Archives par mot-clé : Lorenzo dell’Acqua

Les corneilles du septième ciel (3)

temps de lecture : 4 minutes 

(…) Françoise, qui ignorait pourtant les projets littéraires du faux Blonde la concernant, se demandait comment le retrouver dans une ville comme Paris. S’il restait des matinées entières à la terrasse du Surcouf, ce qui était en effet le cas, elle pensa avoir une chance de l’y revoir lors de son prochain séjour. Ce fut sa motivation inavouée quand elle téléphona à Annick pour lui demander la date de leurs retrouvailles.

Chapitre III

Après le départ de son amie, Annick Cottard avait connu une période de grande tristesse dont le vieux monsieur à la terrasse du Surcouf n’était pas le responsable. D’ailleurs, elle ne l’avait même pas remarqué. La raison en était que les journées à Paris lui semblaient interminables. Or, Françoise ne reviendrait qu’aux prochaines vacances si elle n’était pas obligée de rendre visite à ses parents à Joigny. Souffrant d’une affection invalidante mais bénigne, la mère de son amie réclamait Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (3)

Les corneilles du septième ciel (2)

temps de lecture : 3 minutes devraient suffire 

(…) En rentrant chez elle, Françoise passa s’agenouiller à l’église pour demander pardon au Seigneur de son involontaire mésaventure. Elle Lui demanda aussi pourquoi Il n’avait pas mieux fait son travail en affublant les garçons d’un instrument aussi laid.
Voilà ce que Françoise avait raconté à son psychanalyste lors des premières séances. Bien qu’il en ait vu d’autres et de pires, ce dernier préféra ne pas se prononcer sur le nombre de séances à prévoir pour sa guérison.

Chapitre II

A son retour de lune de miel, Françoise s’était précipitée sur le net. Celui qui lui avait tant plu à la terrasse du Surcouf ne pouvait pas être Didier Blonde : il était en effet beaucoup trop vieux. Comme le lui confirma Wikipédia, son écrivain favori n’avait pas encore dépassé la quarantaine. Elle ne cacha pas sa déception au docteur Philippe que ce drame laissa indifférent.

Après le départ des deux amies, l’écrivain déjà quinquagénaire, mais encore sensible aux charmes de la jeunesse, s’était informé auprès du garçon qu’il connaissait depuis plus de vingt ans. Ce dernier lui avait révélé sans la moindre difficulté Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (2)

Les corneilles du septième ciel (1)

temps de lecture : 7 minutes bien tassées

Il y a quelques années, deux, deux et demi peut-être, et pendant quelques mois, le Journal des Coutheillas avait pris l’habitude de lancer des jeux censément littéraires. Cette habitude s’est à présent perdue car l’heure n’est plus aux jeux : il sont faits, rien de va plus.

Pendant cette heureuse période de confinement, le jeu de l’incipit avait connu un certain succès de participation, au point de permettre la construction d’une histoire, celle d’Annick et de Françoise, en quelques chapitres plus ou moins cohérents malgré leurs paternités variées. Au sixième chapitre, Lariegeoise avait habilement et brièvement fermé le ban et tout le monde croyait être débarrassé de cet Oulipo décadent. 

Eh bien non, et voila Lorenzo qui relance le schmilblick à lui tout seul pour un nombre de chapitres indéterminé. Le titre, c’est « LES CORNEILLES DU SEPTIEME CIEL ». Ça promet !
Voici le premier chapitre : 

LES CORNEILLES DU SEPTIEME CIEL

 A Philippe Cyrano de Couteillac
Qui nous sauva de la dépression
Pendant les confinements

 NDLR : Toute ressemblance avec des personnages du JdC pourrait ne pas être fortuite.

 Chapitre I

Ce soir-là, en quittant l’immeuble aussi cossu que les honoraires de son médecin, Françoise Maignan se demanda si elle avait fait le bon choix …

Elle venait de passer à Paris ce qu’elle appelait avec humour sa lune de miel en compagnie d’Annick Cottard rencontrée l’hiver précédent à l’UCPA de Font-Romeu. Malgré son surpoids et ses grosses lunettes en écaille, Annick l’avait conquise par sa gaité et sa dérision qui lui donnaient un charme irrésistible.

Dès son retour à Poitiers, et malgré son idylle récente, une inquiétude croissante Continuer la lecture de Les corneilles du septième ciel (1)

Aux terrasses ensoleillées de sa jeunesse (2/2)

Aux terrasses ensoleillées de sa jeunesse

Par Lorenzo dell’Acqua

Deuxième partie

Quelques mois passèrent et Michèle Laguiole revint à l’agence. Elle s’étonnait des derniers agissements de son héros. D’abord, il partait de plus en plus tôt de leur domicile et y revenait le soir de plus en plus tard. Ce qui avait éveillé à nouveau, non pas ses soupçons (elle avait une confiance absolue, voire aveugle, dans son jeune premier) mais ses inquiétudes, c’était qu’il n’était plus bronzé. Ce détail curieux remettait en cause les conclusions de ma précédente enquête. Elle me révéla sa récente déconvenue. A la suite d’un accident de ski et d’une immobilisation prolongée, André était enfin parvenu à rédiger une dizaine de nouvelles qu’il avait soumises à plusieurs maisons d’Edition. La réponse d’une lectrice de Gallimard l’avait profondément affecté. Sa critique concernait non pas son style, qu’elle jugeait élégant et racé, mais le fond, c’est à dire l’extravagance de ses aventures dans un Paris plus exotique que la jungle africaine. Elle l’avait même qualifié de « Sylvain Tesson du Boul’Mich » ! Il n’en fallait pas tant pour Continuer la lecture de Aux terrasses ensoleillées de sa jeunesse (2/2)

Aux terrasses ensoleillées de sa jeunesse (1/2)

Aux terrasses ensoleillées de sa jeunesse

Par Lorenzo dell’Acqua

à Philippe C.

Avertissement au lecteur : 
toute ressemblance avec des personnages existants
pourrait bien ne pas être fortuite
 

Première partie

À cette époque lointaine où j’attendais encore des jours meilleurs, mes petits boulots me laissaient une grande liberté et beaucoup de temps libre que j’employais à ne rien faire. J’avais été engagé dans une agence de détectives privés, La Hotte, que dirigeait sans grande conviction son propriétaire et unique actionnaire, Charles. C’est sur les quais de la Seine que nous avions fait connaissance un dimanche après midi. Nous en avions tous les deux déploré la saleté croissante. Par le plus grand des hasards, Charles cherchait alors un jeune homme « bien » pour le seconder. En réalité, je le compris assez vite, il avait besoin de n’importe qui pour recevoir les clients pendant ses nombreuses absences.

Un dimanche d’août où j’étais seul au bureau, une femme élégante se présenta à la Hotte. Blonde et gaie, elle était l’épouse d’André Laguiole, un septuagénaire jusque-là sans histoire, d’après elle. Ce nom, Laguiole, me disait quelque chose mais je ne parvenais pas à en retrouver la raison. Depuis plusieurs mois, son mari qu’elle appelait avec tendresse « mon jeune premier » (pourquoi jeune et surtout premier, on ne le sut jamais) avait pris l’habitude de quitter leur domicile dès neuf heures du matin pour se rendre, disait-il, au bureau alors qu’il était à la retraite depuis une dizaine d’années. Une nuit où son chéri rêvait à voix haute, elle l’entendit évoquer les difficultés qu’il rencontrait chaque jour à la rédaction de son journal. Or elle n’en avait jamais vu la moindre ligne. « C’est parce qu’il est écrit à l’encre sympathique », avait-il ironisé. Il profita de l’occasion Continuer la lecture de Aux terrasses ensoleillées de sa jeunesse (1/2)