Aventure en Afrique (35)

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Puisage de l’eau

L’eau source de vie.
Le fleuve Niger traversé par le pays éponyme. De nombreux villages s’égrènent le long ses berges. Il est aussi une voie de communication fluviale avec ses ports et  lieux de pêche. Il alimente en eau potable la capitale et les villages riverains. A Niamey nous filtrions l’eau trouble du robinet pour la consommer. Le débit du fleuve est très irrégulier suivant les saisons et les années. Il peut varier de 5 m³ à la seconde (janvier 1985) à 2716 m3 à la seconde (aout 2020). Soit un écart d’environ 500 fois.

A Niamey il y a un secteur port et un autre blanchisserie.

Autre point d’eau au Niger, les étangs comme celui de Filingué autour duquel le bourg s’est installé.
Au Benin voisin : Le lac de Ganvier par exemple sur lequel est établit une grande cité lacustre (10000 habitants). Il y avait  aussi cette piscine discrète mais en parfait état, bâtie probablement à l’époque coloniale, sur un ruisseau au Togo, L’eau trop froide pour nous baigner mais dont la surverse nous a permis néanmoins de prendre une douche et de faire la vaisselle.

    Source de vie très importante les sont prélèvements dans la nappe phréatique.

Il y a les puits classiques qui sont creusés dans le sol, sans protection, le puisage  s’y effectue à la main au moyen d’outres de peau attachées à une corde que les femmes remontent d’un geste harmonieux, sans souci de l’effort, telle une chorégraphie.
Ensuite les puits bâtis: par exemple ceux de l’oasis de Timia  dans l’AÏr construits par les Français ainsi que le fort au sommet de la colline,  celui dans  la Maggia très prisé par les femmes. Elles s’y rendent, le matin juste avant le lever du soleil et le soir avant son coucher. En équilibre sur la margelle elles remontent leurs outres et les vident d’un geste élégant.
Ces puits sont un lien  social, comme on dit aujourd‘hui, très important, comme le marché, où l’information circule: Ici pas de radio, pas de télé !, On y trouve toute la joie de vivre de ces femmes souriantes. Pourtant elles remplissaient de lourds récipients: Entre le poids de la jarre en terre appelée  “canari“, ou  la calebasse et celui de l’eau, cela pouvait représenter 30kg. , portés sur la tête en y intercalant un petit coussin. Elles marchaient droite sur plusieurs kilomètres, leur charge sur la tête les bras le long du corps, regardant au loin. D’autres femmes portaient en équilibre sur les épaules un bâton aux extrémités duquel pendaient deux calebasses pleines du vital liquide.

Pendant ce temps-là, les hommes étaient sous “l’arbre à palabres”, au centre du village, et l’information circulait auissi!

   Il y a aussi un système d’extraction très astucieux mis au point par les Touaregs,   rencontrés dans les oasis, pour les puits profonds (100 mètres et plus). Un chameau en général, guidé par un homme, avec une corde d’une centaine de mètre de long, relève une outre de cuir d’une cinquantaine de litres. Celle-ci a la particularité d’avoir à son extrémité basse une goulotte qui se relève articulée par une autre corde, empêchant l’eau de s’échapper ; c’était un type de noria.
L’ensemble tiré par le chameau arrive en surface jusqu’à une gouttière de bois fixée à un bâti. L’extrémité se déplie dans la gouttière ce qui libère l’eau de l’outre. Celle-ci est dirigée vers de petits canaux de terre arrosant des parcelles de quelque m2. Le chant de la poulie remontant de l’eau du lever au coucher du soleil était l’unique bruit des oasis.

Un autre système plus sophistiqué, installé par une coopérative agricole,  employait des panneaux thermiques, pour chauffer  l’eau, puis la vaporiser. La vapeur faisait tourner une pompe immergée.

Bêtes et gens

  Il y a 50 ans les panneaux photovoltaïques n’étaient pas commercialisés.
Aujourd’hui ces panneaux  créant de l’électricité permettent de faire tourner des pompes. Ce principe mécaniquement plus simple, moins couteux, s’est rapidement développé.

Le pompage mécanique a beaucoup de qualités mais a aussi un grand défaut : Le gaspillage de l’eau dans des régions en manque. Dans de nombreux secteur les nappes phréatiques ont du mal à se recharger et il faut toujours creuser plus profond.

Mine d’Arlit

Au Niger, en 1973, il existait quelques forages, en particulier celui d’Arlit, à 200km. au nord d’Agadez. Là la France exploitait depuis 1968 une mine d’uranium. La société ORANO (ex- Areva) extrayait du minerai d’uranium au milieu du désert, laquelle a généré une ville de 70000 habitants. Cette mine à ciel ouvert est actuellement épuisée et encours de fermeture. (Nous en reparlerons plus loin ayant eu la chance de la visiter).Pour l’alimentation en eau potable, il a été effectué des forages de 300 à 500m de profondeur, dans une nappe fossile, donnant une eau de bonne qualité. Au fil des ans les stériles stockés à l’air libre ont émis du radon, un gaz radioactif, de  même que la  nappe d’eau est devenue radioactive, d’après un article du Monde-Afrique. Comment ORANO va laisser les lieux avant de s’installer plus loin ?

    Aujourd’hui, dans les villes, l’eau coule au robinet de chaque habitation: fini les grandes discussions entre femmes, autour du puits !

Nota : Canari le récipient réfrigérant

La terre cuite, légèrement poreuse, permet le passage d’une petite quantité d’eau au travers des parois vers l’extérieur. L’évaporation de cette eau au contact de l’air extérieur plus sec nécessite un apport de calories dont une part est fournie par l’eau à l’intérieur du récipient (le reste étant apporté par l’air ambiant). L’eau à l’intérieur du canari est donc refroidie selon le même principe que le refroidissement du corps humain par sudation.
Les motifs de parois en stries ou « granuleux » permettent d’augmenter la surface de contact eau-air, et augmentent ainsi la capacité à refroidir.
Le principe d’évaporation était le même pour la “la garba“, outre en peau de bouc retourné, que l’on pendait à la carrosserie de la Land-Rover pour avoir de l’eau fraiche, par 45° à l’extérieur.

A SUIVRE 

 

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Une réflexion sur « Aventure en Afrique (35) »

  1. Sous l’arbre à palabres du JDC, je dis que l’eau qui devient une denrée rare ici aussi en France, même en Bretagne, qui l’eut cru, est une calamité qui va m’obliger à rationner celle que j’ajoute à mon whisky tous les soirs. Mais je me résigne à faire ce sacrifice.

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