Petite note à l’usage de mes biographes (2)

2 – Premiers emplois.

Je terminai mon service militaire au mois de Janvier 1968 après deux mois passés à ne pas faire grand-chose dans la base aérienne de Carpiquet et quatorze autres mois à ne rien faire du tout dans la base aérienne de Villacoublay. Le marché du travail étant ce qu’il était en ces années glorieuses, je n’eus aucun mal à décrocher un emploi dans une société d’engineering parisienne. Je n’y étais pas depuis plus de deux semaines, occupé à planifier le déplacement d’un immeuble de neuf étages sur une cinquantaine de mètres dans la banlieue de Marseille, que je reçus une offre d’emploi financièrement supérieure dans un cabinet de conseil en propriété industrielle. Je plantai l’immeuble marseillais là où je l’avais laissé et donnai ma démission dans l’heure.

Quand j’y réfléchis aujourd’hui, je crois pouvoir conclure que ce n’était pas le supplément de pouvoir d’achat qui m’avait motivé. A cette époque, l’argent m’intéressait peu. Je crois que deux choses m’avaient décidé : la première, c’était de pouvoir déclarer un salaire plus important aux camarades de promotion lors de nos réunions d’anciens élèves qui, à l’époque étaient fréquentes et consacrées essentiellement à échanger sur ce sujet ; la deuxième, c’était l’adresse du bureau : il se trouvait juste à côté de l’avenue des Champs Élysées. Il faut comprendre qu’en ces années-là, les Champs-Élysées et moi étions différents de ce que nous sommes aujourd’hui. La « plus belle avenue du monde » l’était encore et moi, j’étais snob. Un bureau aux Champs, c’était quand même plus prestigieux que dans le XVème arrondissement ou pire, extra muros.

Je fus accueilli chez Regimbeau, Corre et Paillet par deux des associés qui donnaient leurs noms au cabinet. Agréablement surpris par l’amabilité de ces personnes, je fus emballé par mon bureau. Il était minuscule, certes, mais il jouissait d’un petit balcon privatif donnant sur la rue de Ponthieu. Vous pouvez vous rendre compte de ce luxe sur cette photographie : Au deuxième étage, la pièce en rotonde avec porte fenêtre donnant sur balcon privatif, c’était mon bureau. Ça me changeait de l’open space précédent que je partageais avec deux ou trois ingénieurs et le double de dessinateurs-projeteurs. Tout était donc pour le mieux. Mais ça ne dura pas longtemps.

En arrivant chez Regimbeau, Corre et Paillet, je n’avais pas la moindre idée de ce qu’on peut faire réellement dans un cabinet de conseil en propriété industrielle et malgré tout le respect que je devais et que je porte encore à ces trois messieurs, je dois dire que c’est le métier le plus ennuyeux du monde. Je les quittai à la première occasion, c’est à dire deux mois et demi plus tard sous le prétexte d’un différend sur mai 68 avec l’un des associés. Était-ce Regimbeau, Corre ou Paillet, je ne saurais le dire aujourd’hui.

Ah ! La mémoire…

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