L’Avare – Critique aisée n°231

Critique aisée n°231

L’Avare
Molière – 1668
Mise en scène : Lilo Baur
Harpagon : Laurent Stocker

Disons tout de suite que l’Avare n’est pas la pièce de Molière que je préfère. Vous me connaissez, moi, je serais plutôt du genre misanthrope, bourgeois gentilhomme, malade imaginaire ; ou alors femme savante, précieuse ridicule même, quelques fois, mais pas trop, tartuffe. Mais l’avare, non, pas vraiment.

Et puis, vous me connaissez aussi sur ce point : je trouve que le théâtre, c’est tard le soir, loin de chez moi, inconfortable, cher et souvent décevant. Alors… Par contre,  j’ai déjà eu l’occasion de vous dire tout le bien que je pense de ces classiques , filmés dans la salle de la Comédie Française un soir de spectacle et que l’on peut voir (une seule fois) en direct dans certaines salles de cinéma ou (en différé) certains jours dans les mêmes salles.  Et c’est ainsi que je suis allé voir l’Avare au cinéma Pathé de la place d’Alésia.

Inutile de vous parler du confort des sièges, de la qualité du son et de la vision des acteurs. Aucun théâtre à l’italienne ne peut lutter.

Pour ce qui est de la pièce elle-même, j’en avais surtout gardé le souvenir, assez moyen, du film de 1979 dans lequel Louis de Funès jouait Harpagon.

Cette fois-ci, c’est Laurent Stocker qui s’y colle, avec la troupe de la Comédie. Les décors, les costumes sont non datés, anachroniques, réussis. Pour une fois, on n’a pas essayé de déguiser Harpagon en bourgeois du XXI siècle, et c’est très bien. Il y a bien une piscine et une voiturette de golf, mais on n’a pas plus introduit de smartphone que de jargon moderne. Le texte, rien que le texte, disait Jouvet.

La mise en scène de Lilo Baur a pris la pièce du coté burlesque et ça aussi c’est très bien. Si le monologue de la cassette m’a paru un peu occulté, noyé qu’il est dans une sorte de ballet onirique et bruyant, l’ivresse de Marianne au dernier acte est un régal de numéro d’actrice.

Pour ce qui est du texte, il y est, pour autant que je puisse en juger. Bien qu’elle comporte quelques raccourcis contemporains mais peu gênant tellement ils sont naturels (ce que j’vous dit…, qu’est-ce que c’est qu’ça…) la diction reste excellente.

Les acteurs des seconds rôles sont très bons, et c’est bien normal. Laurent Stocker, dont le personnage doit tenir la pièce, la tient. Il est excellent. Plus sobre que de Funès, il est cependant très énergique, et m’a fait penser plusieurs fois à Christian Clavier dans ses meilleurs moments.

Comme le dit souvent Armelle Héliot au Masque et la Plume : « J’ai passé une bonne soirée ». Je vous engagerais bien à faire de même, mais les dernières projections ont eu lieu le 24 mai dernier.
C’est ballot, pas vrai ?

P.S. On me dit que le spectacle se donne à la Comédie Française jusqu’au 24 juillet. Courez-y ! Ah oui ! Mais il n’y a plus de places… ça aussi c’est ballot, hein ?

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