¿ TAVUSSA ? (21) Apostrophe aux Sondés

Après mille deux cent trente-neuf jours d’apolitisme engagé, après plus de quatre cents textes d’une neutralité remarquable quoique souvent frustrante, après trois années et demi de centrisme-droitier réfréné, la rédaction du Journal des Coutheillas n’en peut plus.

Certes, le JdC s’était permis récemment quelques libertés : dans des textes d’une bienséance légèrement écœurante, la rédaction avait probablement laissé deviner ses opinions sur quelques sujets véniels de politique mineure, tels que le saut dans le vide du Royaume-Uni, la prise de la Maison Blanche par Achille Zavatta ou l’étrange langage du télévangéliste favori des médias.

Ces textes-soupapes étaient devenus indispensables à la santé mentale du Rédacteur en Chef, mais ils ne prétendaient nullement exercer quelque pression que ce soit sur le lecteur du JdC. Ils ne faisaient que constater un état des choses de ce monde à un instant donné.

Mais la saison n’est plus à ces observations pleines d’ironie subtile : nous sommes en danger, en danger imminent, en danger immédiat, et il est temps de s’exprimer plus clairement. Et c’est pourquoi je m’adresse ce matin à cette partie mystérieuse de la population, celle que personne n’a jamais rencontrée, cette catégorie de citoyens et de citoyennes soigneusement sélectionnés, et parfois même chichement rémunérés, bref cet échantillon humain dont on affecte de croire qu’il pense comme nous, et, à cet échantillon, je lui dis :

—Dites ! Les Sondés ! Vous avez vu ce qui se passe ? Vous avez vu dans quelle situation vous nous mettez ? Vous êtes en train de dire à tout le monde que nous serions prêts à choisir entre Mme Le Pen et M. Mélenchon ? Non mais, vous vous rendez compte ? Choisir entre une fan des duettistes Trump&Poutine dans leur numéro explosif et un admirateur du tandem idéologique Castro&Chavez dont les bienfaits qu’ils ont apportés à leurs pays sont dans toutes les mémoires ? Hésiter entre Jeanne d’Arc avec sa France-tour-d’ivoire entourée de murailles infranchissables et Savonarole et ses alliances bolivariennes et exclusives avec tout un ensemble de petits pays sympathiques. Jouer à Pile ou Face pour décider si nous voulons voir revenir le Général Pinochet ou le Parti Communiste ? C’est ça que nous voulons comme choix ?

Eh ! Oh ! Les Sondés ! Ça va pas, non ? Vous ne pourrez faire croire à personne que nous pensons vraiment comme ça. Quoi, pour des raisons de défiance pusillanime envers un homme qui a cru qu’il pouvait faire tout tranquillement ce que, dans sa profession, tout le monde a fait, fait encore et continuera à faire , ou pour des raisons de rancœur mesquine à l’encontre d’un homme qui a considéré que son camp d’origine n’était pas le bon pour gagner, pour ces raisons-là, vous, les Sondés, vous voudriez faire croire que nous, les électeurs, nous serions prêts à ne choisir qu’entre Charybde et Sylla, entre la Peste et le Cholera, entre Régis et Laspales ?

Allons, allons ! Reprenez-vous, les Sondés ! Appelez votre Institut, dites-lui que c’était une erreur, que vous n’aviez pas compris la question, que vous vous étiez trompés de case, ou que vous étiez de mauvaise humeur mais que maintenant ça va mieux et changez votre vote. Votez Fillon, votez Macron et même, pourquoi pas, pour rigoler, votez Hamon, votez pour n’importe qui (non, pas pour Poutou tout de même), mais surtout, oubliez Le Pen et Mélenchon ! D’accord ?

Sacrés Sondés, va ! Vous m’avez fait presque peur !

Une réflexion sur « ¿ TAVUSSA ? (21) Apostrophe aux Sondés »

  1. J’en ai marre des sondages, des sondeurs et des commentateurs des sondages qui vivent de ça. J’en ai marre d’être martyrisé par ces manipulateurs comme par les culpabilisateurs d’ailleurs. Foutez-moi la paix. Je vais foutre le camp à Tahiti, voir si les Tahitiennes sont aussi belles que le pensait Gauguin.

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