Archives par mot-clé : Télérama

Rendez-vous à cinq heures avec la culture du navet

temps de lecture : 1 minute et des poussières (d’étoiles) 

La page de 16h47 est ouverte…

Le Tigre du Bengale
ou
Télérama et la culture du navet

Suite à l’évocation parodique et critique de Lorenzo et sur les vifs conseils de Télérama qui l’a noté TTTT, j’ai voulu voir Le Tigre du Bengale (Fritz Lang-1959). C’était possible sur Arte replay. Ça doit l’être encore.

Disons que j’en ai vu trois quarts d’heure et, pendant quarante-cinq minutes, doutant de mon propre jugement qui se formait petit à petit, j’ai regardé ce roman photo à moyen spectacle, avec son intrigue pour Journal de Lisette, avec ses beau éléphants et ses panoramiques saccadés, ses rares extérieurs et ses intérieurs en carton-pâtre1, ses costumes d’opérette et ses acteurs figés, ses dialogues convenus et ses répliques emphatico-poétiques, et au bout du compte, je me suis demandé si ce péplum oriental avait vraiment été réalisé en 1958 et pas une bonne vingtaine d’années plus tôt.

Comment à la fin des années 50 , Fritz Lang a-t-il pu filmer un tel navet tandis qu’ailleurs, Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec la culture du navet

Les Fantômes d’Ismaël (Critique aisée n° 95)

Critique aisée n° 95

 Les Fantômes d’Ismaël 
Arnaud Desplechin – mai 2017
Charlotte Gainsbourg-Mathieu Amalric-Marion Cotillard

 Après avoir lu la critique incompréhensible, comme souvent, de Télérama parue sous la plume de Louis Guichard, j’étais plutôt hésitant, comme toujours, mais comme l’article était accompagné, comme il se doit, d’un petit émoticône, comme la lune, et que cet idéogramme pour débiles mentaux était au beau fixe, j’ai tenté le coup.

Eh bien, si je n’ai rien compris à la critique, je n’ai pas compris grand-chose au film. Par acquis de conscience, je suis retourné voir Télérama et j’ai consulté le synopsis qui m’avait échappé en première lecture. Alors, voilà : Synopsis : Ismaël Vuillard réalise le portrait d’Ivan, un diplomate atypique inspiré de son frère. Avec Bloom, son maître et beau-père, Ismaël ne se remet pas de la mort de Carlotta, disparue il y a vingt ans. Aux côtés de Sylvia, Ismaël est heureux. Mais un jour, Carlotta, déclarée officiellement morte, revient. Sylvia s’enfuit. Ismaël refuse que Carlotta revienne dans sa vie. Il a peur de devenir fou et quitte le tournage pour retrouver sa maison familiale à Roubaix. Là, il s’enferme, assailli par ses fantômes…

Je suis sorti rassuré de ma lecture : cette intrigue était à peu de choses près effectivement celle que j’avais pu reconstituer au cours de la projection. Mais ce n’était que de justesse et grâce à quelques efforts de concentration et à une lutte, d’ailleurs pas toujours victorieuse, contre le sommeil.

Le découpage de l’histoire et le montage du film entretiennent chez le spectateur que j’étais une confusion sur la progression de l’histoire. Elle n’est probablement pas voulue par l’auteur, qui l’a d’ailleurs pressentie puisqu’il parsème les images du film de surimpressions qui annoncent par exemple : « Deux ans plus tôt.. ». En ce qui me concerne, ces précisions n’ont fait qu’épaissir le brouillard.

Tout comme l’histoire, les dialogues sont loin d’être fluides, peut-être un effet du montage. Les répliques sont rarement naturelles. Elles tombent souvent dans le cliché :

Carlotta-Marion
Je voulais déchirer ma vie …

Ismaël-Mathieu
C’est ma vie que tu as déchirée !

ou dans le ridicule :

Ismaël ( à Carlotta)
A travers toi, c’est lui (ton père) que j’aimais !

Quant aux images, elles ne sont ni belles ni laides, en dépit d’extérieurs tournés sur les dunes de Noirmoutier. Pourtant, malgré le sommeil venant, un  effet m’a tenu éveillé tout en me faisant fermer les yeux pour y échapper : le tressaillement des séquences tournées en camera portée. L’instabilité de l’image obtenue par cette technique est en général censée provoquer chez le spectateur un sentiment de malaise ; mission accomplie en ce qui me concerne : ce maniérisme horripilant m’a mis vraiment mal à l’aise et mené au bord de la nausée.

Charlotte Gainsbourg et Mathieu Amalric sont pour moi parmi les meilleurs acteurs français du moment et ils ont ensemble deux ou trois bonnes scènes au début du film. Pourtant, on peut regretter qu’ils ne sortent que rarement des registres dans lesquels on sait qu’ils sont les meilleurs : fragilité pour Charlotte et névrose pour Mathieu. Mais comment se fait-il que pratiquement toutes les scènes de Marion Cotillard soient mauvaises ? Mauvaise actrice ? Mauvaise direction ? Je ne sais pas.

Bon, tout ça n’est pas très motivant, mais aujourd’hui, quand je me rappelle que j’avais lu dans Télérama : « Les Fantômes d’Ismaël est, bizarrement, présenté (à Cannes)  hors compétition, alors qu’il s’annonce déjà comme l’un des meilleurs films de l’édition 2017… » je me dis que, c’est sûr, j’aurais dû me  méfier.