’installer aux U.S.A. où il se porte bien, je vous remercie. Pour preuve de cette bonne santé, le jour où les journaux annoncèrent à tort la mort de Mark Twain, il leur envoya ce télégramme: « Nouvelle de ma mort fortement exagérée« .

En 1970, la capsule Apollo 13, en route vers la Lune, connut une explosion de l’un de ses réservoirs d’oxygène. Le commandant de la mission émit alors à l’attention de la base le laconique et célèbre message suivant : « Houston, we have a problem. »

Le petit texte ci-dessous, en relation avec les menaces terroristes qui pesaient encore récemment sur Londres, a été attribué à John Cleese, membre fondateur des Monty Pythons, ces vestales de l’understatement:

« Les Anglais ont réagi aux récentes menaces terroristes en élevant leur niveau de sécurité de « vexé » à « énervé » ; cependant, ces niveaux pourraient bientôt encore augmenter et passer à « irrité » ou même à « plutôt fâché ». Les britanniques n’ont plus atteint le niveau « plutôt fâché » depuis le Blitz de 1940, quand les approvisionnements en thé vinrent presque à manquer. Les terroristes ont été requalifiés de « assommants » à « sacrément ennuyeux ». Le qualificatif de « sacrément ennuyeux » avait été donné pour la dernière fois en 1588 aux vaisseaux de l’Invincible Armada espagnole. (1)»

Vous voyez bien maintenant que litote ou euphémisme , ça ne peut pas coller.

Note 1-Les puristes trouveront ci-dessous le texte anglophone (et francophobe) complet de cet intéressant commentaire sur les niveaux d’alerte et de sécurité dans différents pays:

The English are feeling the pinch in relation to recent terrorist threats and have therefore raised their security level from « Miffed » to « Peeved. »
Soon, though, security levels may be raised yet again to « Irritated » or even « A Bit Cross. » The English have not been « A Bit Cross » since the blitz in 1940 when tea supplies nearly ran out. Terrorists have been re-categorized from « Tiresome » to « A Bloody Nuisance. » The last time the British issued a « Bloody Nuisance » warning level was in 1588, when threatened by the Spanish Armada.
The Scots have raised their threat level from « Pissed Off » to « Let’s get the Bastards. » They don’t have any other levels. This is the reason they have been used on the front line of the British army for the last 300 years.
The French government announced yesterday that it has raised its terror alert level from « Run » to « Hide. » The only two higher levels in France are « Collaborate » and « Surrender. » The rise was precipitated by a recent fire that destroyed France’s white flag factory, effectively paralyzing the country’s military capability.
Italy has increased the alert level from « Shout Loudly and Excitedly » to « Elaborate Military Posturing. » Two more levels remain: « Ineffective Combat Operations » and « Change Sides. »
The Germans have increased their alert state from « Disdainful Arrogance » to « Dress in Uniform and Sing Marching Songs. » They also have two higher levels: « Invade a Neighbor » and « Lose. »
Belgians, on the other hand, are all on holiday as usual; the only threat they are worried about is NATO pulling out of Brussels.
The Spanish are all excited to see their new submarines ready to deploy. These beautifully designed subs have glass bottoms so the new Spanish navy can get a really good look at the old Spanish navy.
Americans meanwhile and as usual are carrying out pre-emptive strikes, on all of their allies, just in case.
And in the southern hemisphere…
New Zealand has also raised its security levels – from « baaa » to « BAAAA! ». Due to continuing defense cutbacks (the airforce being a squadron of spotty teenagers flying paper aeroplanes and the navy some toy boats in the Prime Minister’s bath), New Zealand only has one more level of escalation, which is « I hope Australia will come and rescue us ».
Australia, meanwhile, has raised its security level from « No worries » to « She’ll be right, mate ». Three more escalation levels remain: « Crikey!’, « I think we’ll need to cancel the barbie this weekend » and « The barbie is cancelled ». So far no situation has ever warranted use of the final escalation level.

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