Rendez-vous à cinq heures avec César, Rosalie, Lorenzo et les autres

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César et Rosalie
Claude Sautet – 1972

Sur les conseils avisés de mon ami Cyrano de Couteillac, un écrivain gascon au physique scandinave, j’ai revu cinquante ans après sa sortie le film de Claude Sautet, César et Rosalie, sous-titré La Belle et les Bêtas, dont il a fait récemment l’éloge. Et il avait raison ce bougre qui ne passe pas pour un romantique d’après son hagiographe ariégeoise ! Couteillac est en effet un matérialiste froid, imperturbable et parfois cruel comme tous les scientifiques issus d’une Grand Ecole d’Ingénieurs qui n’ont pas pour habitude de se laisser aller à la gaudriole. Imaginez une seconde les conséquences d’une négligence infime dans l’exercice de leur fonction : un nid de poule sous les œufs d’une remontée mécanique, un SDF fixé dans le jambage d’un pont ou un marais sans chaussée, pour ne citer que les catastrophes les moins graves. Rien ne le prédisposait donc à fondre sous le charme de Romy Schneider ni à sourire aux maladresses d’Yves Montand. Et pourtant, si, il a été séduit par cette comédie bien qu’il ne puisse s’identifier à ses héros auxquels il ne ressemble pas du tout ; Samy Frey affiche une désinvolture qui le rend moins sympathique que Montand dont les colères de macho interdiraient aujourd’hui la sortie du film. On se dit que ce devrait être l’inverse mais telle est la magie du cinéma qui nous retourne comme une crêpe. Dans cette comédie alerte, la mécanique fonctionne à merveille et cela ne nous étonne pas le moins du monde de découvrir Samy et Romy en serveurs dans un petit resto sur le port de Sète. Ces acteurs sont si remarquables qu’ils donnent l’impression d’avoir fait ça toute leur vie. Au fait, quel est l’âge de Rosalie ? Une bonne quarantaine puisqu’elle a une fille de dix ans. Et pourtant, son inconstance d’adolescente attardée nous émeut tout au long du film. De quoi vit-elle ? Des pensions alimentaires versées par ses premiers maris, probablement, bien qu’un de ses ex, le peintre Umberto, n’ait pas le sou, ou du patrimoine de ses parents bien que ce soit César qui leur offre des vacances au bord de la mer dans leur ancienne maison. Tout cela est un peu mystérieux mais qu’importe puisqu’on est sous le charme de ces personnages délicieux. Quant aux allées et venues sentimentales de Rosalie qui passe du jour au lendemain d’un amant à l’autre et les pousse aux pires excès, elles nous semblent moins immorales que physiologiques à l’orée de la ménopause. Ces valses-hésitations rappelleront des souvenirs à certains : n’avons-nous pas, nous aussi, aimé un jour deux femmes ou deux hommes en même temps ? Si, évidemment, mais à vingt ans. A cette question anachronique le film propose une réponse de normand : ni l’un, ni l’autre. On est donc en pleine fiction et c’est bien le rôle du cinéma.

Lorenzo dell’Acque

 

3 réflexions sur « Rendez-vous à cinq heures avec César, Rosalie, Lorenzo et les autres »

  1. Merci à Lariégeoise d’avoir tout compris, surtout le deuxième degré.
    PS ) pour rassurer Lariégeoise et Cyrano, je trouve Romy d’une beauté époustouflante.

  2. Je m’exprimerai demain vers 16h47 sur cette interprétation pour le moins matérialiste de ce film en général et des motivations de la belle Rosalie en particulier.

  3. Du Lorenzo pur jus… c’est une chronique au deuxième degré , comme ses photos : le sujet n’est pas le sujet…. bien malin pour qui n’a pas vu le film de s’en faire une idée… mais pourtant l’essentiel est là .
    Je le trouve un peu vachard pour la belle Romy mais à un homme qui a le courage de parler de pré ménopause, je dis chapeau bas…
    C’est une critique décalée, et loufoque …assortie aux fleurs jaunes de ce matin ….

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