C’est l’été et vous allez partir pour quelque pays insalubre où, si vous êtes surs de trouver en abondance moustiques, frelons, et méduses, il est à peu près certain que vous ne trouverez pas une seule bonne librairie. C’est donc l’heure d’une petite piqure de rappel. Rassurez-vous, ce n’est pas la peine de prendre rendez-vous, et ça ne fait pas mal : il suffit d’aller sur Amazon, de taper Philippe Coutheillas dans la case de recherche et d’acheter Blind dinner ou La Mitro, ou les deux. Vous pouvez aussi penser à vos amis et en prendre plusieurs exemplaires. En attendant voici un extrait de l’une de ces deux œuvres indispensables à un été en sécurité.
Sassi Manoon et les Texas Rangers
LA MITRO, extrait
Serena Foster était né en 1888 dans la bonne société New-yorkaise. Après vingt ans d’une vie de luxe et de volupté, de plaisirs et de vanités, elle décida d’entrer dans les ordres. Elle avait alors 38 ans. Comme c’est l’usage, elle changea son prénom et choisit celui de Madeline en référence à ce qui la rapprochait, croyait-elle, de Sainte Marie-Madeleine, à savoir le péché et la rédemption. C’est ainsi qu’elle devint Sister Madeline. Une fois ses vœux prononcés, et après une courte formation d’infirmière sage-femme, Sister Madeline fut envoyé en Louisiane, à Chattawbannack, pour y diriger le petit dispensaire-orphelinat qu’un magnat du pétrole y avait fondé pour racheter son âme au diable et réduire ses impôts. L’ile de Chattawbannack est située sur la Sabine River qui marque la frontière entre le Texas et la Louisiane. C’est l’endroit le plus chaud, le plus humide, le plus isolé, le plus désolé des endroit chauds, humides, isolés et désolés de cet état qui en compte beaucoup plus que n’importe quel autre état des États Unis. A cette époque, aucun pont ne reliait l’ile à la terre ferme et le seul lien entre le dispensaire et la civilisation était un émetteur radio et un petit bateau à moteur qui descendait la Sabine une fois par mois jusqu’à Pine Bluff pour aller chercher le Docteur Onemore-Fortherode, un vieux médecin anglais original et alcoolique, qui s’était installé dans la région pour s’adonner à sa passion, sa collection d’alligators.
A son arrivée à Chattawbannack, deux ans avant les évènements que nous allons raconter, Sister Madeline avait été accueillie avec enthousiasme par la petite équipe du dispensaire qui ne comportait que quatre sœurs novices d’origine créole. Les petites créoles, avec toute la gaité, l’insouciance et le charmant accent qui les caractérisent, ne tardèrent pas à transformer le nom de Sister Madeline en Sassi Madeline, (NdT : Sassi est la traduction de « sœur » en cajun), puis en Sassi Madoon et enfin en Sassi Manoon, parce que c’est quand même plus facile à prononcer que Sister Madeline.
Un beau matin, deux hommes en uniforme parurent à la porte du dispensaire : un gros rouquin du nom de Bill Crawley, et un petit brun moustachu qui s’appelait Ive Krupckie.
« Hi, Ma Sœur, dit Bill. Belle journée qui s’annonce, pas vrai ? »
La sœur resta un instant stupéfaite car aucun homme en uniforme ne s’était jamais présenté au dispensaire et, plus généralement, aucun homme blanc n’avait jamais été vu sur l’ile, a fortiori au dispensaire. Néanmoins, elle se ressaisit pour répondre :
« Bonjour Messieurs les soldats, et que Dieu vous protège.
— Bill et moi, on est des Rangers du Texas. On est comme qui dirait à la recherche de chasseurs d’alligators, des sacrés fils de pute, pardon Ma Sœur, mais y a pas d’autre mot, des sacrés fils de pute qui chassent la nuit au fusil et même à la dynamite. Pas vrai, Bill ?
— Pour sûr, Ive !
— Alors on remonte la Sabine depuis une semaine à la recherche d’un bateau qu’on nous a signalé et qui pourrait bien être celui de ces salopards qui se foutent de la loi comme de leur première vérole. S’cusez, Ma Sœur, ça m’a échappé. C’est un foutu gros dinghy tout noir. Mille pardons, Ma Sœur! Un foutu gros bateau en caoutchouc tout noir. Pas vrai, Bill ?
— Pour sûr, Ive. L’auriez pas vu, par hasard, le dinghy ?
— Je regrette sincèrement, Messieurs les soldats, mais les seuls bateaux que j’ai vus ces deux dernières années, ce sont les barques des pêcheurs, le bateau de l’orphelinat et les barges des compagnies de pétrole qui font la navette entre les champs pétrolifères au Nord et le Golfe du Mexique. Mais à propos d’embarcations, où est donc la vôtre ?
— On l’a laissée de l’autre côté et on a traversé l’ile à pied. Trois heures pour faire à peine un mile ! Une sacrée foutue balade. Ah ! Merde ! Pardon, Ma Sœur, je voulais dire que c’était pas une promenade de tout repos. Pas vrai, Bill ?
— Pour sûr, Ive. C’est vraiment le trou du cul du monde ici ! Oups ! (…)
— On l’a laissée de l’autre côté et on a traversé l’ile à pied. Trois heures pour faire à peine un mile ! Une sacrée foutue balade. Ah ! Merde ! Pardon, Ma Sœur, je voulais dire que c’était pas une promenade de tout repos. Pas vrai, Bill ?
— Pour sûr, Ive. C’est vraiment le trou du cul du monde ici ! (…)
Oups ! Pardon, ma sœur ! Mais pour lire la suite, va falloir acheter et
pour acheter, c’est sur Amazon.fr
Cliquez vers ———> LA MITRO