Joyeux anniversaire

Le 6 janvier 2021, l’Amérique est passée juste à côté d’un coup d’état, totalement impréparée qu’elle était à un coup de force que pourtant la personnalité, les comportements, les actions passées et les déclarations de Donald Trump auraient dû laisser prévoir. Mais à quoi pensaient donc les politologues, les journalistes, les instituts de sondage, les think tanks, les hommes politiques, les services de renseignements américains, le MI6, la DGSE, le MOSSAD ? (J’exclus de cette large liste les SVR, KGB, GRU, FSB russes, MSS chinois et autres SMERSH cosmopolites et apatrides qui bien sûr avaient été mis au courant en temps utile). 

Un tel aveuglement est aussi invraisemblable et révélateur d’une inquiétante incompétence que celui qui a laissé passer les attentats du 11 septembre 2001 et les massacres du 7 octobre 2023.  

Donc personne, en dehors des comploteurs eux-mêmes, n’avait vu venir la chose. 

On peut toujours penser, car c’est effectivement probable, que, conjurée ou pas, une partie des services  de renseignements, de l’armée, de la Garde Nationale, de la police et des membres du Congrès était au courant du projet, a laissé faire, juste pour voir, ou y a participé, mais la lenteur des réactions légitimistes contre la tentative de putsch demeure inexplicable et choquante pour un pays que tout le monde, ami ou ennemi, considère à juste titre  comme le gendarme du monde depuis trois quarts de siècle. 

Imaginez un peu ce qui se serait passé si Mike Pence, Vice-Président, avait refusé de valider le résultat des élections présidentielles comme on le pressait de le faire ? Eh bien, merci Mike ! Ça m’écorche un peu de le dire, mais merci Mike ! C’est bien grâce à lui, qui pourtant était assis à l’extrême droite du dieu POTUS, que les institutions et les forces de l’ordre ont eu le délai qui leur a permis de reprendre le dessus. 

Vous et moi, mais surtout moi, soulagés que les USA aient échappé à une deuxième guerre civile de laquelle nous ne serions pas sortis indemnes, nous nous sommes dit : « eh bien, au moins, avec ce dernier exploit, le Donald est barré pour longtemps des estrades politiques ! Pour l’éliminer politiquement, ce n’est plus la peine de compter sur ses procès en harcèlement sexuel, en intelligence avec l’ennemi, en fraude fiscale, escroquerie, détournement de fonds, faillites frauduleuses, surévaluations d’actif, subornation de témoins, chantages, you name it… Plus besoin ! Une tentative de renversement des urnes par la violence, de prise par la force du symbole de la démocratie américaine, le Capitole ! Vous vous rendez compte ? On est tranquilles pour longtemps ! »

Eh bien non ! Il s’avère qu’une majorité d’Américains s’apprête à voter pour Donald Trump, et cela en toute connaissance de la nature de ses projets ; parce qu’il ne s’en cache pas, le bougre ; sur l’Ukraine, Israël, Taïwan, l’OTAN, l’écologie, on sait déjà à quoi s’en tenir. 

A moins de dix mois des élections présidentielles, les sondages sont tous en sa faveur. 

Pourquoi donc ? On pourra toujours dire que c’est parce que c’est l’Amérique, c’est Business first, America first, isolationisme first. Mais ce n’est pas suffisant.

Mon explication à moi, c’est que la gauche du parti démocrate, par ses actions et ses déclarations, se présente comme un repoussoir pour les électeurs modérés des deux partis, Démocrates et Républicains   (car il y en a, des modérés).
Elle a souvent fait comme ça, la gauche démocrate. Vous vous souvenez de Bernie Sanders ?

Mais cette fois-ci, c’est pire. Le Wokisme exacerbé, qui ne sévit pas, comme on le croit trop, que dans les universités mais aussi dans le monde des affaires, du spectacle et de la presse, exaspère et fait peur aux modérés des deux camps. C’est peut-être à tort (personnellement j’en doute) mais le Wokisme exaspère (il suffit de lire le New York Times pour être exaspéré) et fait peur (il suffit d’entendre Claudine Gay, ex-présidente d’Harvard). Il est à craindre que beaucoup de ces modérés des deux camps qui auraient bien pu voter pour Joe Biden, les uns par dégoût du Donald et les autres par fidélité démocrate, ne le feront pas. Et, en novembre prochain, leur abstention ou leur vote contraire risque bien de faire tomber les Démocrates et, cette fois-ci, la démocratie. 

Il paraît que dans la journée, à l’occasion du troisième anniversaire du coup d’état manqué de peu, Joe Biden va prononcer un discours important. J’espère qu’il sera en forme et qu’il renversera la table et les pronostics. 

2 réflexions sur « Joyeux anniversaire »

  1. Tu peux aller te recoucher, c’est inutile d’attendre plus longtemps aujourd’hui : la décision d’examiner a été prise par la Cour Suprême mais l’examen n’aura lieu que le 8 février. Quant à la décision elle-même, je ne sais pas quand elle sera diffusée.
    Mais j’appréhende le résultat, la C.S. étant à présent politisée et à majorité donaldienne.

  2. Rien ne va plus en Amerique! Elle est gangrenée par de multiples virus qui finiront par avoir la peau de cette démocratie qui forçait l’admiration autrefois. J’attends avec impatience la décision qui sera prise aujourd’hui par la Cour Suprême au regard de la constitutionalité de la candidature de Trump à la prochaine élection.

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