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Le Tigre du Bengale
ou
Télérama et la culture du navet
Suite à l’évocation parodique et critique de Lorenzo et sur les vifs conseils de Télérama qui l’a noté TTTT, j’ai voulu voir Le Tigre du Bengale (Fritz Lang-1959). C’était possible sur Arte replay. Ça doit l’être encore.
Disons que j’en ai vu trois quarts d’heure et, pendant quarante-cinq minutes, doutant de mon propre jugement qui se formait petit à petit, j’ai regardé ce roman photo à moyen spectacle, avec son intrigue pour Journal de Lisette, avec ses beau éléphants et ses panoramiques saccadés, ses rares extérieurs et ses intérieurs en carton-pâtre1, ses costumes d’opérette et ses acteurs figés, ses dialogues convenus et ses répliques emphatico-poétiques, et au bout du compte, je me suis demandé si ce péplum oriental avait vraiment été réalisé en 1958 et pas une bonne vingtaine d’années plus tôt.
Comment à la fin des années 50 , Fritz Lang a-t-il pu filmer un tel navet tandis qu’ailleurs, parmi d’autres grands films, on avait tourné :
en 1952 : Chantons sous la pluie, Stanley Donen,
en 1956 : La prisonnière du désert, John Ford
en 1957 : Les fraises sauvages, Ingmar Bergman
en 1957 : Les sentiers de la gloire, Stanley Kubrick
en 1958 : Sueur froide, Alfred Hitchcock
en 1958 : Comme un torrent, Vicente Minelli
en 1958 : Opération jupons, Blake Edwards
en 1959 : Soudain l’été dernier, Joseph Mankiewicz
en 1959 : Le Pont, Bernard Wicki
en 1960 : La vérité, Henri-Georges Clouzot
en 1960 : Plein soleil, René Clement
en 1960 : Rocco et ses frères, Luchino Visconti
Fritz Lang est revenu en Allemagne en 1956. Il n’y a tourné que des navets. Il aurait mieux fait de rester à Hollywood.
Note 1 : On ne dit pas carton-pâtre mais carton-pâte, je suis au courant. Mais j’ai trouvé que carton-pâtre collait bien avec le côté kitch de ce Tigre. Carton-plâtre était possible aussi, mais moins rigolo.
J’avais bien sûr, et d’entrée, déchiffré le jeu de mots culinaire, mais je me refusais à flatter un penchant regrettable, de chevet.
Tu n’as plus qu’une heure pour découvrir l’excellent calembour.
Bonne chance, vieux.
Décidément, Arte nous gâte !
Après le Tigre du Bengale, Le Guépard et bientôt La Panthère Rose.
Quel festin !
Je navet pas dit que c’était un chef d’œuvre non plus.
Tu es passé complètement à côté. C’est dommage.
Revois-le une fois en version originale pour te faire une opinion définitive. D’autres avaient aimé et ce n’était pas des moutons ; on disait Sautet dévot de Fritz Lang.
Navet pour l’un , chef d’œuvre pour l’autre, on attend avec gourmandise la réaction de Lorenzo; un masque et la plume façon JDC….