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RENDEZ-VOUS À CINQ HEURES (50)

RENDEZ-VOUS À CINQ HEURES (50)

2/08/2020

Brassens

Aujourd’hui, de Georges Brassens, je vous propose une chanson composée en 1972. Ce n’est pas la plus célèbre de ses chansons mais, en ces temps de décentralisation acharnée, de régionalisation velléitaire et de revendication identitaire, j’ai trouvé qu’elle restait d’une actualité étonnante.

La ballade des gens qui sont nés quelque part 

 

 

 

 

Monsieur Conrad dit le mot juste. Critique aisée 15

« Voyez le pouvoir d’un mot! Celui qui veut convaincre ne devrait pas mettre sa confiance dans l’argument valable mais dans le mot juste, le pouvoir du SON a toujours été plus grand que celui du sens. Cela n’est pas péjoratif dans mon esprit. Il est préférable que l’humanité soit plus impressionnable que réfléchie. Rien d’humainement grand – j’entends par là affectant toute une foule d’existences- n’a été le fruit de la réflexion. En revanche, on ne peut manquer de constater le pouvoir de simples mots; des mots tels que Gloire, par exemple, ou Pitié. Je n’en citerai pas d’autres. Il ne serait pas difficile d’en trouver. Clamés avec persévérance, avec ardeur, avec conviction, ces deux-là, par leur seule sonorité, ont ébranlé des nations entières et labouré le sol sec et dur sur lequel repose tout notre ordre social. Il y a aussi le mot Vertu, si vous voulez!…
Bien sûr, il faut veiller à l’intonation. L’intonation juste. C’est très important. Le poumon puissant, les cordes vocales tonnantes ou tendres. Ne venez pas me parler de votre principe d’Archimède. C’était un être sans esprit, à l’imagination mathématique. Les mathématiques ont tout mon respect, mais je n’ai nul besoin des machines. Donnez-moi le mot juste, et je soulèverai des montagnes.« 
Joseph Conrad. Souvenirs personnels.1912

La plupart des hommes politiques pourraient, dans un élan improbable de sincérité, signer ce petit texte de Joseph Conrad (1857-1924). Avec une nuance importante cependant: à la différence de Joseph, dont l’humour, et donc la distance, transparaissent au second paragraphe, c’est au premier degré que les hommes politiques adhéreraient à cette déclaration.
Quand il faut choisir entre le raisonnement et le mot, entre la logique et le slogan, entre la démonstration et l’incantation, le choix, quand il est collectif, se porte toujours sur le mot, le slogan, l’incantation. C’est ce que l’histoire récente (j’ai toujours été nul en histoire, aussi je ne remonterai pas plus haut qu’une centaine d’années et ferai confiance à Joseph pour les années qui précèdent) nous a montré à d’innombrables reprises. C’est ce que l’histoire très récente nous prouve encore tous les jours.
Cocteau n’avait rien compris, qui disait: « entre deux mots, choisis le moindre« . Lorsque nous sommes en nombre, entre deux mots, nous choisissons toujours le plus gros, le plus beau, le plus rutilant.
Et comme disait tonton Georges:
« Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
  Est plus de quatre on est une bande de cons.
  Bande à part, sacrebleu! C’est ma règle et j’y tiens.«