Archives par mot-clé : HHH

HHH, NYC, USA (11) – Geronimo Huge

11-Geronimo

Geronimo H. Huge a 48 ans. Il y a juste dix ans qu’il a pris la direction du groupe. Après être sorti de Stanford et avoir échappé de peu au Viêt-Nam, il est parti faire un tour du monde en moto. Rapatrié après un accident grave en Malaisie, il a passé sa convalescence à apprendre le chinois et les mathématiques. Un an et demi plus tard, plus ou moins rétabli, il est entré chez Lehman Brothers qu’il a quitté au bout de quatre ans pour rejoindre le groupe HHH. Geronimo est marié. Il a trois enfants, tous au collège ou à l’université. Sa femme, Iris, est avocate chez Baker et McKenzie. Ils forment un couple très libre et ils s’entendent à merveille. Ils habitent Long Island, dans une immense maison sur Huntington bay où est amarré leur bateau, le « What’s next ? ».

Appuyé des deux mains sur le dossier du fauteuil de Bob Martinoni, G.H. commence :

—Bien… Continuer la lecture de HHH, NYC, USA (11) – Geronimo Huge

HHH, NYC, USA (10) – Ricardo Huelva

10-Ricardo Huelva

<<…ça y est, ça va être mon tour…>>

Ricardo Huelva est né en 1965 à Bauta, un faubourg de La Havane. Jusqu’à l’âge de quinze ans, il a vécu là, entre ses parents et ses deux sœurs cadettes, Maria et Helena. Ce fut une vie plutôt tranquille et joyeuse, vie d’enfant, puis d’adolescent, faite d’école, de catéchisme, de football, de copains, de soleil, de nuits sur la plage, de guitares et de filles, mais aussi de pauvreté. Quelques années avant la révolution, le grand-père de Ricardo avait ouvert un commerce de chaussures. Au début des années cinquante, les affaires avaient plutôt bien marché et le commerçant avait commencé à faire construire une grande maison au bord de la mer pour y loger toute sa famille. Mais les troubles de la révolution avaient arrêté le chantier et l’effondrement de l’économie qui avait suivi l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro avait définitivement ruiné le marchand de chaussures. A partir de ce moment, le grand-père de Ricardo n’avait plus caché ni sa haine envers le Lider Massimo ni son peu de goût Continuer la lecture de HHH, NYC, USA (10) – Ricardo Huelva

HHH, NYC, USA (9) – Christopher Fagan

9-Christopher

<<… il est sacrément impressionnant, Little Bob avec son double mètre …Harry a beau être costaud, je prendrais bien le pari à 2 contre 10 qu’il va se retrouver sur les fesses dans le couloir avant la fin du premier round…>>

Christopher Fagan ne peut s’empêcher de parier sur tous les évènements de la vie : la couleur de la prochaine voiture qu’il croisera, le résultat des élections au Mozambique, le nombre d’échanges pendant de la finale de Wimbledon, les deux derniers chiffres du numéro de série du billet de 10 dollars que vous avez dans la poche, n’importe quoi. Alors, un pugilat au onzième étage de la tour HHH, vous pensez !

Fagan a soixante ans, il est anglais. Son père était major dans les Royal Gurkha Rifles, ce qui explique la naissance de son fils à Birâtnagar, au pied de l’Himalaya. Son major de père ayant pris sa retraite d’officier de Sa Majesté comme permanent au syndicat des dockers de Liverpool, Christopher fût confronté très tôt à la rugosité de la musique rock et des rapports sociaux. Excellent coureur de demi-fond, il obtint une bourse généreuse qui lui permit d’entreprendre de bonnes études en Angleterre et de les achever en Australie. Divers emplois dans le pétrole le menèrent de Malaisie en Irak, d’Irak au Liban, puis en Arabie Saoudite, en Lybie et enfin à Houston, Texas. C’est là qu’il fut débauché par Hector Huge, le père de Geronimo. H.H. avait rencontré Christopher sur un practice de golf à Pompano Beach en Floride. Il l’avait immédiatement appelé Chris. A cette époque, Continuer la lecture de HHH, NYC, USA (9) – Christopher Fagan

HHH, NYC, USA (8) – Bahram Bogatchi

8-Bahram

Malgré l’immensité du territoire, du point de vue du chiffre d’affaires, le Canada est un secteur de moindre importance pour HHH. Cela convient très bien à Bahram Bogatchi qui en est le Sales manager depuis six ans. Bahram ne travaille pas pour gagner sa vie. Il n’en a pas besoin. Il n’en aura jamais besoin. Quand Reza Chah Pahlavi a quitté précipitamment Téhéran en janvier 1979, la famille Bogatchi l’avait précédé dans la fuite deux mois auparavant. Cela lui avait permis de mettre à l’abri la presque totalité de sa fortune en Angleterre et aux USA. Pourtant, c’est à Vancouver, sur la côte Ouest du Canada, qu’elle avait décidé de s’installer parce qu’il y existait déjà une assez forte colonie iranienne. Mais, sur la route de l’exil, Bahram avait choisi de s’arrêter en Angleterre, plus précisément à Oxford. Il avait alors à peine vingt-deux ans. Officiellement, c’était pour y achever les études qu’il avait commencées à l’université de Téhéran. Mais c’était aussi pour préserver son secret en se maintenant éloigné de sa famille. Car Bahram est gay, tendance aussi mal tolérée dans son pays d’origine que dans sa famille. Il avait donc passé trois années heureuses à Oxford, loin des ayatollahs et de ses parents. Il y avait acquis Continuer la lecture de HHH, NYC, USA (8) – Bahram Bogatchi

HHH, NYC, USA (7) – David Cosby

7-David 

David Cosby a trente-deux ans. Il est célibataire. Il est petit et pas très beau garçon. Et il est noir. Mais il dirige le secteur commercial le plus important pour HHH, le NORTH-EAST-USA ; mais c’est sa région qui progresse le mieux depuis trois ans ; mais il a le huitième salaire de la société ; mais il a un succès fou avec les femmes, quelle que soit leur couleur. Il sort du Massachussetts Institute of Technology et de la Goethe Universität Frankfurt. Il conduit un cabriolet Aston Martin tout neuf et il habite un penthouse avec vue sur Rockfeller Park et la rivière Hudson.

Martinoni a bien vu que Cosby l’observait. 

<<…ce petit con de Cosby me regarde avec son air malin…ce sale ambitieux se voit déjà à ma place…il aimerait bien que je me plante, surtout devant Jerry…>>

—Harry, je ne vais quand même pas faire venir la sécurité pour éjecter un vieux camarade comme toi. Alors, puisque tu veux rester, reste. Mais ne dis plus un mot. D’accord ?

—D’accord, Bob, vieux camarade…

Sous ce nouveau sarcasme, Martinoni avale sa salive avec effort et poursuit : Continuer la lecture de HHH, NYC, USA (7) – David Cosby

HHH, NYC, USA (6) – Robert Paulsen

6-Robert

Robert Paulsen a trente-deux ans. Il dirige le secteur commercial MIDWEST-USA. Il est né à Duluth, Minnesota, dans une famille d’origine norvégienne. Il est divorcé, sans enfants et, depuis deux ans, il vit avec une jeune femme noire, Djeyma, vingt et un ans. Elle est originaire d’Haïti, sans papiers et très jolie. Bob mesure 198 centimètres. C’est pour ça, et aussi pour le différencier de Bob Martinoni, qu’on l’appelle ironiquement « Little Bob ». Son secteur marche correctement, mais sans faire vraiment d’étincelles. Tout le monde aime bien Little Bob ; tout le monde déclare qu’il est gentil, en le disant avec cette nuance d’affection qui fait bien comprendre qu’il est effectivement gentil, mais pas très malin. Bob Paulsen est bien content d’avoir cette si bonne situation dans cette société si chaleureuse où tout le monde l’apprécie tant. Pourtant, Bob a un problème : quand il a voulu présenter Djeyma à ses parents, son père, assureur à Duluth, lui a donné à choisir entre sa famille et cette « fille de couleur ». Cela s’est passé il y a presque un an et, depuis, il n’a pas revu ses parents. A chaque réunion, Continuer la lecture de HHH, NYC, USA (6) – Robert Paulsen

HHH, NYC, USA (5) – Richard Dunbar

5-Richard

La région de Richard Dunbar, c’est SOUTH-USA. Richard est d’origine écossaise, mais il est né à Savannah, comme son grand-père, son père et sa mère. Il a cinquante et un ans et il habite Roosevelt Island, entre Manhattan et le Queens. Son grand plaisir le matin pour se rendre à son bureau, c’est de prendre le téléphérique au-dessus de l’East River. Quand il est dans la cabine qui oscille silencieusement dans le soleil, dans la brume ou sous la pluie, il regarde à chaque fois avec la même émotion les façades des immeubles de Manhattan avancer lentement vers lui. Une fois arrivé à la gare de la 2ème Avenue, il salue Khan, le vendeur ambulant de la 59ème, lui achète un café géant dans un gobelet en carton et se rend à pied jusqu’à Madison. Mais il sait qu’il va bientôt devoir quitter son ile, à la fois si calme et si proche de la fièvre du cœur de la ville. Il est en instance de divorce et la procédure est loin d’être amiable. La pension alimentaire qu’il va devoir verser à sa femme, le partage de leurs quelques biens, les frais d’université de leur dernière fille, tout cela ne lui permettra pas de garder son appartement avec vue sur Manhattan par-dessus la rivière. Mais aujourd’hui, les soucis de Dunbar Continuer la lecture de HHH, NYC, USA (5) – Richard Dunbar

HHH, NYC, USA (4) – Harry Weissberg

4-Harry

Harry est responsable de la région WEST-USA. C’est un solide gaillard, ancien quaterback de l’équipe de Vermont University. Il a trente-huit ans, il est divorcé depuis quatre ans et ses enfants vivent avec son ex-femme du coté de Denver, Colorado. C’est un joyeux drille, un bon skieur et un excellent golfeur. Depuis son divorce, il habite une sorte de loft dans un quartier prometteur, Brooklyn, et il passe pratiquement tous ses week-ends au Sebonack Golf Club dans les Hamptons. La région WEST-USA dont il est responsable marche très fort. Cependant, il a manqué les deux dernières réunions bimensuelles, celle de fin juillet et celle de mi-août. Pour la première, il avait expliqué à Bob qu’il avait des rendez-vous importants et prometteurs avec des distributeurs de San Diego et de Portland. Pour la deuxième, le motif invoqué étaient des vacances prévues de longue date avec ses enfants. En réalité, l’ancien footballeur, joyeux célibataire et golfeur recherché essayait de régler son problème d’alcool. Depuis cinq ou six mois, il commençait à être voyant et risquait de devenir gênant, ne serait-ce que dans son travail. Sur les conseils d’une amie du moment, il s’est laissé convaincre de s’inscrire pour un séminaire de désintoxication. La brochure indiquait Continuer la lecture de HHH, NYC, USA (4) – Harry Weissberg

HHH, NYC, USA (3) – Mary Dickinson

3-Mary

Mary Dickinson est responsable depuis deux ans de la région EUROPE-AFRIQUE. C’est une grande et belle femme brune, toujours habillée strictement. Aujourd’hui, elle a choisi un tailleur Chanel noir. Elle a eu trente-quatre ans à Noël. Elle est célibataire et on ne lui connait pas de liaison. Elle a d’ailleurs refusé, et pas toujours aimablement, les avances que lui ont faites à peu près tous les hommes présents dans la salle. Depuis, le bruit court qu’elle est gay. Elle le sait. Au début, elle n’a fait que s’en moquer, et puis, elle s’est aperçue que, tout en lui donnant encore plus d’autorité, ça lui évitait d’avoir à subir de nouvelles avances. Elle ne fait donc rien pour démentir la rumeur. En réalité, il y a un peu moins d’un an, elle a rencontré dans un pub de Londres un restaurateur de Mayfair. Stavros est né à Athènes et il possède le restaurant italien le plus chic de Londres. Il a cinquante et un ans. Elle le retrouve à chaque fois qu’elle peut dans son appartement de Bankside, entre la Tamise et le Shakespeare’s Globe Theater. De temps en temps, Continuer la lecture de HHH, NYC, USA (3) – Mary Dickinson

HHH, NYC, USA (2) – Bob Martinoni

2—Bob

Bob Martinoni a quarante-cinq ans. Il est marié depuis quinze ans à Erlina, la fille unique d’une riche famille, les Gallagher. Lui, d’origine italienne, elle, d’origine irlandaise, tous deux catholiques, ils n’ont pas pu avoir d’enfant. Ils ont tenté sans succès diverses méthodes, puis ils ont envisagé l’adoption, mais ils ont fini par se faire une raison et renoncer. Erlina ne travaille pas. Elle dépense beaucoup d’argent et s’occupe de quelques œuvres. Ils habitent un grand appartement à l’angle de la 68ème et de Central Park Ouest. La vue sur Sheep Meadow est magnifique. Bien sûr, le salaire de Bob, pourtant appréciable, ne lui permettrait pas de s’offrir le standing d’un tel appartement. S’ils y habitent, c’est parce que Alastar Gallagher, le père d’Erlina, est propriétaire de tout l’immeuble. D’ailleurs, le vieux tyran en occupe le dernier étage. Ce n’est pas l’argent qui motive Bob ; il est déjà très bien payé par les Big H’s et il sait qu’inévitablement, dans quelques années, sa femme héritera d’un très gros paquet. Non, ce qui le fait avancer, ce pourquoi il travaille d’arrache-pied à grimper dans la hiérarchie du groupe, c’est qu’il veut faire oublier qu’il n’est pour tout le monde qu’un ex-beau gosse d’italien qui a épousé une riche héritière, c’est qu’il veut obtenir l’estime de sa femme, et un peu de considération de la part de son beau-père.

—Bonjour, commence Bob, <<…bon, va falloir faire gaffe, le grand chef apache est là … tiens ! je vais faire passer Miss Lesbos en premier, ça lui fera les pieds…>> J’espère que vous avez passé un meilleur week-end que moi : j’ai consacré le mien à chercher la blague avec laquelle je commencerai cette réunion…

Quelques rires discrets et polis saluent la plaisanterie rituelle par laquelle doit commencer toute réunion aux Etats Unis.

<<…marrant, je la connaissais pas celle-là…meilleure que d’habitude… je la recaserai au prochain congrès… il devient rigolo, Bob… faudrait que je pense à l’augmenter, mon petit V.P…>>

—Comme d’habitude, cette réunion durera quatre-vingt minutes, pas davantage. Dick, tu voudras bien rédiger le compte-rendu ?

<<…ah, non, merde ! J’aurai jamais le temps. Faut que je prenne le vol de 11 :45 pour Mexico. Fais chier, Bob…>>

—Pas d’objection ? Merci, Dick. Bien, aujourd’hui, poursuit Bob, nous allons commencer avec Mary qui va nous parler de sa région. Mary, tu as quatre minutes entièrement à toi.

La suite, après-demain 7 octobre

ET DEMAIN, LE SENS DE LA FETE, CRITIQUE AISÉE N°102