Vous voulez rire, Monsieur Feynman ! -Critique aisée n°247

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critique aisée 247

Vous voulez rire, monsieur Feynman !
Richard P.Feynman – 1985
Editions Odile Jacob – 358 Pages

Wikipédia dit que Richard Feynman est l’un des plus grands théoriciens spécialistes de la physique quantique de la seconde moitié du XXe siècle. Et à peu près tout le monde est d’accord là-dessus.
Et pourtant, c’est Feynman qui disait : « Si vous croyez comprendre la physique quantique, c’est que vous ne la comprenez pas. Moi-même, je n’y comprends rien. Personne d’ailleurs n’y comprend rien. »
Je peux donc dire sans honte que moi non plus, à la physique quantique, je ne comprends rien.

Ne rien comprendre à un sujet n’empêche pas d’écrire des articles dessus, et c’est tant mieux. Surtout quand on s’est donné la peine d’en retenir certains trucs. En particulier ceci :
Tout est particule, enfin je crois, y compris la lumière par exemple. Les particules de lumière, — vous savez, celles qui vont très très vite — ce sont des photons. Eh bien, si vous prenez un photon et que vous faites une expérience sur lui, avec son consentement bien sûr, pour voir s’il a un comportement corpusculaire, il vous dira : « Oui, j’ai un comportement corpusculaire. » Mais si avec le même photon, ou un autre, ils sont tous interchangeables, vous faites une expérience pour voir s’il a un comportement ondulatoire, il vous dira : « Eh oui, j’ai un comportement ondulatoire. Marrant, non ?« . Marrant, peut-être pas, mais très perturbant pour les scientifiques du début du XXe siècle. Cette dualité, qu’un esprit méchant pourrait qualifier de schizophrénie, n’est pas la caractéristique des particules la plus étonnante que la physique quantique ait permis de découvrir. Bizarre, tout ça. Albert Einstein n’y croyait pas vraiment et même Donald Trump a émis de sérieux doutes sur la validité de la théorie. Pour en avoir un bref, très bref, aperçu, vous pouvez vous reporter à ma série « L’Univers, ses lois ses principes et autres âneries » et plus particulièrement au cinquième article intitulé « Le principe d’Heisenberg. »
Vous pouvez aussi, et c’est plus court, aller consulter la note au bas de cette page.

Vous avez l’air de vous en foutre, là, mais vous avez tort. C’est très important, la physique quantique. Sans elle, pas de laser, pas de transistors, pas d’ordinateurs, pas de GPS, pratiquement aucun des gadgets sur lesquels vous passez le temps au lieu de lire A la recherche du temps perdu.

Bon, croyez-moi ou ne me croyez pas, la physique quantique, c’est un drôle de truc. Et son représentant le plus illustre, c’est un drôle de type, un type que l’on peut découvrir, partiellement seulement, dans ce livre « Vous voulez rire, Monsieur Feynman !« 

Par petits souvenirs plus ou moins chronologiques on y découvre d’abord un gamin de Brooklyn, un sale gamin, malin, intelligent, curieux et jouisseur et, malgré sa timidité, sûr de la puissance de son esprit. Très occupé par les filles et par l’explication des phénomènes naturels que tout le monde prend pour acquis, il partage son temps entre la drague infructueuse et les expériences qu’il imagine et mène à bien pour vérifier ou contredire certains faits communément admis. Dans sa façon d’aborder les problèmes, de front, sans préjugé ni complexe, il m’a souvent fait penser au héros de « The Big Bang theory« , Sheldon Cooper, légèrement Asperger, absolument convaincu de sa supériorité intellectuelle, mais sans vantardise aucune, presque innocent, sûrement naïf et drôle sans le savoir.
La description de Feynman menant chez lui des expériences à quatre pattes pour vérifier s’il est bien vrai que les chiens ont un odorat plus développé que celui de l’homme est un régal.
Dans ses souvenirs, Richard Feynman évoque avec beaucoup de détails plus triviaux que scientifiques son séjour à Los Alamos, quand il participait au projet Manhattan qui conduisit à la fabrication de la première bombe atomique. Il se livre aussi à une critique acerbe et intéressante des méthodes d’enseignement pratiquées à l’Université du Brésil où il a été professeur quelques temps.
On y apprend aussi la raison de son choix d’enseigner à Caltech plutôt qu’à Cornell : la proximité de Las Vegas avec ses tables de jeu et ses entraîneuses qu’il fréquente assidûment, les unes comme les autres.

Bon, d’accord, Richard Feynman est un personnage intéressant, tout ce qu’il y a de plus original, un des plus grands savants du XXe siècle, un des plus populaires, un des plus drôles à entendre pour les ignorants de la physique quantique que nous sommes. Ça n’empêche pas son bouquin de souvenirs d’être la plupart du temps sans intérêt, composé essentiellement d’anecdotes tellement plates que vous n’oseriez pas les raconter à un dîner de promo.
Allez plutôt regarder ses interviews sur YouTube, où il déploie son humour et son génie de vulgarisateur.

A mon tour de vulgariser, car voici une
Note de bas de page
La physique quantique est connue pour être contre-intuitive, pour choquer le « sens commun ». Elle nécessite un formalisme mathématique extrêmement sophistiqué. Richard Feynman en est l’un des plus grands théoriciens de la seconde moitié du XXe siècle.
Parmi les phénomènes les plus troublants que la physique quantique a mis en évidence, il y a celui de la dualité des particules, c’est à dire à peu près ceci :
Toutes les particules qu’elles soient de lumière ou de matière manifestent tantôt des aspects ondulatoires et tantôt des aspects corpusculaires mais elles ne sont ni des ondes ni des corpuscules.
Leur nature, corpusculaire ou ondulatoire, dépend de l’expérience que l’on fera pour la déterminer. Autrement dit, certaines expériences leurs attribueront une nature ondulatoire tandis que d’autres leur attribueront une nature corpusculaire.
On dirait qu’elles ont les deux natures à la fois mais qu’une expérience donnée n’en peut déterminer qu’une seule.

Vous avez vraiment l’air de vous en foutre, hein ? N’empêche que ce sont ses travaux en physique quantique qui ont valu un prix Nobel de physique en 2022 à un français , Alain Aspect.
Ce dernier a déclaré : « Si vous voulez trouver du travail facilement, faites des maths ! ».
Mais non, mais non, il n’est pas trop tard !

 

2 réflexions sur « Vous voulez rire, Monsieur Feynman ! -Critique aisée n°247 »

  1. C’est qu’à notre échelle l’effet quantique n’a pas lieu. Après un surmenage un électron donnera deux photons corrélés et ils seront toujours identiques en leur paramètre mème s’il voyage, et il voyage léger et vite, instantanément ou qu’il soit quand ils sont partit dans des directions opposées.
    De toutes évidences vous avez laisser toutes vos énergies et penser aller vite suffit à grapiller ce qui en reste. Mais imaginer seulement que vous ne puissiez propulser votre aversion pour la lourdeur de ce que vous croyer, l’effet quantique vous aurais laisser dans les bras de morphée et ce qui parait acerbe dans la physique quantique n’aurait aucune conséquence sur l’état ressenti. Les nerd n’ont pas les nerf plus solide seulement l’horreur de l’ignorance crace différente de l’ignorance savante dont le bonheur très stimulant pour la curiosité à partager.

    Je ne sais pas s’il y a des nerd complaisant, mais dans ce cas je ne sais pas ce qu’ils
    seraient, maintenant l’ignition éteinte et compromettant un état nauséeux énergivore. Ce qui semble paraître n’est pas ce qui est et ce qui est n’est pas un absolue. C’est ainsi en physique quantique, rien ne parait tout se réfléchi. Peut-être est-ce ce qui fait dire à Feynman “Si vous croyez comprendre la physique quantique, c’est que vous ne la comprenez pas. Moi-même, je n’y comprends rien. Personne d’ailleurs n’y comprend rien.” Mais comme disais jadis monsieur Devos « rien c’est déjà quelque chose on peut avoir quelque chose avec 3 fois rien. On peut même le multiplier rien fois rien fait rien trois fois trois fait neuf ça fait donc rien de neuf. » C’est donc assez simple.

  2. C’est plutôt ce matin que tu devrais nous envoyer des fleurs…. La famille est partie, le sapin commence à se déplumer, la nappe blanche attend lavage et repassage.. bref on se remet de Noël et toi après bûche et marrons glacés, tu nous envoies du lourd: passionnant et didactique certes , mais franchement le 26 décembre….
    Peut être une erreur de parution?
    Au fait fais plutôt une alerte sur chatgpt, le plus abouti de l’IA qui répond à tout et inquiète les nerd les plus avertis…

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