Rien n’y fait

Rien n’y fait. Bardella et le RN caracolent en tête, comme le disent chaque jour depuis des semaines les sondages du Figaro. 

Rien n’y fait. Ni l’indigence de Bardella lors de son débat contre Attal, ni la notoriété des fondamentaux du RN en matière d’anti-européanisme, de pro-poutinisme, d’antisémitisme, de xénophobie, ni tous ces sombres souvenirs qui s’attachent au populisme triomphant, au Front National,  à l’extrême droite au front de taureau, rien n’y fait car nous n’avons ni mémoire ni vision.

Rien n’y fait. Pas davantage l’analyse, aussi rationnelle, aussi dépassionnée soit-elle, du programme, aussi flouté soit-il, de Marine Le Pen, rien n’y fait car la rationalité est une « arme injuste utilisée par les élites depuis trop longtemps  pour oppresser le peuple et maintenir leurs privilèges ». 

Rien n’y fait, car ce qui motive le RN, c’est, comme le dit Einthoven dans Franc-Tireur : »la haine de l’Europe, la haine du « système » et de ses dirigeants, le goût de nuire aux puissants, la peur des vaccins, la phobie des étrangers, … {des} sentiments imperméables à toute argumentation. »

Rien n’y a fait et rien n’y fera plus d’ici le 9 juin. 

Alors, ne perdez pas votre temps à tenter de convaincre votre cousin Gaspard que non, il n’est pas un martyr du système, que non, sa paranoïa n’a pas de raison d’être, que non, il n’est pas une victime de l’injustice, que non, n’est pas justifiée sa haine des impôts, des péages, des contraventions, des règlements, des flics, des médecins, des voisins, des intellectuels, du type qui le double sur l’autoroute et de l’autre en général. Ne perdez pas votre temps car non, rien n’y fera.

Rien n’y fera, alors, gardez votre énergie pour allez voter, plutôt deux fois qu’une, si cela vous est possible (ben oui, c’est possible : avec une procuration).

Et gardez-en un peu pour vivre prochainement dans un monde où Trump sortira de la prison de Rikers pour entrer directement à la Maison Blanche comme Président à vie des États-Unis, où Poutine, Tzar de la Grande Russie ressuscitée, sera reçu en grande pompe à l’ONU par un président vénézuelien et où Marine Le Pen sera adoubée Présidente de la Commission Européenne par Boris Johnson.

Parce que… il faudra vous y faire.

 

12 réflexions sur « Rien n’y fait »

  1. Non, c’est la Russie ,son allié.,sous l’oeil approbateur de Xi JinPing qui a tout à gagner dans la région

  2. L’Azerbaidjan plus dangereux pour l’Europe ? Avec ses 10 millions d’habitants et son PIB de 73 milliards $, plus dangereux que la Russie et ses 1829 milliards de PIB, ses 150 millions d’habitants, ses têtes nucléaires, sa tête dirigeante, son impérialisme assumé et tout ce qui va avec ?
    J’en doute un peu quand même.

    Et s’il nous envoie quelques aimables agitateurs en Nvelle Calédonie, c’est pour faire une amabilité à Poutine.

  3. La menace pour l’Europe est plutôt le dictateur de l’Azerbaîdjan Ilham Aliev qui nous a déjà provoqué en envoyant des troupes en Nouvelle -Calédonie en appui aux Canaques;.
    en réprésailles à notre appui à l’Arménie.
    Poutine derrère sinon Xi Jin Ping déjà implanté sur des îles du secteur.Javier Milei est plutôt un clown à côté mais puissant chez lui et effectivement peu redoutable pour nous ni même pour les Anglais.

  4. Et il n’est pas le seul, le président argentin.
    Mais, jusqu’à preuve du contraire, il ne constitue pas une menace pour l’Europe. C’est vrai qu’il pourrait tenter d’envahir à nouveau les Malouines et contrarier les Britanniques, mais depuis le Brexit, nous,on s’en fout.

  5. Rien que sur les commentaires, le taux d’abstention est déjà vachement fort. Alors, pour demain, ça promet !

  6. Point de divergence avec tes propos Philippe, ni avec ceux lus dans le JdC récemment. Oui, 30 ou + pour Bardella est épouvantable, au sens où ce sondage (un mot que j’ai en horreur) devrait créer non pas des lamentations mais plutôt l’épouvante. Tout se jouera bien sûr en 2027. Cela dit, j’ai mes raisons de penser que la situation n’est pas désespérée en France, tout simplement parce que c’est la France. Nous avons l’habitude depuis quelques 230 ans de gérer des situations alarmantes et puis le temps d’un renouveau apaisé arrive. Je me fais plus de soucis avec ce qui va se passer en Novembre aux EU. La dichotomie est arrivée à un point tel là-bas qu’une gestion de crise entre les deux bords semble impossible.

  7. L’élection du 9 juin, si elle confirme les résultats promis, n’aura pas pour effet de mettre le RN à l’épreuve du feu et des réalités gouvernementales. Elle n’aura pas pour effet de lui permettre de faire la preuve de sa compétence ou de son incompétence, puisqu’elle ne le mettra pas davantage au gouvernement qu’il ne l’est actuellement. Si le résultat des élections européennes peut avoir un effet (indirect) sur la politique française, ce sera probablement d’infléchir la politique d’Emanuel Macron vers la droite, vers la partie de la droite qui se situe à la gauche d’Homer Simpson-Ciotti (et à sa gauche, il y a beaucoup de place). Mais après le 9 juin, le RN réclamera, sans les vouloir vraiment, la démission de Macron et/ou la dissolution de l’Assemblée. Il restera dans son rôle d’opposition, le rôle dans lequel il a toujours excellé à rassembler toutes les rancœurs, jalousies et paranoïas déjà décrites. Il pourra continuer à le faire tout tranquillement jusqu’en 2027.

    Les conséquences directes d’un afflux de députés européens du type RN et assimilés, de France, d’Allemagne et autres pays européens aura surtout des conséquences européennes. Elles se matérialiseront par une volonté de ralentissement pouvant aller jusqu’au blocage du fonctionnement de l’Europe, avec pour but à court terme un abandon plus ou moins avoué de l’Ukraine à son sort.

    L’élection qui pourrait réaliser cette mise du RN à l’épreuve des faits n’aura lieu que dans trois ans. Ce sera l’élection présidentielle. Je pense, j’espère, que d’ici là les Républicains, s’ils veulent bien ranger Homer Simpson-Ciotti dans sa boite, et les Socialistes, s’ils veulent bien débrancher François Hollande et Olivier Faure, se seront refaits un début de santé en dépassant les quelques pour cents auxquels ils semblent plafonnés. Dans le même sens, le réflexe anti-Macron ne devrait plus exister, puisque depuis 2008, un troisième mandat présidentiel consécutif n’est pas autorisé par la constitution. Je crois donc, j’espère, que le RN redescendra à des niveaux qui permettront de gouverner sans lui et surtout de ne pas en faire l’essai.

    Autre point : Bardella peut avoir une tête de gendre idéal (je dirais plutôt qu’il a une tête de neveu par alliance), il n’a surement pas le cerveau d’un chef de gouvernement. Il a certes réussi à se faire une belle popularité, notamment en prenant Jacques Chirac pour modèle physique et comportemental, mais cette habileté n’est pas suffisante. Il y a tout à parier qu’en cas de gouvernement RN après 2027, il n’y figurerait pas et resterait président du mouvement. C’est une position mille fois plus confortable, même quand on n’est plus dans l’opposition.

    Encore un autre point : tant que Mélenchon sera à la tête de LFI, je pense qu’il n’y a pas grand-chose à craindre de ce parti.

    Dernier point : Les récents articles du JdC et commentaires y afférents n’ont pas (ou pas seulement) pour objet de se lamenter sur la bêtise au front de taureau qui semble mener la danse de plus en plus en France et dans pas mal d’autres pays. Ils sont destinés, dans la mesure des faibles moyens de leurs auteurs, à sensibiliser, s’il en était besoin, la vingtaine (ou bien n’est-ce qu’une dizaine ?), de lecteurs aux conséquences tragiques d’une grande victoire du RN et à les pousser ainsi à aller voter.

    P.S. Ce n’est pas dans mes habitudes de plaisanter sur le physique des gens, mais pour Ciotti, c’est avec joie que je fais une exception. Pour le caricaturer, j’ai longtemps hésité entre Droopy, le chien triste de Tex Avery, et Homer Simpson, le père de famille imbécile. Comme, malgré son obstination viscérale, Droopy a quand même un côté sympathique, j’ai opté pour l’imbécile de Springfield.

  8. @ Bételgeuse et consorts. On peut se lamenter sur les scores épouvantables de Bardella dans les sondages qui font les choux gras des journaux papier, radio et télé, il n’empêche que les résultats de l’election dimanche révéleront une realité confirmant ou non les sondages, Bardella probablement en tête largement, rien n’y fera, et alors? Nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer, en tout cas ceux qui n’aurons pas voté Bardella, mais je préfère être optimiste et penser que le RN fera soit la preuve de son incompétence et sera à terme rejeter, cela prendrait du temps, soit entrera dans une espèce de reconstitution des droites à l’italienne et nous verrons ce qu’il en sortira. Je préfère rester optimiste et me réjouir que c’est pas Melanchon qui cavale en tête.

  9. Mais il y aussi un autre danger, tout aussi grave mais plus urgent encore que la dérive de la démocratie sous l’effet du populisme autoritaire (pléonasme), c’est l’arrivée au Parlement Européen d’un bloc nationaliste fort qui est, qu’il l’avoue ou le nie selon ses origines, le cheval de Troie de Poutine. Un tel bloc fera tout ce qu’il pourra pour empêcher ou ralentir l’aide à l’Ukraine et, sous prétexte de pacifisme, céder à la Russie ce qu’elle voudra obtenir dans son chantage au nucléaire. Quand avec leur aide, l’est de l’Ukraine lui aura été cédé, qu’adviendra-t-il de la Moldavie, de la Georgie, puis des pays baltes, puis, à terme, du reste de l’Europe ?

  10. « la tentation du pire »,« le pire n’est jamais sûr », « on peut toujours essayer, ça n’engage à rien », « l’effet magique du grand coup de balai », « le rêve du grand soir inversé »…
    Vielle sagesse populaire ?
    Tu parles !
    Nouvelle légende urbaine, en fait !
    « La plus belle ruse du diable est de nous faire croire qu’il n’existe pas »
    Le risque d’un tel essai est gigantesque. Robert de Niro l’a dit l’autre jour à propos de Donald Trump, à peu près en ces termes : « S’il revient, ce sera pour toujours ».

    Parce que comme disait Brel, chez ces gens-là, Monsieur, on ne se bat pas avec les mêmes armes, on triche.

    Ce n’est pas parce que le peuple vote qu’on est en démocratie. Le peuple allemand votait en 1930 et 1932, le peuple russe vote de temps en temps, le peuple américain a voté en 2016…

    On peut essayer le socialisme, le libéralisme et toutes les nuances de ces politiques. On n’essaye pas un extrémisme pour voir ce que ça fait. Ceux qui ont essayé les extrémismes d’extreme gauche ou d’extrême droite, ont mis des années à s’en remettre, quand ils s’en sont remis.

  11. Depuis longtemps je ne m’intéresse plus aux sondages. En ayant pratiqué pendant de nombreuses années, dits tests quantitatifs, pour déterminer le succès potentiel d’un nouveau produit j’ai appris que le taux d’essai d’un produit par un consommateur lambda n’est pas l’essentiel, l’essentiel c’est le taux de réachat après essai. Le plus extraordinaire succès que j’ai rencontré pour un nouveau produit est un lancement fait en dépit de la vive recommendation de la société d’étude de marché, très réputée, d’abandonner le projet.
    L’électeur lamda français actuel dit tout va mal pour nous, nos gouvernants français et européens sont nuls, alors essayons autre chose. Les insoumis c’est risqué, mais le RN est devenu respectable et Bardella est un copain potentiel ou un possible gendre sympathique. Alors je dis, résigné, laissons ces électeurs lamda satisfaire leur envie de changement (je pense à 2027 bien sûr) et nous verrons. Essayer n’est pas adopter, parfois rejeter après dégoût!

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