Photos souvenirs – 11

Retour aux souvenirs photos de Lorenzo : 

Difficilement et avec l’aide du temps, nous avons fini par faire nos courses rue Mouffetard à deux pas de chez nous. Elle remplaça, sans jamais la supplanter, la rue Daguerre de nos jeunes années quand nos enfants étaient petits. Au début de son séjour à Paris dans les années vingt, Hemingway vécut dans ce quartier, au 74 de la rue du Cardinal Lemoine. Une plaque commémorative sur la façade de l’immeuble nous le rappelle.

Les Hemingway vivent dans ce petit deux pièces rue Cardinal Lemoine de 1922 à 1923. C’est dans cet appartement qu’Hemingway écrit, entre autres, la nouvelle My Old man et le célèbre Paris est une fête , roman posthume qui narre ces années folles à Paris.

 

Kamal, dit Charly pour les dames, est un ami libanais, intelligent, courageux, travailleur, gentil, généreux et, accessoirement, coiffeur. Nous l’avons connu à ses débuts dans un salon situé avenue du Maine près de la rue Boulard où nous habitions alors. Il a vu grandir nos enfants qui sont comme des frères et sœurs de son âge. Aujourd’hui il règne dans un salon prestigieux sur les Champs Elysées, où nous l’avons suivi, et il est marié et papa de deux filles dont l’aînée a plus de dix ans.

 

Dans la culture arabe, Kamal est un prénom inspiré du verbe « kamula », qui au sens littéral signifie « être parfait ».

Dans la culture indienne, Kamal provient de « kamala », qui signifie «lotus» ou « rouge pâle » en sanskrit.

Généreux, altruiste et humaniste, Kamal est un homme qui pense aux autres avant de penser à lui. Il peut se plier en quatre pour faire plaisir à ses proches.

 

Nous allions parfois passer le dimanche chez Marie-Ange et Jacques, un collègue psychanalyste de mon père. Ils habitaient une maison avec jardin sur les hauteurs de Saint Cloud dominant Paris. D’après ma mère, cette luxueuse demeure avait été acquise malhonnêtement mais je n’ai jamais su si cela était vrai. Quand nous allâmes à Ouessant pour la première fois, Rémi, l’aîné de leurs enfants et seul médecin de l’île depuis trente cinq ans, venait de prendre sa retraite. Dans l’espoir de l’y trouver, nous nous étions rendus chez lui sur la falaise du Prat en face de Lampaul. Nous rencontrâmes sa femme mais lui était parti sur le continent. Par chance, nous le croisâmes sur le port. Il revenait de voir sa maman, Marie-Ange, toujours en vie à Bénodet.

Après quatre remplacements d’été (le premier en 1984), il s’installe en 1988. Lui et sa femme avaient bourlingué à la voile dans le Pacifique et à la Réunion où ils vivaient de remplacements. Une nouvelle île s’offre à eux : Ouessant la sauvage. Il prend la suite du docteur Gonin. En réalité, c’est sa femme, Marianne, qui est la première à s’installer, première kinésithérapeute sur l’île.

 

 

A Cancale, on prétend que l’huître plate appelée « Belon » est une spécialité locale. Cela m’a surpris car je la croyais originaire de l’estuaire du Belon au sud de Concarneau. Vérification faite sur Internet, les naissains de Belon ne proviennent ni de Cancale ni du Belon mais de la baie de Quiberon.

D’où qu’elle vienne, malheureusement, cette huître délicieuse est un véritable calvaire à ouvrir …

La Belon de Cancale est une huître plate typiquement bretonne, née dans la Baie de Quiberon. Les naissains y sont captés et sélectionnés pour être ensuite élevés dans les eaux profondes de la Baie du Mont Saint-Michel, à plus de 16m de fond. Le captage de Naissains Naturels est un métier fastidieux.

Connaissez-vous le joyau culinaire du Pays de Quimperlé, l’huître du Bélon, en Bretagne sud ? Cette huître plate provient de la ria du Bélon, dont l’élevage a débuté en 1864 avec la première implantation d’un établissement ostréicole. Elle fait, depuis, la fierté de la commune de Riec-sur-Bélon.

 

 

Le Grand Cerf est mon plus beau souvenir de chasse en Sologne. Un jour où j’étais posté devant une allée, la neige avait commencé à tomber. Indifférent et hautain, un majestueux dix-cors traversa l’allée au pas. Je fis une autre rencontre merveilleuse plus tard un matin de novembre sur les bords de la Loire. Là, ce fut un cygne qui sortit de la brume et passa devant moi avec la même indifférence.

Ce qui caractérise mon enfance, ce n’est pas le complexe d’Oedipe, c’est le syndrome de Bambi. Pas de père connu pour Bambi (comme pour le Grand Meaulnes d’ailleurs), pas de père concurrent pour moi. Il ne reste plus à l’enfant qu’à se rêver un père digne de ce nom. Bambi se découvre un père extraordinaire et pas concurrent puisque sa mère vient de mourir. Et ce père qui vient le chercher, c’est le grand dix-cors majestueux aperçu un jour d’hiver traversant l’allée sous les flocons de neige. Dans la vraie vie, l’enfant Bambi-Laurent sans père concurrent va devoir justifier la préférence de sa mère et dépasser son propre père dans la réalité et pas seulement dans le cœur de sa mère. Cela aboutit au même résultat que dans le complexe d’Oedipe. L’enfant doit surpasser son père mais en faisant l’économie du fantasme de le tuer puisqu’il est déjà « mort ». Je crois que cette situation familiale n’est pas si rare. Freud ne semble pas l’avoir connue. La Promesse de l’aube, de Romain Gary, illustre à merveille le syndrome de Bambi.

 

« Fenêtre sur cour » est le film préféré d’un ami cinéphile, ingénieur et écrivain. En matière de critique cinématographique, nous ne sommes jamais d’accord. Il est encore émerveillé à plus de 75 ans par les fictions alors que je ne les supporte plus. Hitchcock a beau être un génie du cinéma, son autre chef d’œuvre, Mort à crédit, est une histoire irréaliste, une bande dessinée sans une once de crédibilité.

Dans Allociné, j’ai trouvé cette seule et unique critique négative de La Mort aux Trousses que je partage entièrement :

North By Northwest démarre plutôt bien: c’est intrigant, tendu, prenant. Pas longtemps malheureusement, car au bout d’une trentaine de minutes à peine, le rythme, le suspense, la tension chutent violemment et le film devient totalement convenu et linéaire jusqu’au dénouement final. Hitchcock enchaîne les longueurs à l’image du voyage en train et du jeu de séduction entre Roger et Eve qui semblent durer une éternité, et les idées plus que douteuses telles que la scène de l’avion injustifiée ou la scène finale au Mount Rushmore, irréaliste et se terminant de la plus abrupte des façons. Et ce n’est qu’une petite partie des facilités ou incohérences qui se comptent à la pelle et qui mettent sacrément à mal la crédibilité du scénario. Comment, dans ces conditions, ce film peut-il donc être considéré comme un des meilleurs de tous les temps ?

Bien qu’elle vienne d’entrer au Panthéon pour faits de résistance et d’amour de la France, Joséphine Baker mérite surtout la reconnaissance de la Nation pour son humour. On lui doit en effet cet excellent mot que mes amis écrivains apprécient diversement : « On peut très bien vivre de sa plume, ça dépend où on la met ».

« Le stylo-plume est une prolongation de soie »

Lorenzo dell’Acqua

 

2 réflexions sur « Photos souvenirs – 11 »

  1. je m’a trompé, c’est clair ! Nobody is perfect, comme dirait l’autre.
    Il fallait lire La Mort aux Trousses, les esthètes auront rectifié d’eux-même !

  2. « Hitchcock a beau être un génie du cinéma, son autre chef d’œuvre, Mort à crédit, est une histoire irréaliste (…) »
    Je ne crois pas qu’on puisse dire que « Mort à crédit » est le chef d’oeuvre d’Alfred Hitchcock.
    Je ne suis même pas sûr qu’Alfred ait tiré un film du bouquin de Céline. Alors…

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