Aventure en Afrique (46)

Nous reprenons les camions et arrivons à une faille dans laquelle a été réalisée une piste très pentue. Par sécurité, tous les passagers ont l’ordre de descendre et de poursuivre à pied.
Le massif de l’Aïr s’étend sur environ 300km du nord au sud et 200km d’est en ouest, son altitude moyenne est de 900m avec un sommet à 2022m. Ce massif est un ensemble cristallin et volcanique émergeant du socle ancien. Cela explique la présence de sources chaudes et minéralisées. La pluviométrie dans la région est 50 à 160mm/an.
Nous nous dirigeons vers la source minérale d’Assodé, ancienne capitale touareg, ayant connu son heure de gloire, détruite par des guerres tribales, dont il ne reste que des ruines. Nous y passons la nuit. La nuit nous avons froid : l’amplitude avec le jour est d’environ 20o à 25o. Un duvet et deux couvertures sont nécessaires alors qu’il ne fait que 15o. Difficile de faire sa toilette matinale uniquement avec le contenu de sa gourde ! Ici pas de douche, malgré la poussière quotidienne, on s’y habitue !

Le lendemain 18 décembre, nous prenons la direction de l’oasis de Timia. Peu à peu le mal aux fesses s’atténue, malgré un itinéraire toujours très chaotique. Le corps humain a une grande capacité d’adaptation, en particulier pour les individus jeunes ! Nous pouvons réduire les épaisseurs des protections sur les bancs et profiter plus pleinement du grand spectacle.

      Nous roulons dans une vallée étroite et passons devant un petit cimetière, le contour des tombes  est matérialisé par des pierres, certaines étant verticales. Peu à peu la vallée s’élargit et nous arrivons dans la superbe oasis de Timia, avec une végétation luxuriante. On peut apercevoir sur un promontoire un gros bâtiment à son sommet. On est aussi surpris par le grincement incessant d’une poulie qui raisonne dans toute la vallée.

Nous sommes étonnés par la variété de cultures qui y poussent sur de petites parcelles de quelques m2 encadrées de petits canaux. On y trouve du blé, des oignions, des légumes divers, des plantes aromatiques… L’ensemble est ombragé par de grands palmiers-dattiers. L’eau pour l’arrosage provient de puits, d’ où elle est extraite à l’aide d’un système astucieux, ne nécessitant la présence que d’une seule personne: il s’agit d’une noria à vidange automatique. L’ensemble fait de bois supportant une poulie autour de laquelle est enroulée une longue corde qui va puiser l’eau à des dizaines de mètres à l’aide d’une outre en cuir d’une trentaine de litres. La traction est effectuée par un dromadaire ou une vache conduit généralement par un enfant et là, la poulie se met à grincer. L’extrémité basse de l’outre a la forme d’un entonnoir dont le bec est relevé pendant la remontée. Il débouche dans une goulotte de bois, point haut du réseau d’arrosage et se vide.
Nous rencontrons un jeune garçon, d’une douzaine d’années, parlant français, qui nous fait visiter la palmeraie. Tout en marchant, je dis en observant un buisson en fleur : Tiens mais c’est un grenadier ! Notre guide est surpris que je connaisse cette plante. Il nous raconte qu’il y a très longtemps, un marabout de Timia a fait son Hajj, en rentrant de La Mecque il a mis dans sa poche une grenade (le fruit), qu’il a planté en arrivant. « Depuis nous mangeons des grenades » nous dit- il.

Je demande au gamin qu’est ce bâtiment que l’on aperçoit sur la colline, il me répond « C’est le fort Massu ». Wikipédia nous précise : « En 1951 le colonel Massu, à la tête de la 4ème  brigade de l’AOF à Niamey, où est construit, sous son autorité, le fort  Massu au cœur de l’Aïr ». Sur place il nous a été dit  que Massu avait fait construire ce fort pour punir ses soldats, suite à une grosse désobéissance. Notre guide se propose de nous faire voir son école. Celle-ci est en dur et ne comprend qu’une seule grande pièce : pas de table ni de chaise. Je me souviens de la présence d’une carte de France sur le mur derrière l’instituteur. La carte du Niger, pour la remplacer n’est pas encore arrivée !
Pour remercier notre jeune guide nous lui donnons notre thermomètre à cadran et aiguille, sur lequel il avait lorgné. Son merci a été un grand sourire.
Le soir après le repas nous avons eu droit au tambour d’eau, instrument joué par les femmes du désert émettant une sonorité profonde et sourde, créant une atmosphère calme et apaisante, accompagnant leurs chansons.
Le lendemain 19 décembre, un différend oppose les deux organisateurs au  lieutenant Sartre au sujet de l’itinéraire. Ce dernier ne veut pas emprunter celui proposé et retenu, car trop difficile. Nos deux camarades finissent par lui dire que c’est nous qui payons et qu’il n’a pas le choix. Il s’exécute mais les relations sont tendues. A 9h40 nous poursuivons notre périple, toujours dans le Massif en direction d’Elméki. Le lieutenant, probablement énervé, au volant du power, nous a permis d’assister à un bel ensablement, dont il n’était pas très fier ! A 17h50 nous arrivons à Tafadek, avec sa source thermale. Nous sommes sortis du Massif de l’Aïr.
Au diner je me place d’un côté de l’officier et lui parle pour essayer de le dérider. Il me dit être de Marseille. Je lui dis: j’ai passé ma petite enfance à Marseille, à Saint- Louis, où mon père travaillait dans une huilerie dont il dirigeait le compartiment : alimentation du bétail. Il me répond: « j’étais à l’école à La Viste et passait devant cette usine tous les jours ». Je lui indique que j’avais fait mes petites classes également à La Viste, et lui demande s’il connait un de mes amis d’enfance, Edouard Verneuil, ancien élève. Il me répond «Nous étions dans la même classe ». Cela se passe en Afrique, sous un ciel tout étoilé et la fraicheur qui commence à tomber !…

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