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Flaubert savait-il écrire ? (Critique aisée n°76)

Flaubert savait-il écrire ?

Même si la lecture de À la Recherche du Temps Perdu m’a procuré, et me procure encore, plus de plaisir que celle de Madame Bovary, je tiens le roman de Flaubert pour le plus grand de la littérature française. (Il faut savoir que, dans cette compétition, beaucoup d’œuvres sont pour moi hors concours, pour la simple raison que je ne les ai pas lues.)

On sait que parmi les Flaubertistes, il y a d’un côté les Bovaristes, inconditionnels de la courte vie d’Emma et, de l’autre, les Educationnistes, passionnés par les aventures de Frédéric Moreau. L’expérience montre qu’on est rarement les deux à la fois. Moi-même, si ça vous intéresse, suis complètement du côté de l’Enquiquineuse Normande et j’ai un peu de mal à supporter le Dandy Parisien. Mais qu’il préfère Emma à Frédéric ou l’inverse, chacun reconnait l’exemplarité et la perfection du style flaubertien.

Il suffit de regarder un manuscrit du grand Gustave ou de parcourir n’importe quel ouvrage sur son œuvre pour comprendre qu’il n’écrivait pas facilement. Tous les critiques Continuer la lecture de Flaubert savait-il écrire ? (Critique aisée n°76)

C’était à Mégara… (Critique aisée 63)

Critique aisée n°63

C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.

Avec le « Longtemps, je me suis couché de bonne heure » du petit Marcel, « C’était à Mégara… » est probablement l’incipit le plus connu de la littérature française. C’est celui du roman Salammbô de Gustave Flaubert.
Je ne vais pas disserter sur cette œuvre puissante et surtout pas tenter de la comparer à la Recherche du temps perdu. D’abord parce que ces deux romans sont incomparables, y compris entre eux. Ensuite parce que je ne suis carrément pas au niveau et, dans ces cas là, j’aime bien dire que je n’ai pas les outils.
Je voudrais simplement faire remarquer les différences qui existent pour moi entre ces deux magnifiques phrases d’entrée qui ne font d’ailleurs que refléter les différences fondamentales de nature entre les deux œuvres.
Avec l’incipit du petit Marcel, vous entrez dans son roman (on dirait aujourd’hui autofiction) par une petite porte, la fragile petite porte du fond du jardin de la maison de Combray, la délicate petite porte de la mémoire. La phrase est courte, simple et inattendue, surtout quand elle suit un titre aussi explicatif que « A la recherche du temps perdu ». Vous êtes tout de suite dans l’intimité du Narrateur qui, avec cette phrase d’introduction, commence à vous expliquer comment chaque soir il se couchait de bonne heure sans pouvoir s’endormir avant que sa mère ne vienne l’embrasser. Avec les trois mille pages qui suivent, vous saurez tout de lui.
Le grand Gustave ouvre Salammbô avec une phrase solennelle : « C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar« . On est au cinéma, l’hymne de la Twentieth Century Fox vient Continuer la lecture de C’était à Mégara… (Critique aisée 63)