Justice est faite

temps de lecture : 1 minute 1/2

Les lignes qui suivent sont tirées du livre de Giuliano da Empoli, Le mage du Kremlin. À cet instant du roman, le narrateur (le mage), discute avec Poutine (le Tsar) de la persistance de la surprenante popularité de Staline. C’est Poutine qui parle :

«Vous pensez que Staline est populaire malgré les massacres. Eh bien, vous vous trompez, il est populaire à cause des massacres. Parce que lui au moins savait comment traiter les voleurs et les traîtres. »
Le Tsar fit pause.
« Tu sais ce que fait Staline quand les trains soviétiques commencent à avoir une série d’accidents ?
– Non.
– Il prend Von Meck, le directeur des chemin de fer, et le fait fusillés pour sabotage. Cela ne résout pas le problème des chemin de fer, en fait cela peut même l’aggraver. Mais il donne un exutoire à la rage. La même chose se produit chaque fois que le système n’est pas à la hauteur. quand la viande vient à manquer, Staline fait arrêter le commissaire du peuple pour l’agriculture, Tchernov, l’envoie au tribunal et celui-ci, comme par magie, confesse que c’est lui qui a fait abattre des milliers de vaches et de cochons pour déstabiliser le régime et fomenter une révolte. Puis il y a la pénurie d’œuf et de beurre. Alors il arrête Zelenski, le chef de la Commission pour le Plan et celui-ci, peu après, admet avoir répandu des clous et du verre pilé dans les réserves de beurreet avoir détruit cinquante camions d’œufs. Une onde d’indignation, mêlés d’un certain soulagement traverse le pays : tout s’explique ! Le sabotage est une explication beaucoup plus convaincante que l’inefficacité, Vadia. Quand il est découvert le coupable peut être puni. Justice est faite, quelqu’un a payé et l’ordre est rétabli. C’est là le point fondamental. »

Voir aussi, et pour cela, cliquez dans le cadre ci-dessous :

2-En un mot comme en cent : Le mage du Kremlin

 

7 réflexions sur « Justice est faite »

  1. Je parlais bien entendu des intellectuels français que jamais on entend dire, à propos de la France, « il y a bien pire ailleurs ».
    Au contraire, pour eux, c’est souvent beaucoup mieux ailleurs, par exemple dans les pays nordiques, au Canada, etc…

  2. Je pense qu’il est téméraire de dire  » et jamais, jamais on les entend dire ou écrire ou même mimer : « Il y a bien pire ailleurs! et c’était bien pire hier! » » On entend quand même dire qu’aujourd’hui il y a moins de conflits qu’à n’importe quel moment de l’histoire. Considérer l’ensemble de ce qui arrive dans le monde paraît démesuré, et se limiter autour de soi est illusoire et occulte les conséquences. Je pense que la démocratie ajoute en ce sens parce qu’on ne peut compter que sur la restriction pure et simple lorsqu’il s’agit de problème complexe. Il ne faut pas voir un totalitarisme dans la démocratie elle n’est pas en porte à faux eu égard à d’autre régime le débat est ailleur.

  3. Je ne sais pas pour le Canada, mais ici, nos intellectuels, on les entend, on les voit, on les lit partout, dans la presse écrite, parlée et vue, et jamais, jamais on les entend dire ou écrire ou même mimer : « Il y a bien pire ailleurs! et c’était bien pire hier! »

  4. Mais qui, dans les sphères du pouvoir et de la gestion de nos doux pays, écoute et lit ces intellos? On préfère les laisser s’exprimer dans leur université reculée et se comparer aux voisins et aux ancêtres: « Il y a bien pire ailleurs! et c’était bien pire hier! » Mais, si on se console en se comparant, on sait aussi que « comparaison n’est pas raison! » Na!

  5. Mais pourtant, la démocratie n’arrête pas de battre sa coulpe, de dénoncer ses excès, ses défauts et ses lacunes. C’est même à ça que se consacrent la plupart de ses intellectuels.

  6. Si Churchill a raison de dire que la démocratie est le moins pire des régimes, pour la rendre encore plus acceptable malgré ses nombreuses dysfunctions, il suffit d’amplifier et, parfois, simplement de souligner et de mettre en lumière les problèmes des autres régimes! Vivement que la Démocratie l’emporte pour qu’elle se décide enfin à confronter ses propres lacunes!

  7. L’indépassable théorie du bouc émissaire de Rene Girard….

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *