Aventure en Afrique (42)

temps de lecture : 5 minutes 

Voir la mer (3)

Nous passons la frontière, en fin de journée à Kétao, à l’approche du poste de  douane, j’entends : « trois 2CV Renault, laisser passer ».Ce sont probablement les petites feuilles roses qui nous ont aidées. Nous sommes au Togo ! Nous arrivons  à 19h à Kara et logeons au Laura Kara Hôtel. (Culture: palmeraie)

Le lendemain matin, dès que le soleil a pointé derrière les volets, je descendis lentement et discrètement de mon lit de camp et pousse un cri lorsque mes pieds nus touchent le sol. Il était tapissé de plusieurs cm. d’épaisseur de grosses fourmis sur toute la surface de la pièce que nous occupions. En sautillant j’arrive à la porte, aux volets et à prévenir les logeurs. Le spectacle était impressionnant ! Pendant plus d’une heure, armés de pelles nous avons rempli des poubelles de fourmis non agressives. Elles avaient été attirées par le sucre et les sirops que nous transportions.
Après avoir rechargé les voitures, nous nous dirigerions à nouveau vers l’Atacora par Natitingou et Kandé. La route empruntait un pont polyvalent très  particulier: il était utilisé par les voitures, les trains et les piétons. Un peu plus loin je remarquais, surpris,  au bord de la route un petit panneau: Dapango… à quelques km.

 

Souvenirs d’enfance : Adolescent à La Verdière en périphérie d’Aix en Provence, il nous arrivait de recevoir un jeune noir: Vincent Boumbane. Il faisait Science-Po Aix. Mes parents avaient comme ami d’enfance le Père Guillaume (Pierre Genton), missionnaire Franciscain à Dapango. Il avait poussé Vincent, enfant brillant, à faire des études. Lorsque ce dernier venait nous voir, le dimanche midi, au début il se faisait accompagner en voiture par des copains. Très vite intégré, quelque mois après, il arrivait en “vélo-solex“, avec un grand imperméable beige et le journal “Le Monde” dépassant légèrement de sa poche ! En 1996, lors d’une fête de famille le Père Guillaume nous a donné des nouvelles de Vincent: Il était Directeur des Impôts au Ministère des Finance à Lomé. Nous ne nous sommes jamais revus. A Kandé je savais que ni le Père Guillaume ni Vincent n’étaient présents à Dapango .
Nous poursuivions notre route, plein sud avec l’espoir de dormir à Atakpamé.
Nous passions dans la Faille d’Aledjo où nous retrouvions une route goudronnée, à 2 voies et de la signalisation moderne. Nous avions mal estimé la distance, plus longue que prévue. Peu à peu le paysage se referme, la forêt gagne. De temps à autres nous trouvions dans une clairière, une école, un hameau avec une chapelle. Nous étions loin du sahel nigérien semi-désertique.

Henri s’aperçoit qu’il n’a plus d’éclairage sur sa voiture. L’alternateur ne fonctionne plus et n’alimente plus la batterie. Nous sommes obligés de rouler en quinconce, la faible circulation le permettant : François devant, suivi d’Henri et moi fermant la marche sur la voie de gauche. Nous réduisions la vitesse et finissions par arriver à Atakpamé à 21h.
Le lendemain matin, nous prenons une route touristique de montagne, dans la forêt équatoriale, passant par Kpalimé, longeant la frontière du Ghana, faisant attention de ne pas y pénétrer. Nous arrivions à Lomé, capitale du Togo vers 15h. et posions nos affaires au Foyer du Marin. Nous avions parcouru depuis Niamey 1860 km.
En déambulant dans Lomé, nous sommes surpris de voir que la majeure  partie des chauffeurs de taxis sont des femmes et que les magasins sont  tenus par des femmes. Nous découvrons la position primordiale de la gente féminine dans ce pays. Là encore nous sommes très loin du Niger. Pendant l’époque coloniale, en janvier 1933 a eu lieu “la révolte des femmes”, les femmes des marchés. Actuellement le Togo se classe en première place du classement mondial “des femmes aux commandes” (cf. Organisation Internationale du Travail).
Le campement de ce jour est situé non loin de la plage dont elle est séparée par une cocoteraie et la Route Nationale N°1.
Voilà la mer, l’océan, le Golfe de Guinée !
Les pécheurs ont du mal à remonter leurs filets. Les embarcations ne peuvent  pas passer la barre. Nous prenons un bain à une bonne température au milieu de gros paquets des vagues, mais sommes prudents à cause des rouleaux et ne nous éloignons pas trop du bord, mais malgré cela nous nous sommes mis probablement en danger.
Nicole croise un allemand, marchant sur la plage qui lui dit dans sa langue d’être prudent car la mer est mauvaise. Ils discutaient jusqu’à ce qu’Henri interpelle son épouse, l’allemand se retourne et lui dit : « madame vous avez épousé un Français ! ».Nicole tourne les talons sans un mot.
Le soir nous dinons au Miramar: le premier bon repas depuis notre départ  en dehors de la gamelle commune.
Nous avions envie de poison, tout en longeant la côte en direction de Cotonou au Bénin, nous recherchions une cabane de pécheur pour nous en préparer. Toujours la même réponse : « la mer est trop mauvaise ». Chemin faisant nous empruntions une voie latérale, une sorte de délaissé, conduisant à des cabanes. Au loin nous apercevions des personnes qui gesticulaient. Je m’arrêtais de rouler et réalisais que nous roulons sur un tapis de petits poissons qui séchaient au soleil. Nous faisions rapidement demi-tour, mais laissions encore les traces de douze pneus dans cette pèche. Nous n’étions pas très fiers.
Il est plus de 14h et nous envisagions de sortir notre gamelle pour apaiser notre faim. Tout en logeant les cocotiers de la plage nous arrivions non loin de la frontière avec le Dahomey (Bénin). Un peu en retrait de la route nous remarquions une cabane de pécheur. Nous nous arrêtions et entendions le même refrain : que la mer est très mauvaise. Après un temps d’arrêt le patron nous dit « mais j’ai des langoustes ». Nous voilà assis dans le sable devant de la braise fumante sur laquelle cuisent six langoustes, accompagnées de riz à la togolaise et de la bonne bière. Un festin dont nous nous souvenons encore !

A SUIVRE

2 réflexions sur « Aventure en Afrique (42) »

  1. Je pense que Géraud a tenu un journal de ses diverses aventures en Afrique et c’est très bien, pour lui d’abord à titre de souvenirs, et pour nous, en tout cas pour ceux qui ne connaissent pas cette partie occidentale de l’Afrique dont je fais partie, qui la découvrons telle qu’elle était il y a un demi siècle et c’est passionnant. Du coup, j’ai consulté mon atlas pour bien situé le récit. L’actualité récente nous a beaucoup parlé du Mali, du Niger, cartes à l’appui, mais le Togo ne fait pas beaucoup parler de lui et c’est comme ça que j’ai découvert que ce petit pays, l’un des plus petits d’Afrique, est comme une bande étroite nord-sud de 1200 kms en hauteur par 100 kms en largeur insérée entre le Ghana et le Bénin. En fin de compte, la qualité d’un bon récit comme celui de Géraud n’est-elle pas aussi d’inciter à la curiosité d’en savoir plus?

  2. L’Aventure en Afrique de Géraud, Chantal et de leurs amis ne s’achève pas sur ce tableau « grand luxe » des rouleaux sur la plage et des langoustes grillées.
    En effet, le 43ème épisode est programmé pour le 11 septembre prochain.
    Mais pour l’instant, le Journal des Coutheillas n’a pas reçu de 44ème et, dans la salle de la Rédaction, on s’inquiète.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *