Pas clair, Einthoven, pas clair…

morceau choisi 

(…) Le grand malentendu, c’est ceux qui pensent que l’intelligence est une fin en soi. Ils oublient qu’elle n’est que le moyen d’une émotion revivifiée, retrouvée, d’un temps retrouvé. L’érudition, l’intelligence, la culture n’est pas une fin en soi, ne vaut que si elle est émouvante, ou que si elle donne lieu à de l’émotion, ou que si elle permet, que si elle nous dispose à l’émotion.
Raphaël Einthoven. Extrait d’une émission radio. 

Moi, je pense que dans ces phrases un peu bancales, dans cette improvisation — Einthoven a toujours un peu l’air d’improviser — il met à tort dans le même panier intelligence d’une part et culture et érudition de l’autre. D’abord, pour moi, l’intelligence n’est ni le moyen ni la source d’une émotion, revivifiée ou pas. Ensuite, s’il voulait bien retirer du panier le mot intelligence, supprimer celui d’érudition, expliquer comment la culture peut-être émouvante, je pourrais être d’accord avec lui pour dire que la culture ne vaut que si elle nous dispose à l’émotion, sinon c’est de l’érudition et certainement pas de l’intelligence. C’est vrai que parfois, emporté par l’élan irrésistible de son éloquence, il dit un peu n’importe quoi, Einthoven.
Pas toujours clair, Einthoven, pas toujours clair !
Mais bon… il n’est pas le seul…

3 réflexions sur « Pas clair, Einthoven, pas clair… »

  1. L’acception des mots est l’une des principales choses que les dirigeants des communautés langagières (usant du même langage – certains disent ‘groupes linguistiques’ d’autres ‘nations’ – souhaitent voir le mieux standardisée. Ce souci d’homogénéité a comme principal outil LES dictionnaires et, comme institutions ‘enculturantes’ (terme sociologique pour décrire l’insertion naturelle des enfants dans leur société maternelle), LES écoles publiques et privées, les lycées, les collèges, etc.

    Ces institutions finissent par être hiérarchisés et l’une de leurs principales fonctions est, incontestablement, de classer les élèves du premier au dernier, les exaequos y sont rarissimes! La France est un des rares pays au monde qui ce soit doté (Napoléon) d’un système d’enseignement universel avec examens standardisés d’un bout à l’autre de l’hexagone (certif. d’études, BAC, etc.). Si les résultats avaient été similaires, cette approche aurait dû donner les esprits les mieux synchronisés du monde. (rêve de Napoléon)

    Dans les autres pays, l’enseignement est confié à des autorités locales ou régionales, la Province (Canada), l’État (EUA), le ‘lander’ en Allemagne, le Canton en Suisse, etc. Au Québec, jusqu’aux années 1960, l’enseignement en français était confié à l’Église catholique (ce qui permettait à des prêtres irlandais d’enseigner en anglais dans des écoles francophones) et l’enseignement prodigué officiellement en anglais, l’était par des Protestants. Pour des raisons que je vous laisse deviner, les juifs séfarades francophones préféraient les écoles protestantes… Tout cela ne contribue donc pas tellement à la clarté des significations projetées par les usagers d’une même langue.

    Quant aux sentiments ou à l’émotion; vue de l’extérieur, la quête de ‘clarté’ qui a généré l’unicité ou l’universalisme (heureusement limité au pays) de l’enseignement français ne semble pas avoir abouti à ce que ses ultimes produits manifestent une très grande empathie inter-citoyenne! Sur ce dernier point, les manifs à la caillasse sont très claires!

  2. Et Blaise Pascal d’ajouter: « Le cœur a ses raisons que la raison n’a point ».

  3. L’intelligence n’est – selon moi – certainement pas une fin en soi, l’érudition non plus, sinon on ne se poserait pas autant de questions à propos des ravages que feront l’intelligence artificielle. La richesse de l’être humain selon un vieil adage est d’avoir la chance de disposer de 3 outils pour acter ou juger de toutes choses: la tête, la main et le cœur. Se limiter au premier, la tête, pour juger « techniquement » d’un tableau, d’une symphonie ou d’un poème, serait très limitatif, et même inhumain. La création artistique fait nécessairement appel aux trois en conjugaison, la tête, la main et le cœur.
    PS: on parle aujourd’hui d’art culinaire . L’autre jour j’entendais un grand cuisinier dire que les animaux en sont dépourvus car ils ne savent pas cuisiner.
    J’ajouterais enfin que si le polytechnicien Giscard a remporté en 1994 l’élection présidentielle sur son adversaire le politicien Mitterand c’est d’avoir habilement fait référence à son cœur. Le match était plié comme on dit.

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