Aventure en Afrique (26)

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Maurice Beun

Avant notre départ, nous avions dit aux membres de nos deux familles : « venez nous voir au Niger ce sera une occasion unique ». Le seul à avoir profité de cette proposition a été Maurice Beun, le père de Chantal. Mouren lui avait élégamment prêté son grand appartement au-dessus de la pharmacie, car nous ne pouvions pas d’héberger possible dans notre studio.

Il a passé environ un mois avec nous. Dans la journée il se promenait en ville et le week-end il participait à nos activités. Dans le quartier de la pharmacie on l’appelait “le vieux“ car il avait les cheveux tout blancs, mais n’avait que 55 ans. Je me souviendrai toujours lors un de nos déplacements, dans un village, il a été accosté par un homme qui en présentant une jeune fille lui dit : « patron ne veux-tu pas acheter ma sœur, regarde comme elle est belle ».Je revois encore le visage de Maurice avec un petit sourire et ses yeux pétillants qui semblaient dire : « j’aimerais bien mais je ne peux pas ! ». Il n’a pas pu donner suite à la proposition, peut-être avec regret ! Beaucoup plus tard il m’a rappelé cette anecdote qu’il l’avait marquée : il faut dire que la jeune fille était mignonne. J’ai réalisé longtemps après que probablement on avait proposé à Maurice d’acheter une jeune esclave.

Sur la piste

La seule route goudronnée du Niger était celle reliant Niamey à Malanville au Bénin, soit environ 300 km, mais seulement sur une seule bande de roulement. Quand un véhicule arrivait en face c’était le plus petit qui cédait le passage et mettait deux roues sur l’accotement. Lorsque nous roulions en 2CV nous cédions toujours le passage… quand c’était un camion il valait mieux lui laisser la totalité de la chaussée au risque de se retrouver en mauvaise posture. Pendant notre séjour est arrivé que, sur deux taxis brousse chargés de passagers, aucun ne cède le passage, pensant que l’autre allait le faire et se percutent de plein fouet…

Un jour sur cette voie, au loin au milieu de la chaussée, alors que nous circulions avec les gars du génie rural dans le véhicule plateau, des vautours charognards au cou pelé s’activaient sur le cadavre d’une bestiole. Mamoudou tenait le cap sans ralentir puisqu’en général les rapaces finissaient par décoller au dernier moment de leur vol lourd. Ce jour-là, Mamoudou maintenant son allure comme à son habitude, quand un des oiseaux a peu tardé à prendre son envol. Le rapace est venu heurter le montant supérieur de la vitre avant de notre véhicule. Le hic était que depuis quelques jours nous roulions sans pare-brise, dans l’attente d’un nouveau. Nous nous sommes retrouvés avec le vautour un peu groggy engouffré dans la cabine entre Mamoudou et moi. Il fallait évacuer d’urgence l’animal… Je ne pouvais pas le faire passer par la vitre de la portière, je l’avais fermée à cause de la poussière. J’ai fini par réussi par l’introduire par le fenestron ouvert entre l’habitacle et la partie bâchée arrière. Mamoudou imperturbable maintenait toujours le cap. Pendant ce temps à l’arrière, nous entendions des cris, des jurons, des coups. Avec un jalon les gars avaient fini par estourbir la bestiole, dégrafer un angle de la bâche et le faire passer à l’extérieur.

A SUIVRE 

2 réflexions sur « Aventure en Afrique (26) »

  1. Des qu’on sort des grandes villes, ça n’a pas beaucoup changé…. De l’aéroport de Dakar à Sally , 50 kilomètres, dans le noir ( le vol arrivait vers 23h), sur une route improbable , traversée brusquement par des fantômes, occasionnant jurons et coups de frein du chauffeur..
    Sans compter qu’à chaque arrêt,une grappe humaine nous entourait…bon enfant au début mais plus hostile en 2015….
    Nous avons choisi Madere par la suite….

  2. À la même époque, j’ai connu des routes semblables un peu plus au sud, en Haute-Volta et au Mali. En dehors des camions surchargés de colis et de passagers, des mobylettes sans éclairage et du comportement erratique des animaux domestiques et sauvages, le danger, c’était les taxis-brousse, taxis collectifs faisant de longs parcours. Ces taxis-brousse étaient souvent des camionnettes Estafette de chez Renault , aux amortisseurs défoncés, roulant de guingois, tout aussi surchargées de passagers et de bagages que les camions cités plus haut. La conduite des chauffeurs n’était pas erratique, mais carrément sauvage. A l’avant, au dessus du pare-brise, là aujourd’hui où, par un panneau lumineux, les routiers nous font connaître leur prénom ou leur surnom, les chauffeurs de taxis-brousse clamaient leur devise : « c’est Dieu qui conduit » , « s’en fout la mort » etc…

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