Il y a cent ans, le caporal Coutheillas…(1)

Marcelin       A la suite de l’assassinat de l’héritier du trône austro-hongrois le 28 juin 1914 à Sarajevo, l’Autriche-Hongrie lance à la Serbie un ultimatum inspiré par l’Allemagne. Il est rédigé de telle sorte qu’il soit impossible à la Serbie de le respecter. L’imbrication des alliances est alors telle que, de façon quasi automatique, la catastrophe se met en place.  La Russie déclare la mobilisation contre l’Autriche-Hongrie puis contre l’Allemagne. Le 1er août, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie. Le même jour, la France décrète la mobilisation générale. Le lendemain, l’Allemagne envahit le Luxembourg puis la Belgique…le spectacle commence! Ce qui devait n’être qu’une punition de la Serbie par l’Autriche-Hongrie se transforme en quelques jours en guerre mondiale, la première guerre mondiale.

Le 5 août 1914, le caporal Coutheillas (Marcelin, mais il signe Marcel) est convoqué à Dreux pour rejoindre le 29ème Régiment Territorial. A partir de ce moment, il tient son journal qu’il envoie régulièrement à sa femme Madeleine, restée à Paris. Il a 36 ans. Ses deux enfants jumeaux, Antoinette et Daniel, vont avoir 8 ans.

Cinquante ans plus tard, son fils a retranscrit sur sa machine à écrire IBM à boule le manuscrit qu’il lui avait donné, et moi, son petit-fils qu’il n’a pas connu, j’ai à mon tour repris son journal après cinquante autres années.
Tenu sur un cahier de 11cm par 17cm, le journal de Marcelin Coutheillas  comporte 133 jours, cinquante et une pages et pas une faute d’orthographe.
Lorsque j’ai tapé ce texte intégralement, il a occupé 15 pages dactylographiées. Pour cette présentation, j’ai résumé certains jours en quelques lignes (caractères italiques) et reproduit intégralement certains autres (caractères droits). Dans ce cas, je n’ai apporté aucune autre modification que de rares liaisons entre phrases.
J’ai ensuite découpé le Journal de Marcelin pour le publier dans le Journal des Coutheillas 100 ans plus tard , date pour date. 
On lui devait bien ça.

Journal du caporal Coutheillas (1)

Je suis convoqué à Dreux pour le 5 août et je quitte Paris vers 2 heures de l’après-midi pour arriver sur place à 6 heures du soir. On m’équipe immédiatement et on m’envoie coucher sur la paille dans la salle des fêtes. Je n’ai pas l’habitude de ce genre de confort et je suis un peu ému, c’est sans doute pourquoi j’ai du mal à m’endormir.

Le 29 eme RIT part le lendemain matin, mais Marcel est affecté au dépôt pendant presque deux mois.

A suivre
Prochaine édition le 24 septembre

2 réflexions sur « Il y a cent ans, le caporal Coutheillas…(1) »

  1. Très intéressant! Si ton père, Daniel et mon père, René étaient de grands amis, nos grands pères paternels se connaissaient aussi mais le mien est décédé juste avant la guerre de 14. Je vais donc voir ce qu’il aurait pu connaître s’il avait vécu l’enfer qui s’annonce!

    Te lisant (dans l’ensemble du JdC) et en lisant certains commentaires, je ne peux m’empêcher de poser une question!

    Pourquoi les Coutheillas contemporains font-ils plus dans le ‘ou’ que dans le ‘et’,
    – plus dans l’opposition tranchante et excluante que dans la complémentarité?
    Philippe adore Proust et déteste Montaigne, Rebecca accorde toute sa confiance aux témoins ‘dans le champ’ (de bataille) et dénigre, avec un talent d’une perspicacité redoutable, « les élucubrations des scribouilleurs d’anniversaires! »
    Voyant la réponse à l’inéluctable question du ‘quand la mort?’ (à laquelle ‘le malheur d’être né’ nous a tous condamnés) se rapprocher à grand pas, je conviens volontiers, avec vous, qu’il soit nécessaire et indispensable de faire des choix.
    On ne peut accorder une attention égale aux propos des sept milliards de moussaillons qui transitent (d’un néant à l’autre) avec nous sur le vaisseau spatial, Terre. De plus, comme ‘les morts gouvernent les vivants’ (A Comte), il y a des traces écrites, picturales, architecturales, etc. de dizaines de milliards d’ancêtres qu’il nous faudrait aussi prendre en compte. L’ampleur sans cesse grandissante du matériel à décrypter devient de plus en plus inappréhendable et donc incommensurable alors que notre capital temps se réduit en passant.
    Un choix s’impose, c’est évident!
    Mais alors quels sont les critères justifiant vos choix si tranchés?
    À quoi distingue-t-on le con du pas-con?
    Si l’on se fie à la conclusion du ‘Dîner de cons,’ le plus con n’est pas celui qu’on pense! (les mini-cons sont souvent ridiculisés par des êtres [à part amants] brillants qui s’avèrent être, à la fin des comptes du fisc, de véritables super-cons comme il est vrai, selon K. Marx, [frère aîné des Marx Brothers] que ‘les grands voleurs emprisonnent les petits.’)
    Selon quels critères évalue-t-on ‘la beauté du mâle’ (on [excluant le locuteur] dit que les belles femmes sont souvent des ‘bimbos’ surtout si elles sont blondes), si chère à Philippe?
    Le capital esthétique est-il coté en bourse et quelle bourse? Wall Street ou le Palais Brongniart? Il est vrai que la presse ‘People’ nous assure de son existence! Mais l’échelle est-elle universelle? Comme la vérité, d’après Montaigne et Pascal, sa reconnaissance varierait considérablement d’un côté des Pyrenées à l’autre.
    On sait que les roux, tués à la naissance par les Pharaons, méprisés en France pour la couleur du poil, leur odeur et leur faiblesse d’esprit (‘Poil de carotte’ et le clown rouge imbécile ou con vs. le clown blanc malin ou pas-con aux cheveux anthracites et huileux) sont adulés en Écosse, en Irlande et, dans l’ensemble du monde anglo-saxon.
    (Ce qui explique mon encroûtement au Canada où on ne se moque pas non plus du gros cul et gros bedon que j’y ai acquis!)
    Certes, les statues grecques et romaines qui ont inspiré les grands sculpteurs de la Renaissance comme ceux du Palais Garnier sont considérées comme le nec plus ultra de l’harmonie corporelle… Aujourd’hui, les regards se fixant en dessous de la ceinture et l’imagination s’inspirant de Picasso, importateur actif de l’Art Africain, on préfère que ces statues masculines soient culottées et, surtout, les braguettes remontées!

    À cette question du ‘pourquoi ceci plutôt que cela?’, j’ai l’impression (je vis dans mes hallucinations que j’exprime par mes élucubrations! Quel humain lucide pourrait prétendre faire autrement?) que Philippe répondrait – à lui de me corriger (j’adore ça) – « parce que c’était moi et parce que c’était lui! » Exactement comme Montaigne le fit pour justifier son amitié avec La Boétie.

    Vous constatez que je suis resté ici sur la rive droite (Palais Garnier, Brongniart, Avenue Montaigne, rue de La Boétie, etc.) C’est peut être là le critère du choix:
    rive droite/rive gauche! Les Germanoprates en pantalons noirs chez Lipp vs. les poulbots de Montmartre sans culottes à Pigalle!

  2. Quelle riche et merveilleuse idée que de nous faire partager ce document!
    Il est tellement plus intéressant de lire le quotidien de quelqu’un qui a vécu l’événement, et d’être ainsi au plus près de l’action et de la réalité du terrain, plutôt que les élucubrations d’un auteur né longtemps après les faits. (Et là, je ne parle pas de toi, mais de ces nombreux scribouillards qui profitent de ce triste anniversaire pour sortir des bouquins à tire larigot)

    Tu mentionnes que le journal ne comporte que 133 jours d’écriture, alors que la guerre fut bien plus longue. Est-ce parce qu’il n’a pas écrit tous les jours, ou alors est-ce parce que le journal a été écourté par son décès ou (restons positif) son retour dans son foyer?

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