Un cœur en hiver – Critique aisée n°213

Critique aisée n°213

Un cœur en hiver
Claude Sautet – 1992
Emmanuelle Béart, Daniel Auteuil, André Dussolier

Il y a quelques temps, je vous avais donné mes impressions de César et Rosalie. Aujourd’hui, je voudrais vous parler un peu d’Un cœur en hiver et tout d’abord souligner les points communs et les différences qui me sont apparus entre ces deux films.

Les points communs
Premièrement, ils sont tous les deux de Claude Sautet. Deuxièmement, je les avais vus tous les deux à leur sortie. Troisièmement, je les ai tous les deux revus très récemment sur Netflix.

Les différences
Tout d’abord, ils sont sortis en salle à vingt ans de distance. Ensuite, on ne retrouve dans Un cœur… aucun des acteurs de César…. Enfin, les caractères des personnages, leurs professions, leurs milieux culturels sont différents. Dans Un cœur… , plus de capitaine d’industrie un peu ordinaire, plus de femme hésitante, plus de groupes de copains au bistrot d’en bas, de vacances à l’ile de Ré. Mais un patron de lutherie élégant et mondain, une virtuose, volontaire et belle, un luthier habile et renfermé, et des scènes de restaurant plus intimes mais toujours essentielles.

Camille est violoniste et belle, comme Béart ne le sera plus jamais (mais Béart est restée l’actrice complète qu’elle était déjà). Elle prépare un enregistrement et elle est aussi rigoureuse et nette dans son travail que dans sa coiffure, sa tenue, ses mots, un profil de petite fille sage. Elle va se marier avec Maxime.

Maxime (Dussolier) a hérité l’atelier de lutherie de son père. Il est élégant, à l’aise, aimable et amoureux de Camille. « C’est la première fois que j’admire quelqu’un que j’aime », dit-il à son ami et employé Stéphane.

Stéphane (Auteuil)  est sobre, égal, solitaire, plus que cela : il est introverti. Son talent de luthier est grand, son ton est toujours égal, sa vie monotone, dans l’ombre de Maxime. Il ne semble pas en souffrir, mais il avoue : « il y a quelque chose en moi qui ne vit pas. Je suis vide. » En assistant à une répétition de Camille, il subit un transport amoureux, mais il le dissimule.

Et c’est là que vous, le spectateur naïf mais aussi l’habitué des clichés cinématographiques, vous vous dites que le film est définitivement engagé sur ses rails, et que vous allez assister à la souffrance muette de Stéphane, puis à la découverte par Camille de ses sentiments pour elle. Et vous imaginez que Camille, touchée par la timidité de Stéphane va lui céder, partir avec lui, pour rentrer finalement dans le rang en revenant dans les bras de l’homme fort et séduisant incarné par Maxime.

Et c’est dans le dernier tiers du film que vous réaliserez une fois de plus que vous n’avez aucun talent de scénariste, que les choses ne sont pas ce que vous aviez imaginé et qu’elles sont même à l’opposé de ce que vous croyiez.

À ces deux tiers du film, il y a ce retournement qui donne toute son originalité au film et une bonne partie de son intérêt.  Mais ce n’est pas un retournement de situation, ce sont les personnages qui, les uns après les autres montrent leur vraie nature, leurs vrais désirs, leurs vraies motivations.

Je ne vous en dirai pas davantage. Pourquoi gâcher votre surprise si vous n’avez pas vu le film ou si, comme moi, vous en aviez oublié l’intrigue ?

Restons en là.

Ajoutons seulement que l’interprétation est impeccable, Dussolier comme toujours, Auteuil comme souvent. Et que Béart est exceptionnelle.

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