Aventure en Afrique (34)

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Les hommes Peuls


L’homme Bororo est grand et svelte et a de longues jambes. Les traits de son visage sont fins, lui aussi a été  victime de la sélection naturelle, qui ne garde que les beaux sujets.
Il est sobrement vêtu, généralement d’une jupe faite de bandes verticales de cuir et surtout du célèbre chapeau peul.
L’anthropologue Olivier Kyburz décrit également la démarche et le regard des hommes Peul «   Les hommes l’inverse des femmes, les hommes Peul (nomades) marchent vite en effectuant de grands pas. La rythmicité de la démarche masculine se réalise grâce à un certain espacement des pieds et des jambes durant la marche, ce qui leur permet d’acquérir de la rapidité. Ce rythme rapide s’explique selon les Peuls par les distances parcourues par les hommes dans le cadre de leurs activi­tés. Ces dernières les conduisent la journée à l’extérieur du village, qu’ils regagnent seulement vers les 5 heures de l’après-midi. En marchant, les hommes conservent le dos droit et la tête redressée. Ils ne mettent en mouvement ni leurs hanches ni leur fessier. Les hommes opèrent en revanche un balancement d’avant en arrière de leurs bras. Le mouvement de leurs bras apparaît plus rapide que celui des femmes. Les bras demeurent également parallèles au corps, ils ne le frôlent pas comme pour les femmes. Dans la posture érigée, les hommes  ont la tête redressée, qui fait face à celle de leur interlocuteur. D’après nos observations, un homme regarde ainsi les autres personnes dans les yeux lorsqu’ils conversent. Si la manière de regarder des femmes induit une distance d’ordre proxémique, les hommes établissent une distance plus réduite en regardant leurs interlocuteurs dans les yeux ».
L’homme ne possède pas de case et n’a que son bâton de berger, ses chaussures, sa gourde en calebasse. Mais surtout il possède son troupeau, ou il peut aussi garder des bestiaux appartenant à des Touaregs. Son plus grand plaisir et honneur est de marcher seul en tête de son troupeau.

Le Geerewol
     In’Gall est situé à 160km. au-sud-est d’Agadez. A mi-chemin entre Agadez et Tahoua, il s’y déroule chaque année les deux dernières semaines de septembre, à la fin de la saison des pluies: “La Cure Salée d’In Gall”.
Une fête a lieu annuellement, depuis l’antiquité, rassemblant des milliers d’éleveurs venus de toutes les contrées du pays. Il est en effet essentiel, pour le bétail, chèvres, moutons, dromadaires, de compléter leur alimentation d’herbe fraiche, par des apports en sel minéraux, contenus dans le sol, ou des sources salée: d’où le nom de Cure Salée.
Apres une année de séparation, les Touaregs et les Peuls se retrouvent et renouent ainsi des liens d’amitiés, échangent des informations. Ils profitent des célébrations pour vivre leurs traditions, célébrer des mariages ; participer à des chants et des danses ou prendre part à diverses compétitions. Parmi les moments les plus forts, on peut citer les courses effrénées des Touaregs à dos de dromadaires, les danses des hommes Peuls, le Geevewol, cherchant par leur beauté, leur maquillage et leurs parures, la préférence des   femmes.  L’année 1973 a été marquée par une des pires sècheresses au Niger. Les premières pluies ont fait germé les graines d’herbe, puis plus rien, tout a grillé sur place. En manque de pâturages les nomades sont descendus vers le sud plus humide. C’est comme cela, début novembre, que nous avons assistés à Boubon à un Geerewol. Survivance de l’ancien matriarcat, malgré la progression de l’islam, où les femmes n’ont pas grands pouvoir.
Tout le long de l’année, les plus beaux garçons confectionnent les futures tenues de cérémonie : amulettes, colliers de perles, coquillages, parfois même des objets recyclés. Tout pour mettre en valeur leur beauté fatale.  Nous en avons croisé un avec une grosse boussole sur le ventre, ce n’est pas avec cela qu’il s’oriente, mais avec les étoiles.
Tous ces beaux mâles se mettent sur leur 31 pour la simple et unique raison d’attirer les femmes. Les codes esthétiques sont stricts : visages ovales, traits fins, nez minces et longs, dents blanches et régulières. Leur maquillage n’est autre que du beurre étalé comme fond de teint, les sourcils et les lèvres sont prononcés avec du charbon.
Ils se tiennent en ligne, sur la pointe des pieds, font vibrer leur corde vocale et exposent le blanc de leur yeux et leurs dents scintillantes, signe de bonne santé. Leur grâce sera mise en valeur par la tension de leur visage. Certains consomment des plantes psychotropes, ce qui leur permet de les extraire de leur rigidité. Hommes et femmes se laissent volontiers pendre en photo, sachant que c’est une reconnaissance de leur beauté. Chantal a enregistré plusieurs heures de chants qui ont ensuite trotté longtemps dans notre esprit.
Les femmes ont revêtu les plus beaux habits et se sont légèrement fardé, certaines ont fait de petit dessins blancs sur leur visage. En ligne elles défilent devant les hommes, baissant légèrement les yeux par pudeur et choisissent l’homme avec qui elles ont envie de passer la nuit, ou plus, qu’elles soient mariées ou non mariées, se sont elles qui décident.
« Nous portons tous du maquillage et des jolis vêtements. Mais la chose que je préfère est de trouver d’autres femmes et de les emmener dans les buissons », révèle un homme fier qui a volé, dit-il, trente femmes mariées. Ce que cet homme ne dit pas est que ce n’est pas lui qui  les a choisies, mais les femmes. Il n’est qu’un objet sexuel, car il doit être beau, pour passer un agréable moment dans les buissons.

A SUIVRE

Une réflexion sur « Aventure en Afrique (34) »

  1. D’où l’expression courante chez les Peuls au Niger « faire l’école buissonnière ».

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