Novembre – Critique aisée n°243

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critique aisée n°243

Novembre
Cédric Jimenez – 2022 – 100 minutes
Jean Dujardin, Sandrine Kiberlain, Anaïs Demoustier

Un film parfaitement maîtrisé, sobre, nerveux, sans effet racoleur, interprété de la même manière, maîtrisée, sobre, nerveuse et sans effet racoleur et, dans cette manière, remarquablement par Jean Dujardin.

Les attentats du 13 novembre 2015 à Paris… Le sujet est énorme, mais à aucun moment ils ne nous sont montrés : pas une rafale, pas une victime, rien. Rien qu’une grande salle de la Direction de la Police Antiterroriste, remplis de bureaux inoccupés et sur lesquels les téléphones de mettent à sonner les uns après les autres. Rien que les regards incrédules et effarés des policiers et des membres de la cellule de crise. Rien que informations qui tombent de partout et que, fiables ou fantaisistes, il faut traiter. Rien que des pistes à suivre, des planques à assurer, des filatures à faire par des flics épuisés. Un enquête que l’on suivra sans toujours la comprendre pendant 5 jours, jusqu’à l’assaut donné par la police le 18 novembre à Saint Denis, avec lequel le film prend fin.

Malgré l’absence de tout effet racoleur comme je l’ai dit plus haut, on ne peut s’empêcher de sentir par moments l’émotion monter en soi, parce que chaque spectateur sait ce qui s’est passé. Il sait que tous ces téléphones qui se mettent à sonner en même temps signifient 130 morts et plus de 400 blessés et, dans l’instant, il partage l’horreur et le désarroi des policiers devant l’ampleur de la catastrophe.

Sur le plan réalisation, le film porte la marque de Cédric Jimenez, celle du réalisme, de la nervosité et de la sobriété. La grande scène d’action de la fin est absolument réussie comme l’était celle de BAC Nord du même réalisateur.

J’ai cependant une réserve que je n’avais pas ressentie sur BAC Nord : dans Novembre, je me suis plusieurs fois senti perdu dans l’enquête. Parmi tous ces suspects pourchassés, dont la plupart portaient chacun deux ou trois noms, je ne savais plus qui était qui, comment ils étaient devenus suspects, ni quel policier les pourchassait. Ça m’a gêné un temps, et puis je me suis dit que cette confusion était probablement voulue, qu’elle ne faisait que refléter l’épaisseur du brouillard dans lequel les policiers ont eu à opérer pendant les première heures qui ont suivi les attentats.

En dehors de son sujet, ô combien dramatique, qu’il traite avec décence, Novembre est aussi, sur le plan cinématographique, un excellent film d’action.

 

3 réflexions sur « Novembre – Critique aisée n°243 »

  1. Détester Carrere ? Pourquoi donc ? Je crois même qu’il fait l’unanimité. J’ai lu quelques uns de ses livres que j’ai bien aimés, plus particulièrement Limonov. Mais il n’écrit pas de roman, c’est dommage. Et puis de là à faire de lui un Nobel, quand même ! Il est vrai qu’on l’a bien donné à Modiano.
    Pour ce qui est du Goncourt, il est normalement attribué à un jeune auteur (c’est pour cela qu’il y avait eu des difficultés pour l’attribuer à Proust en 1919) de roman. On s’aperçoit que souvent, les grands prix littéraires, et particulièrement le Goncourt, sont attribués à des autobiographies à peine déguisées en auto-fiction.

  2. Bonjour Lariegeoise.
    Effectivement, ce n’est pas un commentaire sur Novembre, ni même un commentaire tout court. Mais ta recommandation, ton injonction à lire Carrere en général et V3 en particulier est la bienvenue quand même.
    A peine plus développée, elle aurait sa place dans la page de 16h47, le Rendez-vous à cinq heures, rendez-vous élégant des gens qui ont quelque chose à dire, même si c’est à côté de la plaque.

  3. Certains le détestent, d’autres dont je suis, l’auraient bien nobelisé, à la place d’Annie Ernaux ,mièvre et surtout émule de Mélanchon…
    Je veux parler d’Emmanuel Carrere: magistral chroniqueur des drames de notre époque : la double vie de JCRoman , le tsunami , sa dépression,
    Il écrit juste, sans pathos ni enflure compte tenu de ses thèmes;
    Là, vient de paraître V3, chroniques du procès du bataclan….
    Magistral ….sensible , clinique, à lire sans faute ;
    Mièvrerie absente garantie….
    et oui je sais, ceci n’est pas un commentaire….

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