To be or not to be – Critique aisée n°262

temps de lecture : 3 minutes

Critique aisée n°262

 To be or not to be
Ernst Lubitsch – 1942
Jack Benny, Carole Lombard

Désœuvré comme souvent et libre comme parfois et comme l’air, je passai l’autre jour devant ce qui, pour des générations d’étudiants, restera pour toujours le lieu intime où ils ont découvert l’art du cinéma, Le Champollion. J’ai déjà écrit sur cette salle et je ne vais pas vous refaire aujourd’hui le coup de la nostalgie, mais vous pouvez toujours retrouver l’article que je lui avais consacré en cliquant sur ce lien

https://www.leblogdescoutheillas.com/?p=9313

Donc, je passai devant le Champo. Il devait être 11h40, ou 45 à la rigueur, et la vitrine annonçait pour 12h10 To be or not to be ! Ça devait bien faire quelques années, au moins cinq ou six, que je n’avais pas revu To be or not to be. Alors, un petit tour devant la vitrine de La Compagnie pour passer le temps et hop, au Champollion !

Dans la salle, nous devons être cinq ou six. Si je suis le plus âgé, ça ne doit pas être de beaucoup. Quelques publicités, quelques annonces : La Strada, Buffet froid, Milou en mai… que du beau monde. La salle s’éteint.

To be or not to be…

Le thème et le cadre temporel du film ne sont pas légers : Varsovie 1939 ; une troupe de théâtre répète une pièce mettant en scène la Gestapo mais l’invasion de la Pologne par Hitler contraint la direction du théâtre à déprogrammer la pièce et à la remplacer par Hamlet. Par hasard et pour des motifs tout à fait bourgeois, la troupe va se trouver mêlée à une action de résistance dans laquelle, de façon maladroite et courageuse, elle utilisera les costumes nazis de la pièce déprogrammée.

Le film, sorti en 1942, a été tourné à Hollywood en 1941, juste avant l’entrée en guerre des États Unis. Lubitsch, d’origine allemande, avait été naturalisé américain quelques années auparavant. Avec To be or not to be, son intention était semblable à celle de Charlie Chaplin quand il tourna Le Dictateur quelques mois plus tôt : présenter une satire du nazisme sous la forme que l’un et l’autre connaissaient le mieux, la comédie. Mais si Chaplin avait plutôt choisi le mode burlesque, la farce, c’est la comédie de situation et de dialogues que Lubitsch a adoptée. Cela a donné un pur chef d’œuvre, une comédie rythmée, compliquée, mêlée des punchlines et des sarcasmes chers à la comédie américaine et de situations rocambolesques que Georges Feydeau lui-même n’aurait pas reniées.

J’ai déjà parlé ici de Jack Benny. Benny était homme de radio puis de télévision, un meneur de revue, un humoriste de stand up avant l’heure. Les shows télévisés de Jack Benny était souvent un régal de drôlerie et de réparties. Très maniéré dans sa gestuelle et sa diction, Benny était au meilleur dans ses émissions quand, pratiquant le second degré en jouant un personnage radin et infatué, il se moquait de lui-même.

Dans To be… Benny incarne, comme son personnage le dit de lui-même, « that great, great polish actor, Joseph Tura ! » Parfait cabot, égoïste et autocentré, il sera forcé par les circonstances à une conduite héroïque qui lui fera jouer, à lui et par extension à toute la troupe, un jeu dangereux (Jeux dangereux était le premier titre français de ce chef d’œuvre).

Carole Lombard incarne Maria Tura, épouse légère de Joseph, comédienne également. Elle est superbe d’élégance, de distinction et de vivacité. (Il faut malheureusement rappeler qu’elle a disparu dans un accident d’avion avant la sortie du film.)

Le reste de la troupe est au même niveau d’excellence, depuis le sosie d’Hitler jusqu’à Greenberg, l’acteur juif, dont le rêve est de dire un jour la tirade du juif du Marchand de Venise.

Ernst Lubitsch est dans la plénitude de son art de la comédie : rapidité, légèreté, élégance.

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Une réflexion sur « To be or not to be – Critique aisée n°262 »

  1. Quoi ? Personne n’a vu To be or not to be ? Personne ne réagit à cette incroyable comédie héroïque et burlesque, au charme étincelant de Carole Lombard, au cabotinage de Jack Benny, à ce mélange d’Hitler et d’humour, de Shakespeare et de Feydeau, de sarcasmes et de bravoure ? Vous préférez sans doute Game of Thrones ou Sex and the City. Bon ! Tant pis !

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