L’homme au mois d’août

Morceau choisi

A l’entrée d’une chronique consacrée à Georges Simenon, Alexandre Vialatte écrivait ceci (à déguster lentement, les yeux fermés, si possible ; si, si, c’est possible, il n’y a qu’à vous le faire lire par un ou une amie) :

L’homme, au mois d’août, s’évade de ses logements cubiques pour retrouver à la campagne les maisons inconfortables du bonheur. Un vieux lilas pousse dans le jardin, une guêpe bourdonne autour des roses, le vin rafraîchit à la cave, on s’assomme contre une poutre en montant au grenier. En revanche, on y trouve un Montesquieu complet, un Balzac en quarante volumes, trente ans de l’Illustration ou de la Revue des Deux Mondes, des livres de prix à tranches d’or aux pages tachées de mouillures jaunâtres dont l’odeur fait partie de l’histoire (l’histoire ne serait pas la même si le livre avait une autre odeur).

Une réflexion sur « L’homme au mois d’août »

  1. Évidemment, la mélodie de la langue française bien maniée dans l’oreille a quelque chose d’agréable, d’érotique même…
    Mais le fond, enfin la signification que mon cerveau et mon cœur ont projetée sur ces mots m’est doublement tristounette…
    D’abord, en tant qu’amoureux des livres (et de leurs auteur-e-s) je déplore que Montesquieu soit relégué au grenier où l’on se cogne la tête sur les poutres, alors que la vie active en ville nous condamne aux petits cris d’orgasme simulés sur tweets ou autres médias faussement intimes… à 140 mauvais caractères!
    Ensuite, ce texte, comme les stimuli de Pavlov me renvoie au ‘nettoyage’ que j’ai dû faire, il y a trois ans, du grenier et de tout le reste de la maison de ma sœur à Pont Au Trou, en Normandie, juste à côté de l’abbaye de Houellebcq est loin.
    Entre autres maladies de riches, ma sœur souffrait du syndrome de Diogène.
    Il n’y avait pas trente ans de Revues des Deux Mondes mais quarante ans de Plaisirs de France… tous gravement tachés… et très malodorants…
    Il m’a donc fallu recycler… les larmes aux yeux pendant plus de trois mois…
    Certes j’ai pu emporter quelques meubles et livres grâce aux déménageurs Gros pi Ronds de Pont au Trou Normand à Carignan (Régiment des filles du roi qui m’attirèrent au Québec!)
    Surplus de tristesse, J’ai ainsi découvert que ma sœur et moi, qui ne nous parlions pas, faisions des choix de lectures semblables… De beaux sujets de conversations…

    Comme quoi, Mon Cher Philippe, ce qui est beau pour l’un peut être très triste pour l’autre… Le sens d’un texte dépend des pérégrinations très personnelles de son lecteur!

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