Archives de catégorie : Citations & Morceaux choisis

Vous n’aurez pas mille lecteurs

morceau choisi

L’éditeur de Simenon, après avoir lu les tapuscrits des premiers Maigret, lui avait écrit :

1° Vos romans policiers ne sont pas de vrais romans policiers. Ils ne sont pas scientifiques. Ils ne jouent pas la règle du jeu.
2° Il n’y a pas d’amour, tout au moins d’amour comme on le conçoit dans le roman policier.
3° Il n’y a pas de personnages franchement sympathiques ou de personnages franchement antipathiques. Vos romans ne finissent ni bien ni mal. C’est désastreux.
Ce ne sont pas des romans policiers. Ce n’est pas scientifique. Il n’y a pas de jeune premier ni d’héroïne. Pas de personnage sympathique et cela finit mal puisqu’on ne se marie jamais. Vous n’aurez pas mille lecteurs.

La pénitence est douce

Charmant poème déjà publié il y a cinq ans. On ne s’en lasse pas, surtout quand il est dit par André Dussolier. 

temps de lecture : 2 minutes
Morceau choisi

Rosette, agenouillée au confessionnal,
Murmure : « Mon bon père, à vous, je m’en accuse :
J’ai trompé mon mari – Ma fille c’est très mal,
Dit le prêtre… Et… combien de fois ? » Rose, confuse,

Se trouble, balbutie, hésite… enfin répond : Continuer la lecture de La pénitence est douce

Prenez-en de la graine

temps de lecture : 2 minutes
temps de réflexion : 2 heures 

Tous les hommes naissent égaux. Le lendemain, ils ne le sont plus.
Jules Renard

Si l’administration  militaire était bien faite, il n’y aurait pas de soldat inconnu.
Louis Jouvet

La vie est une maladie sexuellement transmissible avec un taux de mortalité de cent pour cent.
Woody Allen

En Auvergne, il y a plus de montées que de descentes.
Alexandre Vialatte

Everything is going to be all right in the end. So, if it is not all right, it is not the end.
The Best Exotic Marigold Hotel

Etre informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, tel est le sort des imbéciles.
Georges Bernanos

L’esprit révolutionnaire est infiniment commode Continuer la lecture de Prenez-en de la graine

L’héritage de Vespasien 

temps de lecture : 2 minutes 

morceau choisi

Titus Flavius Vespasianus
Vespasien

né en 9, mort de maladie en 79
Empereur de 69 à 79.

Après le suicide de Néron en 68 après J.C., Rome vécut ce que l’on a appelé « l’année des quatre empereurs », qui furent successivement Galba, Othon, Vitellius et Vespasien. Quatre empereurs successifs en une seule année, dont trois catastrophiques pour la paix civile : Galba fut dépecé par la soldatesque, Othon se suicida après seulement trois mois de règne et Vitellius fut massacré par la populace.  Arriva enfin au pouvoir Vespasien, qui y resta jusqu’à sa mort en 79.
Vespasien fut un excellent empereur, ramenant la paix civile à Rome et l’ordre dans l’Empire. Mais il ne reste dans nos mémoires que par cet édicule citadin et si pratique, dont on lui attribue l’invention mais qui tend à disparaitre au profit de ces terrifiantes machines à laver que l’on nomme Sanisettes et dont on se demande toujours si elle ne vont pas se déclencher au moment le moins opportun. On peut craindre que le souvenir de ce grand homme d’état ne disparaisse définitivement avec la dernière vespasienne du Boulevard Arago. 

(…) Son ingéniosité n’était jamais à court lorsqu’il s’agissait d’instituer une redevance, une taxe, des droits, un péage. On rapporte qu’il taxa même la collecte de l’urine par les fabricants de laine, qu’ils utilisaient industriellement comme dégraissant. Moyennant, donc, une redevance, l’artisan disposait devant ses ateliers une jarre ébréchée tout exprès, où les passants avaient la faculté de se soulager ou de vider commodément Continuer la lecture de L’héritage de Vespasien 

C’est le mois de Jambier

Pour célébrer dignement ce début d’année, laissez-moi vous offrir une des meilleures scènes de comédie du cinéma français, qui est également une des plus connues avec celle de la cuisine des Tontons Flingueurs. Voici la scène de la charcuterie de Monsieur Jambier, 45 rue Poliveau, Paris 5°. Tourné en 1956 par Claude Autant-Lara, cette scène mémorable de La Traversée de Paris, tirée du roman de Marcel Aymé, réunit trois des plus grands acteurs français dans une performance absolument parfaite. Encore un chef d’œuvre tiré d’un autre chef d’œuvre.

Mais où sont les neiges d’antan ?

 

Paris en guerre

A l’heure du dîner les restaurants étaient pleins ; et si, passant dans la rue, je voyais un pauvre permissionnaire, échappé pour six jours au risque permanent de la mort, et prêt à repartir pour les tranchées, arrêter un instant ses yeux devant les vitrines illuminées, je souffrais comme à l’hôtel de Balbec quand des pêcheurs nous regardaient dîner, mais je souffrais davantage parce que je savais que la misère du soldat est plus grande que celle du pauvre, les réunissant toutes, et plus touchante encore parce qu’elle est plus résignée, plus noble, et que c’est d’un hochement de tête philosophe, sans haine, que, prêt à repartir pour la guerre, il disait en voyant se bousculer les embusqués retenant leurs tables : « On ne dirait pas que c’est la guerre ici. »

Marcel Proust – Le temps retrouvé

Rendez-vous à cinq heures avec deux tigres

La page de 16h47 est ouverte…

Mémoire d’éléphant, Tigre du bengale et Tombeau Hindou


Quelqu’un m’a dit que Lorenzo ne croyait pas qu’hier, je n’avais pas fait le rapprochement entre sa parodie de critique de César et Rosalie au Bengale et Le Tigre du Bengale, le mélo à grand spectacle tourné par Fritz Lang en 1959. 

Non, comme je l’ai dit plus tôt, je ne l’avais pas fait,  ce rapprochement. En fait, je suis beaucoup moins intelligent (ou beaucoup plus bête) que je n’en ai l’air, Est-ce un inconvénient ou un avantage ? Ça dépend des circonstances. 

Par ailleurs, à quoi cela sert-il d’être cinéphile quand on perd la mémoire ? 

En tout cas, pour vous récompenser, je vous donne le lien ci-dessous qui vous permettra de voir une lascive Continuer la lecture de Rendez-vous à cinq heures avec deux tigres

Les personnages de roman mènent-ils leur vie ?

temps de lecture : 3 minutes 

C’est une coquetterie commune à beaucoup d’écrivains de fiction : ils déclarent volontiers qu’au bout de quelques chapitres, les personnages qu’ils ont créés prennent leur indépendance et se mettent à vivre leur vie propre.
Pour un esprit rationaliste comme le mien, c’est bien évidemment une blague et Charles Dantzig, écrivain, le confirme dans son dernier essai « Proust océan » :

« On dit beaucoup que Proust s’est inspiré d’Anatole France pour ce personnage (Bergotte). Inspiration ! Comment s’inspire-t-on d’une personne ? La plonge-t-on dans un grand faitout d’eau bouillante par-dessus lequel, la tête penchée recouverte d’un tissu, on fait une fumigation ? D’une personne on peut s’approprier un petit élément, éventuellement un autre (un geste, une parole, un acte), mais on en picore aussi à d’autres, et au moyen de ces tesselles on entreprend de composer une mosaïque, laquelle reste très fragmentaire.
Le primordial est apporté par l’imagination. Pour commencer, elle est préalable. On a l’idée d’un personnage et de son trait de Continuer la lecture de Les personnages de roman mènent-ils leur vie ?

La petite madeleine

temps de lecture : huit minutes. Mais non, ce n’est pas long, huit minutes ! Et puis, on ne s’en lasse pas. 
Morceau choisi

La petite madeleine

C’est très curieux la madeleine de Proust : tout le monde en a entendu parler, presque tout le monde a une idée de ce qu’elle représente, mais bien peu de monde a véritablement lu ce passage emblématique de la Recherche du temps perdu.

Vous me direz que c’est pareil pour le reste du roman : monumental chef d’œuvre reconnu dans le monde entier, respecté, vénéré, cité, étudié, analysé, interprété, disséqué… mais aussi chef d’œuvre craint, tenu à distance, entamé, rarement achevé, oublié…

Quand vous leur posez la question, comme pour la plupart des classiques, la plupart des gens ne lisent pas la Recherche, ils la relisent. Ne vous y trompez pas : c’est souvent un mensonge. Au mieux, c’est un projet, une vague Continuer la lecture de La petite madeleine