Archives par mot-clé : Philipe

Go West ! (67)

(…) Mais moi, je n’avais pas encore réfléchi à tout ça, je n’avais pas encore assez de recul pour réaliser ces similitudes, je n’en avais pas encore tiré de conclusion de ces points communs. Pour moi, les filles demeuraient un mystère. Alors, une femme…
Mais j’y pense : si vous n’avez connu ni les femmes ni les États-Unis de cette époque, je ne voudrais pas que vous vous en fassiez une fausse idée en généralisant à toute une génération ce que je suis en train de dire de quelques-unes. Il y a eu sûrement, là-bas et à cette époque, des filles qui avaient fait ou qui allaient faire l’amour par sentiment amoureux, mais cet été-là, je n’en ai pas rencontré.

Donc, assis sur mon canapé, j’étais perplexe et longtemps, je suis resté silencieux, à observer le petit pendule osciller, à manger des sandwiches épicés, à boire du vin rouge, fumer des cigarettes blondes. Et puis, avec le temps, le vin, la nourriture, la voix chaude de Nancy, je me suis détendu, j’ai changé de position sur le divan, j’ai quitté le pendule des yeux et j’ai décidé d’accepter les choses telles qu’elles étaient et telles qu’elles se présenteraient. J’ai commencé à répondre à Nancy, à lui faire une ou deux remarques idiotes sur la cuisine, le vin, à lui poser des questions stupides sur sa maison, ses meubles, à faire la conversation. En réalité, je voulais me mettre à son niveau de détachement. Je voulais éviter de la regarder, je voulais lui montrer que j’étais à l’aise parce que tout ça, pour moi, c’était presque de la routine. Mais je n’y arrivai pas et je finis par revenir au pendentif :
— Il est joli, ton bijou, là. Qu’est-ce que c’est ? C’est indien ?
Elle le saisit entre deux doigts et se pencha vers moi pour me le montrer de plus près.
— C’est un Yongosona, une divinité en forme de tortue. Continuer la lecture de Go West ! (67)