Archives de catégorie : Critiques

Le Grand Jabadao – Critique aisée 234

6 minutes

Critique aisée n°234

Le Grand Jabadao
Jean-Luc Coatalem
Le dilettante – 188 pages – 17€

Ça fait bien longtemps que je n’ai pas lu de Série Noire, une dizaine d’années peut-être, peut-être vingt. En tout cas, ça fait au moins trente ans que je n’en ai pas achetée. Les bibliothèques de ma maison en sont pleines. À vue de nez, il y en a surement plus de deux cents, et contrairement aux autres collections qui trônent sur mes étagères, ceux-là, je suis sûr de les avoir lus. Si je les ai tous lus, je ne les ai pas tous achetés car une partie d’entre eux m’est venue Continuer la lecture de Le Grand Jabadao – Critique aisée 234

La Grande illusion – Critique aisée n°233

Critique aisée 233

La grande illusion
Jean Renoir – 1937
Gabin, Fresnay, Dalio, Von Stroheim, Carette

Il y a deux différences essentielles entre les deux films les plus célèbres de Jean Renoir, La Grand illusion (1937) et La Règle du jeu (1939) : la première est que La Grande illusion est un film d’un grand classicisme, tandis que La Règle du jeu est un film moderne, fantasque et foisonnant. La deuxième différence, c’est que le premier connut un grand succès commercial et critique, dont l’Oscar du film étranger en 1939, alors que le second fut un colossal échec critique et commercial. Ce n’est qu’avec l’apparition de la Nouvelle Vague qu’il fut reconnut progressivement par tous comme l’un des plus grand films de l’histoire du cinéma. 

Un de leurs points communs est que Continuer la lecture de La Grande illusion – Critique aisée n°233

Top gun : Maverick – Critique aisée n°232

temps de lecture : 4 minutes 

Critique aisée n°232

Top Gun : Maverick
Joseph Kosinski – 2022
Tom Cruise…

Quand on m’a dit que ‘Top Gun, Maverick’ sortait le même jour à Paris et à Cannes, j’étais comme un gamin. Il fallait absolument que je vois ça, ce jour-là, maintenant, tout de suite. Caprice d’adolescent, urgence absolue, rien ne devait pouvoir s’y opposer.

Quand j’avais vu le premier Top Gun, c’était au milieu des années 80. Je n’avais plus quinze ans depuis longtemps. Pourtant, j’aimais encore et j’aime toujours ces scènes de porte-avions…
…l’étrave du gigantesque navire déchire la mer dans la lumière orange du Continuer la lecture de Top gun : Maverick – Critique aisée n°232

L’Avare – Critique aisée n°231

Critique aisée n°231

L’Avare
Molière – 1668
Mise en scène : Lilo Baur
Harpagon : Laurent Stocker

Disons tout de suite que l’Avare n’est pas la pièce de Molière que je préfère. Vous me connaissez, moi, je serais plutôt du genre misanthrope, bourgeois gentilhomme, malade imaginaire ; ou alors femme savante, précieuse ridicule même, quelques fois, mais pas trop, tartuffe. Mais l’avare, non, pas vraiment.

Et puis, vous me connaissez aussi sur ce point : je trouve que le théâtre, c’est tard le soir, loin de chez moi, inconfortable, cher et souvent décevant. Alors… Par contre,  j’ai déjà eu l’occasion de vous dire tout le bien que je pense de ces classiques , filmés dans la salle de la Comédie Française un soir de spectacle et que l’on peut voir (une seule fois) en direct dans certaines salles de cinéma ou (en différé) certains jours Continuer la lecture de L’Avare – Critique aisée n°231

Rendez-vous à cinq heures : les révoltes de J-M. Rouart

La page de 16h47 est ouverte…

Mes Révoltes
Jean-Marie Rouart

Je viens de terminer Mes Révoltes, l’autobiographie romancée de Jean-Marie Rouart, de l’Académie Française. Ce livre est intéressant et les portraits des membres de sa famille, de ses amis et de ses ennemis sont très réussis. Vifs, acérés, sans la moindre indulgence mais empreints d’une affectueuse  bienveillance, il ne s’agit à aucun moment de sordides règlements de compte. Il est passionnant et souvent émouvant de découvrir les membres de son illustre famille depuis Berthe Morisot en passant par Julie Manet et tous les Rouart. Force est de reconnaitre que bon sang ne saurait mentir : avec de tels aïeux on comprend que Jean-Marie Rouart excelle dans le portrait.

Le style est agréable et facile à lire. Il n’y a pas d’adverbe, Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures : les révoltes de J-M. Rouart

Beaucoup de bruit pour rien – Critique aisée n°230

Critique aisée n°230

Much ado about nothing
William Shakespeare – 1599
Kenneth Branagh -1993
K.Branagh, Emma Thompson, Denzel Washington, Keanu Reeves, Michael Keaton…

Puisque ce journal s’est consacré récemment à la véritable histoire de William Shakespeare, dont on ne sait toujours pas s’il a vraiment existé, il est temps de parler  des pièces dont on sait au moins qu’elles ont été signées de son nom.

Aujourd’hui, ce sera « Much ado about nothing ».

En anglais, le premier sens de ado c’est foin. Bien sûr, Beaucoup de foin pour rien, on aurait compris, mais ça faisait trop penser à un discours de François Hollande, alors on a choisi Beaucoup de bruit pour rien (ce qui fait penser à un concert de Johnny Halliday, mais bon…)

Beaucoup de bruit pour rien. Rarement jouée en dehors du Royaume Uni, cette comédie a fait l’objet d’un film en Continuer la lecture de Beaucoup de bruit pour rien – Critique aisée n°230

Les années retrouvées de Marcel Proust – Critique aisée 229

Critique aisée n°229

Les années retrouvées de Marcel Proust
Essai de biographie
Jérôme Bastianelli – 2022
Sorbonne Université Presses – 8,90€

 C’est sur la recommandation expresse d’un ancien ambassadeur de France, François Bujon de l’Estang, que j’ai acheté ce livre. Je ne connais pas ce monsieur, mais je suis ses fréquentes interventions dans l’émission podcastée de Philippe Meyer, Le Nouvel Esprit Public. Elles révèlent une personnalité tellement réfléchie, modérée, intelligente et distinguée que j’ai suivi son conseil, me disant que moi si semblable à lui, je ne pourrai qu’aimer cette biographie du petit Marcel ouvertement inventée.

Je me suis donc retrouvé à la tête de ce petit bouquin d’un peu plus de deux cents pages, sans compter les annexes.

Vous vous souvenez certainement et très précisément que Marcel Proust est mort d’une bronchite le samedi 18 novembre 1922 dans son appartement du 44 de la rue de l’Amiral Hamelin à Paris. Vous vous rappelez peut-être aussi ce Conte de Noël écrit en 1843 par Charles Dickens et qui commence comme ça :
« Marley était mort, pour commencer. Là dessus, pas l’ombre d’un doute. Le registre mortuaire était Continuer la lecture de Les années retrouvées de Marcel Proust – Critique aisée 229

En corps – Critique aisée 228

Critique aisée n° 228

En corps
Cédric Klapisch -2022
Marion Barbeau, Denis Podalydes, François Civil, Pio Marmaï, Souhelia Yacoub…

Sur un scénario totalement prévisible, le sujet du dernier Klapisch, c’est la reconstruction d’une danseuse classique après un accident de scène. Autant le dire tout de suite, ça va marcher.
Pour une fois, dire que le scénario est prévisible pas à pas est loin d’être une critique négative. Ce qui serait un défaut dans un autre genre de film donne ici au spectateur une sécurité, une sérénité, pour tout dire un confort intellectuel et un réconfort moral tout à fait bien venu par les temps qui courent.

En corps est un de ces feel-good movies dans lesquels, dès qu’est passée la crise initiale justificative du film, on sait qu’à peu près tout va bien se passer : Dumbo va retrouver sa maman, Cendrillon va rencontrer son prince charmant et la star hollywoodienne va finir Continuer la lecture de En corps – Critique aisée 228

La plus secrète mémoire des hommes – Critique aisée n°227

Critique aisée n°227

La plus secrète mémoire des hommes
Mohamed Mbougar Sarr – Prix Goncourt 2021
Editions Philippe Rey – 459 pages – 22€

Il y a presque un mois, le 28 février dernier, dans « À bord du Goncourt(1) », je vous avais donné les premières informations disponibles sur le déroulement de ma croisière à bord du dernier Goncourt, La plus secrète mémoire des hommes.
Les nouvelles n’étaient pas excellentes, il faut bien le dire. Les gros rouleaux de la langue africaine avaient fait naitre en moi un léger mal de mer et le vocabulaire très spécifique du commandant de ce bateau surchargé commençaient à m’indisposer.
Mais j’avais payé mes 22 euros pour la traversée et, malgré un mauvais pressentiment, je ne voulais pas renoncer si tôt à mon voyage. Prenant le livre et mon courage à deux mains, je poursuivis donc la croisière.

La mer s’était un peu calmée et le voyage s’annonçait plus confortable quand, page 75, un écueil apparut au milieu des vaguelettes d’un océan assagi :
(…) Au dessert, l’ambiance se détendit et Béatrice mis de la musique. Ritualités, spiritualités : on s’offrît d’abord aux secousses galvaniques de la nuit à peine nubile, verte comme une jeune mangue. Puis tout s’adoucit ; la lune mûrit, prête à tomber du ciel. Nous pendions aux bras d’heures cotonneuses, vestibules de somptueux rêves qu’on ne faisait qu’à condition de rester éveillé.(…)

La métaphore maritime filée jusqu’à présent ne me permettant pas de décrire aisément mon état d’esprit quand je lus cette phrase, je vais l’abandonner provisoirement.
Secousses galvaniques… nuit nubile… comme une jeune mangue… bras d’heures cotonneuses…, vestibules de somptueux rêves…
Quand je lis des trucs comme ça, Continuer la lecture de La plus secrète mémoire des hommes – Critique aisée n°227